vendredi, avril 27, 2007

Diviser et conquérir, le jeu dangereux de l'administration US

L'administration Bush tente d'instrumentaliser les différences entre chiites et sunnites pour assurer le succès de sa politique de domination au Moyen Orient. Conn Hallinan, pour Foreign Policy in Focus, nous rappelle combien il est dangereux d'ouvrir cette Boite de Pandore.

Chiites versus Sunnites ?

Conn Hallinan, Foreign Policy In Focus, 19 Avril 2007

En l'an 1609 s'est produit un terrible évènement : non pas terrible au sens où les grandes guerres le sont, mais parce qu'il est terrible d'ouvrir la Boite de Pandore. Le roi Jacques premier d'Angleterre avait alors découvert que diviser les peuples selon des critères religieux fonctionnait à merveille, et a ainsi condamné les irlandais à quatre siècles marqués par le sang et les souffrances.
Si l'administration Bush réussit dans ses efforts actuels de diviser l'Islam en dressant les chiites contre les Sunnites, il revitalisera la vieille tactique coloniale consistant à « diviser et conquérir », et maintiendra le Moyen-Orient sous la domination des élites autoritaires alliées aux États-Unis et à l'industrie internationale de l'énergie.
Son instrument, selon le New York Times, est « une alliance soutenue par l'Amérique » de plusieurs régimes sunnites, comprenant l'Arabie Saoudite, la Jordanie, le Liban, et l'Egypte, « avec une Palestine menée par le Fatah et Israël. » Le front anti-chiite inclura également probablement la Turquie et le Pakistan.
L'Iran et au-delà
La cible n'est pas simplement l'Iran, mais le « le croissant chiite, » un terme que l'on doit au Roi Abdallah de Jordanie. Ce « croissant » inclut l'Iran, le Hezbollah du Liban, et le régime alaouite de Bashar Al-Assad en Syrie. Les alaouites sont d'origine chiite. Le gouvernement dominé par les chiites en Irak en est généralement exclu en raison de son alliance avec les forces d'occupation menées par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Soudainement, ont a vu apparaître dans les journaux officiels de la région des formules comme « la marée orientale » et « la menace perse », bien que l'Arabe moyen ne regarde pas l'Iran comme une menace. Un sondage international récemment mené par Zogby en Egypte, Jordanie, Maroc, Arabie Saoudite, Liban, et Emirats Arabes Unis (EAU) a constaté qu'approximativement 80% des sondés considèrent les Etats-Unis et Israel comme les plus grandes menaces à leur sécurité, alors que seulement 11% citaient l'Iran. De plus, ils sont moins de 25% à penser que l'Iran devrait être contraint à mettre un terme à son programme nucléaire, alors que 61% pensent que l'Iran a droit à ce programme même si cela devait avoir comme conséquence l'acquisition d'armes nucléaires.
De fait, l'opposition de l'Iran contre les Etats-Unis et son soutien aux Palestiniens est très populaire dans la région.
Omayma Abdel-Latif, coordonnateur du Carnegie Middle East Center, écrit dans Al-Ahram Weekly que « le consensus tant dans les cercles sunnites que chiites semble être que les tentatives de renforcer les rivalités sunnito-chiites sont destinées a détourner l'attention de l'occupation américaine de l'Irak et de l'agression permanente d'israél. L'idée que les États-Unis oeuvrent pour alimenter de telles tensions est presque une profession de foi pour les musulmans des deux côtés. Par leur tentative de créer une alliance anti-iranienne, indiquent-ils, les États-Unis recourent à une stratégie qui à réveiller le spectre du sectarisme à travers le monde musulman. »
La vraie cible des Etats-Unis est peut-être beaucoup plus vaste que le simple croissant chiite. « L'objectif ultime des Etats-Unis serait-il d'affaiblir l'Islam de l'intérieur, » s'interroge l'auteur libanais Jihad Azine dans An-Nahar, « et de détourner l'attention sur les chiites afin que les intérêts des Etats-Unis ne soient plus visés ? »
Le pétrole est une préoccupation majeure pour les Etats-Unis. Tandis que la production de pétrole aux Etats-Unis, au Mexique, et en Mer du Nord diminue, il est prévu que la consommation des États-Unis augmente d'un tiers dans les 20 ans à venir. D'ici 2020, deux-tiers de l'ensemble du pétrole des États-Unis sera importé, et du fait que 65% des réserves mondiales du pétrole se trouvent au Moyen-Orient, nul besoin d'être un théoricien de la conspiration pour conclure qu'une stratégie du « diviser et conquérir » a pour objectif de garder le contrôle stratégique de ces ressources.
