samedi, mars 31, 2007

L’Iran doit se tenir prêt à contrer une attaque nucléaire

Pour le général Leonid Ivashov, ancien chef d’état-major interarmes de la Fédération de Russie, il ne fait aucun doute que l’administration Bush planifie des frappes nucléaires contre l’Iran et que le Pentagone sera en mesure de les effectuer dans les prochaines semaines. Il ne fait pas de doute non plus que les États-Unis n’en seront pas dissuadés par les autres puissances nucléaires et qu’ils ne devront essuyer qu’une riposte conventionnelle. La seule inconnue réside dans l’approbation de ce projet ou dans l’opposition du Congrès des États-Unis.

YABASTA /31-03-2007 / BASTA / 31.3.07 23:57

Dans l’ensemble des informations en provenance du Moyen-Orient, on trouve un nombre croissant d’écrits affirmant que d’ici à quelques mois les États-Unis mèneront des frappes nucléaires contre l’Iran. À titre d’exemple le Kuwaiti Arab Times, citant des sources bien informées mais anonymes, rapporte que les États-Unis projettent de lancer une attaque à l’aide de missiles et de bombes sur le territoire iranien avant la fin du mois d’avril 2007. La campagne débutera depuis la mer et sera appuyée par le système de défense anti-missile Patriot de manière à épargner aux troupes états-uniennes une opération terrestre et réduire l’efficacité d’une riposte en provenance de « n’importe quel pays du Golfe persique ».
« N’importe quel pays » fait essentiellement référence à l’Iran. La source ayant communiqué l’information au journal koweïtien croit que les forces états-uniennes en Irak ainsi que les autres pays de la région seront protégés de toute frappe de missile iranien par les Patriot aux frontières.
Ainsi, les préparatifs d’une nouvelle agression états-unienne ont atteint leur phase de finalisation [1]. Les exécutions de Saddam Hussein et ses associés les plus proches constituaient une partie de ces préparatifs. Leur but était de servir d’ « opération déguisée » pour les efforts des stratèges états-uniens visant à envenimer délibérément la situation à la fois en Iran et dans tout le Moyen-Orient.
Évaluant les conséquences du geste, les États-Unis ont effectivement ordonné la pendaison de l’ancien dirigeant irakien et de ses associés. Cela démontre que les États-Unis ont irréversiblement adopté le plan de partition de l’Irak en trois pseudo-États : chiite, sunnite et kurde. Washington considère qu’une situation de chaos contrôlé l’aidera à dominer l’approvisionnement en pétrole du Golfe persique ainsi que d’autres voies de transport de pétrole stratégiquement importantes.
L’aspect de plus important de la question est qu’une zone de conflit sanglant sans fin sera créée au cœur du Moyen-Orient, dans laquelle les pays voisins de l’Irak, à savoir l’Iran, la Syrie et la Turquie (via le Kurdistan) seront inévitablement aspirés. Cela résoudra le problème de la complète déstabilisation de la région, une tâche de prime importance pour les États-Unis et particulièrement Israël. La guerre en Irak n’était qu’un pas dans une série d’étapes du processus de déstabilisation régionale. Ce n’était qu’une phase du processus les rapprochant d’un règlement de comptes avec l’Iran et d’autres pays que les États-Unis ont ou vont stigmatiser.
Néanmoins il n’est pas aisé pour les États-Unis de se lancer dans une campagne militaire de plus alors que l’Irak et l’Afghanistan ne sont pas « pacifiés » (les États-Unis manquent des ressources nécessaires pour le faire). En outre, les protestations contre la politique des néo-conservateurs de Washington s’intensifient partout dans le monde. En raison de tout ce qui précède, les États-Unis feront usage de l’arme nucléaire contre l’Iran. Il s’agira du second cas d’utilisation d’armes nucléaires au combat après l’attaque états-unienne de 1945 contre le Japon.