Maintenir les tensions au Moyen-Orient est également énormément lucratif pour les compagnies d'armes des États-Unis. Depuis 2006, les EAU, l'Arabie Saoudite, le Kowéit, et Oman ont dépensé -ou dépenseront au cours de l'année suivante- plus de $60 milliards en achats d'armements.
Retour de bâton
Durant sa campagne visant à « diviser et conquérir », selon le journaliste Seymour Hersh, l'administration Bush a fini par soutenir « des groupes extrémistes sunnites qui embrassent une vision militante de l'Islam et sont hostiles à l'Amérique et bien disposés par rapport à Al Qaeda. » Hersh cite Martin Indyk, un ancien ambassadeur des États-Unis en Israël, qui a déclaré que « le Moyen-Orient se dirige vers une grave guerre froide sunnito-chiite. La Maison Blanche ne joue pas à quitte ou double seulement en Irak, mais également dans toute la région. Cela pourrait s'avérer très compliqué. »
Le « retour du bâton » s'est déjà produit. Comme l'ambassadeur de l'Iran aux Nations Unies l'a écrit au New York Times : « qui ne se rappelle pas que pour contenir le prétendu « croissant chiite » après la révolution [iranienne] de 1979, l'extrémisme du mouvement fondamentaliste Salafiste a été nourri par l'Occident -avec pour seul résultat celui de voir ce mouvement s'identifier à Al-Qaeda et aux Talibans ? Pourquoi la même politique dans la même région devrait-elle mener à des résultats différents aujourd'hui ? »
Alors que les chiites sont souvent représentés comme une entité unique, il existe en fait d'énormes différences parmi les communautés chiites. Ils représentent une majorité en Iran, mais les Perses sont ethniquement différents des Arabes. Les chiites constituent la majorité de la population musulmane au Liban, mais le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah a critiqué de manière acerbe le gouvernement chiite irakien pour sa complaisance envers l'occupation américaine.
De toute façon, les chiites ne représentent que 12-15% du monde musulman et, en dehors de l'Iran et de l'Irak, ils ne constituent une majorité qu'au Yémen. Traditionnellement ils « sont sous-représentés, » selon Jon Alterman du Center for Strategic and International Studies. « Socialement et économiquement, les communautés chiites sont plus marginalisées, moins instruites, et plus pauvres. »
Le fait que les communautés chiites -particulièrement au Liban et en Irak, mais également en Arabie Saoudite - soient soudainement sur le devant de la scène, a moins à voir avec une quelconque conspiration conduite par l'Iran qu'avec le rejet croissant du traditionnel statut de deuxième-classe de cette communauté au Moyen-Orient. Les « divisions » sont politiques et économiques, et non pas confessionnelles, dit Abdel-Latif.
Bien que les divisions entre sunnites et chiites aient débuté peu de temps après que le Prophète Mohamad soit mort en 632, celles-ci sont souvent exagérées. Comme le précise Fred Halliday, un expert au London School of Economics Middle East, les différences « sont minimes, bien moindres que celles qui existent entre catholiques et protestants dans le christianisme, » et le conflit qui existe entre eux est « un développement essentiellement récent, un produit de la crise politique du Moyen-Orient au cours des dernières décennies. » Par exemple, chiites et sunnites se marient entre eux et partagent les mêmes lieux saints depuis des siècles.
Halliday argue du fait que les guerres au Cachemire et en Afghanistan ont encouragé les divisions parce que des groupes militants sunnites étaient au coeur de la résistance. Les vraies divisions peuvent être minimes, mais le conflit religieux a toujours été le substitut de quelque chose d'autre. En Irlande il a divisé les autochtones irlandais des colons protestants et a maintenu chacun sous la menace de l'autre. En Egypte, les Anglais ont manipulé les Coptes contre les musulmans, les chrétiens grecs contre les turcs musulmans à Chypre.
Comme les irlandais l'ont constaté à leurs dépens, les petites différences, si elles sont reliées à de grands intérêts politiques, peuvent transformer des questions de théologie ésotériques en question de vie et de mort. « Ces feux, une fois allumés, peuvent détruire des formes de coexistence qui ont existé pendant des siècles, » précise Halliday.
Et personne ne peut savoir jusqu'où ces feux s'étendront et qui ils brûleront.
Sur le même thème, lire :
Edward N. Luttwak : diviser pour régner
où le penseur néoconservateur théorise cette politique.
Article original en anglais. Version française et traduction: Contre Info Traduction Karim Loubnani pour Contre Info.
Le 25 avril 2007 Articles de Conn Hallinan publiés par Mondialisation.ca

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jeudi, avril 26, 2007

Urgence pour les enfants irakiens

© Unicef HQ03-0515 Shehzad Noorani
Distribution d'eau dans un quartier de Bassora.
Publié le 26 avril 2007 / Unicef

En raison de l'insécurité grandissante pour les enfants irakiens et leurs familles, l'Unicef appelle à augmenter le soutien aux plus vulnérables qui sont de plus en plus menacés par la malnutrition et la maladie.
Les conditions de vie des enfants étaient fragiles mais stables il y a encore un an. La violence actuelle en empêche beaucoup d'aller à l'école. L'accès à l'eau potable et aux autres services sociaux de base se réduit à cause de l'insécurité, des mouvements de population, de la perte de personnel qualifié et de l'affaiblissement des infrastructures.
Ces facteurs combinés entraînent une situation de malnutrition infantile. De plus, le risque d'une flambée épidémique grandit chaque jour : les taux de vaccination chutent à mesure que l'insécurité grimpe, l'accès à l'eau potable atteint un seuil critique et l'apparition de cas de diarrhées pendant les mois d'été est un danger réel.
2 millions de déplacés, 2 millions de réfugiés
Pour échapper à cette situation, des centaines de milliers de familles ont fui en Syrie et en Jordanie et les demandes croissantes auprès des services locaux de santé et d'éducation de ces pays pèsent un poids considérable. En tout, deux millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, cherchent refuge dans les quelques pays voisins de l'Irak.
Le 18 avril 2007, Dan Toole, le directeur des programmes d'urgence de l'Unicef s'est exprimé devant les gouvernements donateurs réunis à Genève lors d'une conférence du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) sur les besoins des réfugiés et des déplacés irakiens. « La situation s'est détériorée pour tous les enfants d'Irak, a-t-il dit, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. Aujourd'hui près de deux millions de personnes ont fui leur foyer en Irak et sont déplacées à l'intérieur du pays ». L'Unicef et ses partenaires locaux continuent à travailler en Irak, en fournissant de l'eau potable et des services de santé et de nutrition, et ce en dépit des risques quotidiens encourus par le personnel. Pour les prochains mois, l'Unicef a alloué 2 millions de dollars (1,47 millions d'euros) de son fonds d'urgence pour l'Irak et 700 000 dollars (515 000 euros) pour les réfugiés en Syrie. Sans un soutien accru du gouvernement irakien et de la communauté internationale, les besoins vont dépasser les ressources actuellement disponibles. L'Unicef a besoin de 20 millions de dollars pour l'aide la plus urgente en Irak et seulement 11% ont été reçus à ce jour.
« Il faut augmenter l'aide dès maintenant », a insisté Dan Toole, en ajoutant que la sécurité doit être restaurée pour que les efforts humanitaires portent leurs fruits. « Nous ne pouvons pas assurer des services de santé si les femmes ont peur d'emmener leurs enfants dans les cliniques ; nous ne pouvons pas espérer que les écoles soient pleines si les familles ont peur d'y envoyer leurs enfants ; et nous ne pouvons pas espérer améliorer la santé et la nutrition si les civils risquent leur vie en faisant simplement leurs courses ».
Notes les plus récentes
Irak. «Aveux» télévisés, ...AMNESTY INTERNATIONAL COMMUNIQUÉ DE PRESSEIndex AI : MDE 14/020/2007 (Public)Bulletin n° : 068ÉFAI20 avril 2007Embargo : 20 avril 2007 00h01 TU ...
Urgence silencieuse en Ce...© Unicef République Centrafricaine 2007"Espace scolaire mis en place par les communautés déplacées. Publié le 12 avril 2007 / UnicefL'Unicef ...
Je suis riche ! Je suis riche de joies, Je suis riche de peines, Je suis riche de musiques, D'amours et de haines, Je suis ...
République Démocratique d... Human Rights Watch (Bruxelles, 19 avril 2007) – Le gouvernement congolais doit immédiatement empêcher les anciens seigneurs de guerre rebelles, qui servent ...
SOUDAN - DARFOUR : Interv... De mauvaises réponses à de bonnes Trujillo, responsable adjoint des programmes de MSF dans l'ouest Darfour, revient d'une visite de ...
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mardi, avril 24, 2007