Les cercles militaires et politiques israéliens font ouvertement des déclarations sur la possibilité de frappes de missiles nucléaires sur l’Iran depuis octobre 2006, quand l’idée fut appuyée par George W. Bush. Actuellement on parle d’une « nécessité » de frappes nucléaires. On pousse l’opinion à croire que cette éventualité n’a rien de monstrueux et que, bien au contraire, une frappe nucléaire est relativement faisable. Il n’y a prétendument pas d’autre moyen d’« arrêter » l’Iran.
Comment les autres puissances nucléaires vont-elles réagir ? En ce qui concerne la Russie, dans le meilleur des cas son gouvernement se contentera de condamner les frappes, et au pire il déclarera que « même si les États-Unis ont fait une erreur, le pays-cible a lui-même provoqué l’attaque » - comme lors des frappes qu’a subi la Yougoslavie.
L’Europe réagira sensiblement de la même façon. Cependant, il est possible que les protestations de la Chine et d’autres pays vis-à-vis des attaques nucléaires soient plus importantes. Dans tous les cas, il n’y aura pas de représailles nucléaires à l’encontre des forces états-uniennes - l’administration Bush en est totalement sûre.
Les Nations Unies n’ont aucun poids dans ce contexte géopolitique. En ne condamnant pas l’attaque subie par la Yougoslavie, le Conseil de sécurité des Nations Unies en a partagé la responsabilité. Cette institution se contente d’adopter des résolutions que les Russes et les Français interprètent comme étant une renonciation à l’usage de la force, mais que les États-uniens et les Britanniques comprennent comme un « cautionnement » de leurs agressions.
Quant à Israël, il sera de façon certaine la cible des attaques de missiles iraniens ; il est alors possible que la résistance du Hezbollah et des Palestiniens devienne plus active. Les Israéliens se poseront en victimes, auront recours à des provocations pour justifier une agression, souffriront de dommages raisonnables et les États-Unis indignés finiront par déstabiliser l’Iran, en présentant cela comme un châtiment bien mérité.
Certaines personnes semblent croire que les protestations de l’opinion publique pourront arrêter les États-Unis. Je ne pense pas. Il ne faut pas exagérer l’importance de ce facteur. Par le passé, j’ai essayé pendant des heures de convaincre Milosevic que l’OTAN se préparait à attaquer la Yougoslavie. Pendant longtemps, il a refusé de l’envisager et me disait sans cesse : « Lisez donc la Charte de l’ONU. Pour quelles raisons pourraient-ils faire ça ? ».
Mais ils l’ont fait. Ils ont délibérément ignoré la législation internationale, et ils l’ont fait. Et quel est le résultat ? Bien sûr, l’opinion publique a été choquée et indignée. Mais les agresseurs ont obtenu exactement ce qu’ils voulaient : Milosevic est mort, la Yougoslavie est divisée et la Serbie est colonisée - les officiers de l’OTAN ont établi leur quartier général dans les bureaux du ministère de la Défense du pays.
Il est arrivé la même chose en Irak. L’opinion publique a été choquée et indignée. Or ce qui intéresse les États-Unis n’est pas l’ampleur de l’indignation, mais l’étendue des revenus de leur complexe militaro-industriel.