La peine de mort en Irak: injuste et inéquitable

La corde d'un gibet à Bagdad (Irak).©AP GraphicsBank


Sous le gouvernement de Saddam Hussein, la peine capitale punissait un grand nombre d'infractions et les condamnations à mort étaient fréquentes. Après l'invasion de l'Irak par les États-Unis, elle a été suspendue en juin 2003, mais rétablie par le gouvernement intérimaire irakien en août 2004. L'Union européenne, les Nations unies et les organisations internationales de défense des droits humains, dont Amnesty International, se sont opposées à cette décision.
Depuis, plus de 270 personnes ont été condamnées à mort et des informations ont fait état d'au moins 100 exécutions. Si aucune exécution n'a été signalée en 2004, au moins trois hommes ont été exécutés en 2005.
Le nombre d'exécutions a rapidement augmenté en 2006: au moins 65 personnes, dont au moins deux femmes, auraient été exécutées par pendaison durant l'année. Ce chiffre place l'Irak parmi les pays qui présentent le plus grand nombre d'exécutions recensées en 2006. Seuls la Chine, l'Iran et le Pakistan ont des chiffres supérieurs. Amnesty International est opposée en toutes circonstances à la peine de mort, qui constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu'une violation du droit à la vie. Dans son nouveau rapport, Unjust and unfair: The death penalty in Iraq, Amnesty International demande au gouvernement irakien:
de décréter immédiatement un moratoire sur les exécutions;
de commuer toutes les condamnations à mort prononcées;
de prendre des mesures en vue d'abolir la peine de mort, et de respecter les normes internationales qui limitent le champ d'application de la peine capitale, en attendant son abolition;
de veiller à ce que les normes relatives à l'équité des procès soient respectées scrupuleusement dans tous les cas.
Pour en savoir plus, consultez le communiqué de presse du 20 avril 2007 intitulé Irak. «Aveux» télévisés, actes de torture et procès inéquitables en toile de fond des exécutions perpétrées dans ce pays, quatrième dans le monde en termes d'application de la peine capitale
24.4.07 14:57

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lundi, avril 23, 2007

Le triste sort des prisonniers


Ministère palestinien des prisonniers et anciens détenus
23.04.07
Nous reproduisons ici le rapport du ministère palestinien des prisonniers et anciens détenus, qui affirme que le nombre de prisonniers malades est en augmentation constante : plus de 1000 prisonniers sont menacés d'une mort lente du fait de la négligence médicale intentionnelle et programmée des autorités carcérales israéliennes.
La plupart des prisonniers font face à la dégradation de leur situation de santé, à cause des conditions de détention et d'interrogatoire : des cellules surpeuplées et inadaptées, des mauvais traitements et des tortures, un surmenage nerveux et psychologique. Ce sont les facteurs qui aggravent l'état de santé des détenus, sans parler de la nourriture et du manque de produits d'entretien pour désinfecter les cellules.