L’information selon laquelle un deuxième porte-avions états-unien devrait arriver dans le Golfe persique d’ici la fin du mois de janvier permet de faire une analyse de l’évolution possible du conflit. Pour attaquer l’Iran, les États-Unis emploieraient essentiellement la force nucléaire aérienne. Des missiles de croisière (transportés par des avions, des sous-marins et des bâtiments de surface) et, éventuellement, des missiles balistiques seraient utilisés. Selon toutes probabilités, les frappes nucléaires seraient suivies de raids aériens lancés depuis les porte-avions, ainsi que d’autres types d’attaques.
L’Iran possède une armée puissante et les forces US pourraient souffrir des pertes importantes. C’est inacceptable pour G. W. Bush, qui se trouve déjà en position délicate. Il n’est pas nécessaire de lancer une attaque terrestre pour détruire les infrastructures en Iran, inverser le développement du pays, engendrer la panique et créer un chaos politique, économique et militaire. C’est un objectif réalisable d’abord par le nucléaire, puis par les moyens de guerre conventionnels. Voilà l’utilité du déploiement de la flotte de porte-avions à proximité des côtes iraniennes.
Quels sont les moyens de défense de l’Iran ? Ils sont considérables, mais restent largement inférieurs aux forces . L’Iran possède 29 systèmes russes de missiles anti-aériens « Tor ». Ils constituent incontestablement un renforcement de la défense aérienne iranienne. Cependant, à l’heure actuelle, l’Iran n’a aucune protection assurée contre les raids aériens.
La tactique sera la même que d’habitude : d’abord, neutraliser la défense aérienne et les radars, ensuite attaquer l‘armée de l’air dans le ciel, puis à terre les installations de contrôle et les infrastructures, sans prendre de risques.
D’ici quelques semaines, nous verrons la machine de guerre informationnelle se mettre en mouvement. L’opinion publique est déjà sous pression. Nous allons assister à une sorte de montée hystérique anti-iranienne, de nouvelles « fuites » dans les médias, de la désinformation, etc.
Simultanément, tout cela envoie un message à l’opposition « pro-occidentale » et à une fraction de l’élite de Mahmoud Ahmadinejad pour qu’ils se préparent aux évènements à venir. Les États-Unis tablent sur le fait qu’une attaque de l’Iran engendre inévitablement le chaos dans le pays, pour ensuite corrompre quelques généraux iraniens et dès lors créer une « cinquième colonne » dans le pays.
Bien entendu, l’Iran et l’Irak sont des pays très différents. Cependant, si l’agresseur réussit à provoquer un conflit entre les deux branches des forces armées iraniennes, le Corps des gardes de la Révolution islamique et l’armée, le pays se retrouvera en situation critique, particulièrement dans l’hypothèse où, au tout début de la campagne, les États-Unis parviendraient à atteindre le dirigeant iranien et à mener une frappe nucléaire, ou une frappe conventionnelle massive par des moyens conventionnels, contre l’état-major du pays.
À ce jour, la probabilité d’une attaque des États-Unis contre l’Iran est extrêmement élevée. Que le Congrès états-unien donne l’autorisation pour cette guerre reste un fait encore incertain. Le recours à une provocation pourrait éliminer cet obstacle (une attaque sur Israël ou bien des cibles états-uniennes dont les bases militaires). L’ampleur de la provocation pourrait être de l’ordre des attentats du 11 septembre 2001 à New-York. Alors le Congrès dira certainement « oui » au président états-unien.
Léonid Ivashov Le général Léonid Ivashov est ancien chef d’état-major interarmes de la Fédération de Russie. Il est aujourd’hui vice-président de l’Académie russe de géopolitique et membre de la conférence Axis for Peace.

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vendredi, mars 30, 2007

Les États-Unis ont renvoyé des détenus de Guantanamo en Russie où ils ont été torturés


Un nouveau rapport montre pourquoi les « a ssurances diplomatiques » ne sont pas fiable

[Human Rights Watch] (New York, 29 mars 2007) – D’anciens détenus de Guantanamo qui ont été renvoyés chez eux en Russie en 2004 ont été soumis à la torture et à d’autres abus malgré l’engagement de Moscou pris envers le gouvernement américain de les traiter humainement, selon un nouveau rapport de Human Rights Watch publié aujourd’hui.
Les sept Russes se sont tous retrouvés en détention après l’invasion américaine de l’Afghanistan et ont fini par passer près de deux années à Guantanamo. Bien qu’ils se soient plaints de mauvais traitements de la part des autorités américaines, tous les détenus ont à maintes reprises demandé aux autorités à Guantanamo de ne pas être renvoyés en Russie parce qu’ils s’attendaient à y subir un traitement encore pire. Et de fait, trois d’entre eux ont subi de graves tortures et mauvais traitements après avoir arrêtés en Russie dans le passé. Deux d’entre eux avaient été reconnus coupables à l’issue de procès non équitables, et tous ont été harcelés et traqués par les forces russes du maintien de l’ordre.
Le rapport de 43 pages, intitulé « La ‘marque de Guantanamo’: L’histoire de sept hommes trahis par les assurances diplomatiques de la Russie aux les États-Unis » (« The ‘Stamp of Guantanamo:’ The Story of Seven Men Betrayed by Russia’s Diplomatic Assurances to the United States »), retrace les expériences des détenus après leur renvoi en Russie en mars 2004, sur la base d’interviews avec trois d’entre eux, des membres de leurs familles, des avocats ainsi que d’autres personnes. L’accès aux ex-détenus est limité parce que trois d’entre eux sont en prison et les autres sont soit parvenus à quitter le pays, soit entrés en clandestinité.
« L’expérience russe démontre pourquoi les ‘assurances diplomatiques’ ne fonctionnent simplement pas », a déclaré Carroll Bogert, Directrice associée de Human Rights Watch et auteur du rapport. « Les gouvernements avec des antécédents de recours à la torture ne changent pas soudainement leur comportement parce que le gouvernement américain prétend leur avoir arraché une forme d’assurance. »
La Convention contre la torture stipule que nul ne peut être renvoyé dans un pays où il encourt un risque réel d’être torturé, et ne permet aucune exception basée sur la sécurité nationale ou d’autres motifs. Les États-Unis sont partie à cette convention et enfreignent donc le droit international en transférant des prisonniers vers des pays où ils risquent d’être torturés. Une déclaration du gouvernement américain à Human Rights Watch a clairement démontré que Washington était au courant de la menace de la torture en Russie.
De nombreux autres pays, dont le Royaume-Uni, le Canada, l’Autriche, les Pays-Bas et la Suisse, tentent également de déporter ou d’extrader des personnes suspectées de terrorisme par le biais d’« assurances diplomatiques ».
Human Rights Watch a pressé le gouvernement américain d’établir des procédures de contrôle afin que toute personne transférée de Guantanamo Bay ait une opportunité effective de contester son transfert devant un organisme impartial. De telles procédures devraient aussi permettre à un détenu de contester la fiabilité de toute assurance diplomatique que le gouvernement américain aurait pu se procurer.
Le gouvernement américain a ouvert la voie à la libération ou au transfert de 80 détenus de Guantanamo, mais continue néanmoins à les maintenir en détention. Human Rights Watch a insisté que toute procédure visant à évaluer la crainte des détenus d’être torturés n’entrave ni la vitesse des départs, ni l’objectif final de fermer entièrement le centre de détention de Guantanamo.
Le gouvernement américain affirme que les autorités russes ont promis de poursuivre les détenus sur la base d’inculpations de terrorisme et de les traiter humainement. Elles n’ont tenu aucune de ces promesses. Après trois mois de détention en Russie, durant lesquels ils n’ont pas été maltraités, tous les sept ex-détenus ont été relâchés et ont tenté de reprendre des vies normales en Russie, ce qui s’est avéré impossible.
Rasul Kudaev, un résident de Kabardino-Balkarie dans le sud de la Russie, a été mis en détention après une insurrection armée dans la capitale provinciale en octobre 2005. Selon des photographies, des attestations médicales, des documents du tribunal ainsi que des témoignages d’avocats et de membres de sa famille, Kudaev a été battu à de nombreuses reprises lors de sa détention afin de le contraindre à avouer une participation à l’insurrection. Il n’a toujours pas été poursuivi pour son prétendu rôle dans l’insurrection, mais demeure en détention près d’un an et demi plus tard.