Les violations des droits à la santé des prisonniers
Selon le ministère palestinien, ces violations prennent des formes différentes :
- La négligence médicale répétée et le retard de traitement des malades, le retard des interventions chirurgicales, à moins de la protestation collective des prisonniers détenus dans la même cellule ou section du malade. - Les malades ne sont pas soignés en fonction de leurs maladies. Le médecin des prisons traite toutes les maladies par un cachet d'acamol et un verre d'eau. - L'absence de médecins spécialisés pour visiter les malades. - Les infirmeries dans les prisons ne fonctionnent pas jour et nuit pour traiter les urgences. - Absence de psychologues pouvant soigner les divers cas de troubles. - Absence des appareils médicaux pour aider ceux qui ont besoin d'appareillage spécial (membres amputés) ou de verres correcteurs pour la vue, des appareils respiratoires. - Les prisonniers malades ne reçoivent pas une alimentation appropriée en fonction de leurs maladies. Au contraire, même, les prisonniers sont souvent nourris avec des aliments avariés provoquant des empoisonnements collectifs.
- Les prisonniers malades ne sont pas isolés lorsqu'ils sont atteints de maladies qui se propagent aux autres. - Les prisonniers atteints de certaines maladies psychologiques critiques ne sont pas séparés des autres, mettant parfois la vie des autres prisonniers en danger. - Les malades sont transférés dans les hôpitaux les mains et les pieds liés dans des camions ordinaires, et non dans des ambulances appropriées. - Certains malades chroniques sont privés de leurs médicaments, en signe de châtiment. - Les prisonniers malades sont consultés visuellement par le médecin qui ne les touche même pas.
- Les prisonniers malades sont battus et agressés au gaz comme les autres prisonniers. - Les prisonniers souffrent du manque d'air frais et de l'humidité dans les cellules ainsi que de la surpopulation des cellules. - Les mesures punitives prises par les autorités carcérales envers les prisonniers détériorent l'état de santé : les prisonniers sont privés de visites, ils sont mis dans des cellules individuelles, obligés d'ôter leurs vêtements. - L'hôpital de la prison de Ramleh, le seul hôpital vers lequel sont transférés les prisonniers malades ou blessés, est dépourvu des nécessités médicales. Le traitement des prisonniers dans cet hôpital ne diffère pas beaucoup de celui dans les prisons. - Les prisonnières ne sont pas suivies par un médecin femme spécialisée. Plusieurs prisonnières sont enceintes lorsqu'elles sont arrêtées et leur état nécessite des soins particuliers.
- Les prisonnières enceintes sont obligées d'accoucher les mains liées. C'est le cas de Mirvet Taha, qui a accouché de Wa'el, mais aussi de Manal Ghanim, qui a accouché de Nour, de Khawla Zitawi, qui a accouché de sa fille Ghada, qui a maintenant 7 mois, et de Samar Sbayh, qui a accouché de Barrâ'. - Les médicaments administrés sont souvent en dépassement de leur date de validité, comme ce qui a eu lieu avec le dr. Aziz Dweik, Président du Conseil législatif, dont l'état s'est détérioré après avoir pris des médicaments. - Les instructeurs utilisent des méthodes sauvages pour interroger le prisonnier malade, en faisant pression sur lui et exerçant du chantage s'il ne fait pas des aveux. Plusieurs prisonniers malades ont subi ce genre de chantages, le dernier étant Rabî' Harb.
- Les maladies sont fréquentes dans les prisons israéliennes. Parmi les maladies répandues, nous trouvons le cancer, l'insuffisance rénale, les problèmes cardiaques, le mal de dos, la tension sanguine, le diabète, le rhumatisme, la faiblesse de vue, les maladies de l'estomac, la paralysie, les maladies sanguines et osseuses, les maladies des yeux, des poumons, de l'appareil digestif, reproductif, et les maladies de peau.
- Selon les statistiques du ministère, plus de 150 prisonniers sont des malades chroniques avancés. Les conditions de détention et des interrogatoires n'ont fait qu'empirer leur état.
Les prisonniers victimes de la négligence médicale :
Plusieurs martyrs sont tombés à cause de la négligence médicale dans les prisons de l'occupation.
1 - Walid Muhammad 'Issa Amrou, 24 ans, de Doura / Al-Khalil, décédé le 19 février 2003 dans la prison de Nafha, atteint d'une crise pulmonaire. Il n'a pas été soigné. 2 - Bashir Uways, 27 ans, du camp de Balata, Naplouse. Décédé le 16 septembre 2004, dans la prison de Meggido. Il fut atteint d'un crise au cerveau, l'administration pénitentiaire a refusé de le soigner autrement que par des piqures anesthésiques. 3 - Hassan Abdel Salam Jawabira, 21 ans, du camp al-Arroub, dans la région d'al-Khalil, décédé le 28 mai 2005, dans la prison de Meggido. Il souffrait de maladie nerveuse suite aux interrogatoires subis et aux coups administrés par les instructeurs. 4 - Anas Kâmil Mustafa Musalima, 18 ans, de Doura, al-Khalil, décédé le 9/3/2003, dans la prison de Ascalan, des suites des blessures qui n'ont pas été soignées. 5 - Muhammad Hassan Abu Hawdan, 65 ans, de Shaafat, al-Quds, décédé le 4/11/2004 à l'hôpital de Ramleh, alors qu'il passait sa 19ème année en prison, tout en ayant des problèmes cardiaques. 6 - Fawaz Saïd Hassan, 27 ans, de Tulkarm, décédé le 16/9/2004, dans la prison de Meggido, après avoir subi une crise cardiaque aigüe, alors qu'il souffrait de maladie cardiaque. 7 - Abdel Fattah Yousef Raddad, 25 ans, de Tulkarm, dans l'hôpital de Ramleh suite à ses blessures pendant son interrogatoire 8 - Rassim Sulayman Ghunaymat, 27 ans, de Ramallah, décédé le 27/1/2005, lors de l'incendie dans la prison de Meggido (la tente où il se trouvait pris feu et les secours mirent du temps à arriver). 9 - Ali Muhammad Tawfiq Abu Rabb, 20 ans, de Jénine, décédé le 10/6/2005, dans la prison de Roshbina, suite aux tortures subies. Il fut trouvé pendu dans sa cellule, et les traces de coups à la tête étaient visibles. 10 - Bashar Arif Bani Awda, 27 ans, de Tamoun/ Toubas, décédé le 23/6/2005, des suites d'une crise cardiaque alors qu'il se trouvait dans la prison de Gilboa. 11- Jamal Sarahîn, 37 ans, de la ville d'al-Khalil, décédé le 16/1/2007, après que l'administration pénitentiaire eut refusé son transfert à l'hôpital pour y être soigné.
Nouvelles des prisonniers : arrestations, condamnations, traitements
Arrestations : plus de 30 Palestiniens ont été arrêtés dans la ville de Naplouse après la dernière invasion, parmi eux Sheikh Maher Kharraz et trois de ses enfants. 70 Palestiniens appartenant aux divers services sécuritaires ont été kidnappés à Ramallah le 7 mars 2007. Le même jour, six Palestiniens, âgés entre 18 et 36 ans, ont été arrêtés dans le village de Jayyous, au nord-est de Qalqylia. La jeune Ruba Tlayeb, de la région de Salfit, a été arrêtée. Etudiante à l'université d'al-Najah, elle a 19 ans.
Libérations : l'ingénieur Mazen Malsa, qui vient de passer six ans an prison, en isolement, a été libéré le 4 mars dernier. Après son arrestation, le 4/6/2001, il avait subi un interrogatoire très poussé et violent, avant d'être mis en isolement. Le prisonnier Abdel Naser Harb Abu Umra, 25 ans, de la province d'Ariha, a été libéré après avoir passé deux mois de prison à Ascalan. Le nombre de prisonniers de la province de Ascalan est de 85, plusieurs sont condamnés à la perpétuité. La prisonnière Samah Khalil Ahmad Ali Abdallah, 18 ans, du camp de Askar, à Naplouse, a été libérée après avoir passé deux ans et demi en prison, à Telmond. Elle avait été arrêtée dans sa maison, le 5/10/2004, accusée d'aider les membres recherchés du Fateh. La prisonnière Manal Ghanim, de Tulkarm, mère du prisonnier Nour, né en prison et séparé d'elle lorsqu'il a atteint deux ans, a été libérée le 8 avril. Elle a été accueillie par sa famille et les nombreux citoyens, les représentants de la muncipalité de Tulkarm et du ministère palestinien, ainsi que les journalistes.
Aidez la famille de la prisonnière Latifa Muhammad Abu Draa
Mère de sept enfants, la prisonnière Latifa Abu Draa de Naplouse s'inquiète pour sa famille. Depuis plusieurs mois, à cause de l'étau meurtrier imposé par Israël, les Etats-Unis et les Etats européens, ses ressources personnelles ne suffisent plus à prendre en charge sa famille. Latifa a été condamnée à 25 ans de prison par l'occupation.
Mise en isolement
Le prisonnier Isma'îl al-Jammal, du camp Balata, Naplouse, a été mis en isolement dans la prison de Shatta, malgré son état de santé qui nécessite une intervention chirurgicale, selon le médecin de la prison. Isma'îl a été arrêté il y a quatre ans et condamné à 10 ans de prison. Il a été blessé au cours de son arrestation mais n'a pas été soigné. Depuis le décès de son père, il y a un an, qui seul pouvait le visiter, aucun membre de sa famille n'a pu le faire.
Les familles d'un prisonniers malades lancent un appel aux institutions humanitaires
La famille du prisonnier Zakaria Sami Subh, 27 ans, du village al-Khadr, en Cisjordanie, a lancé un appel aux institutions humanitaires, leur demandant de faire pression et de réclamer la libération de leur enfant. Arrêté depuis le 19/6/2002, Zakaria avait été touché par balle au visage, occasionnant de lourdes conséquences sur la bouche, le nez et les mâchoires. Malgré son état, l'administration israélienne ne fait aucun effort pour le faire soigner convenablement. La famille fait porter la responsabilité entière à toute dégradation de son état à l'occupation. Zakaria se trouve actuellement dans la prison du Naqab et ses co-détenus ont lancé un appel alarmant sur la détérioration rapide de son état.
C'est le même appel lancé par la famille du détenu Talal Mustafa Abu Layl, 33 ans, du camp de Balata, qui avait été blessé d'une dizaine de balles au corps lors de son arrestation. La direction de la prison de Petah Tikva refuse de lui administrer des soins ou de le transférer à l'hôpital, tout comme elle a refusé sa visite par son avocat Muhammad al-Halabi. Le prisonnier fait partie d'une famille dont quatre frères sont tombés en martyrs, un frère est recherché par les appareils sécuritaires de l'occupation et deux frères sont prisonniers.
Dernière minute : La famille du prisonnier Sheikh Jamal Abdel Salam Abul Hayga', 50 ans, du camp de Jénine, a dévoilé que les autorités de l'occupation ont dirigé des rayons laser sur le prisonnier, dans sa cellule d'isolement, où il se trouve depuis trois ans, dans la prison de Beer Saba'. Sheikh Jamal souffre déjà de plusieurs maux, et a la main amputée. La famille d'Abul Hayga' lance un appel aux organisations internationales leur demandant d'intervenir auprès des autorités de l'occupation afin de mettre un terme aux mauvais traitements et à la torture des prisonniers. Depuis 2002, le prisonnier est interdit de visite. Les trois enfants de sheikh Jamal sont en prison, en détention administrative.

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