Ravil Gumarov et Timur Ishmuratov, tous deux résidents de la république russe du Tatarstan, ont été détenus en avril 2005 à la suite d’une explosion ayant touché un gazoduc local et dans laquelle il n’y a eu ni mort ni blessé. Ils ont été battus lors de leur détention jusqu'à ce qu’ils avouent; Gumarov a été privé de sommeil pendant près d’une semaine et a été enchaîné à une petite cage avec ses mains au-dessus de sa tête, parmi d’autres exactions.
Gumarov et Ishmuratov ont rétracté leurs aveux lors de leur procès et ont été acquittés par le jury en septembre 2005. Néanmoins des procureurs locaux ont obtenu une « annulation » du verdict et une condamnation en mai 2006.
« Ce qui est arrivé aux anciens détenus est assez habituel pour de nombreux suspects en détention policière en Russie », a déclaré Bogert. “Mais c’est justement le point clé. Le gouvernement américain savait que ces hommes seraient probablement torturés, et les a néanmoins renvoyés en Russie.” Deux des détenus ont indiqué à Human Rights Watch que des interrogateurs américains à Guantanamo les avaient menacés de les renvoyer en Russie s’ils ne divulguaient pas d’information sur leurs prétendues activités terroristes.
Les détenus et leurs familles ont décrit un harcèlement fréquent par la police russe et les services de sécurité, en particulier le Service fédéral de sécurité qui a succédé au KGB, ainsi que par le Département du crime organisé du Ministère de l’Intérieur. « [Les autorités russes] m’ont dit à plusieurs reprises qu’après ma détention à Guantanamo, il n’était pas nécessaire de prouver que j’étais un terroriste,” a déclaré l’ancien détenu Airat Vakhitov à Human Rights Watch. « Que chacun d’entre nous pouvait être jeté en prison parce que nous étions des terroristes. »

31.3.07 00:07

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mercredi, mars 28, 2007

La faillite morale de l’Union européenne


L’Union européenne agonise en tant qu’entité politique. Son rôle sur la scène internationale est insignifiant car elle est incapable d’adopter une politique étrangère indépendante de la ligne prônée par Washington. Elle suit docilement l’aventurisme belliqueux de l’administration Bush notamment à l’égard de Cuba. En effet, elle se prête aux campagnes contre le gouvernement de La Havane avec une servilité déconcertante. Pire encore, elle se rend complice des violations massives des droits de l’homme commises par la CIA, complicité qui l’entraîne vers une faillite morale sans précédents.
Mondialisation.ca, Le 27 mars 2007 /
par Salim Lamrani
29.3.07 00:03
L’hypocrisie de la Suède
Le 12 mars 2007, lors de la réunion de la Commission des droits de l’homme des Nations unies à Genèvre, le ministre des Affaires étrangères suédois, Carl Bildt, a accusé Cuba de ne pas respecter les droits de l’homme. Cette stigmatisation est purement idéologique car, selon le rapport 2006 d’Amnesty International, Cuba est, de loin, la nation qui viole le moins les droits de l’homme sur le continent américain, du Canada jusqu’à l’Argentine.(1) Elle illustre également l’hypocrisie de la Suède et de l’Europe en général, promptes à s’en prendre à la petite nation caribéenne agressée depuis près d’un demi-siècle par les Etats-Unis, tout en maintenant un silence assourdissant sur les crimes commis par la Maison-Blanche à travers le monde.(2)
Le délégué cubain, Rodolfo Reyes Rodríguez, a pour sa part regretté que la Suède se prête à la stratégie de propagande étasunienne, dont le but n’est autre que de justifier les implacables sanctions économiques dont est victime la population cubaine depuis 1960. Il a également pointé du doigt le manque d’autorité morale du gouvernement scandinave pour donner des leçons sur les droits de l’homme.(3)
En effet, en mai 2005, le Comité contre la torture de l’ONU a condamné la Suède pour avoir expulsé vers le Bangladesh une jeune réfugiée politique qui avait été violée par des policiers. Selon le Comité, les autorités suédoises n’avaient pas nié le fait qu’elle avait été persécutée, emprisonnée, torturée et violée, mais avaient quand même procédé à son expulsion.(4)En novembre 2005, la Cour européenne des droits de l’homme a considéré de manière unanime que l’expulsion de quatre Syriens s’apparentait « à une violation de leur droit à la vie et de l’interdiction de tout traitement inhumain ou dégradant ». La Suède a également procédé à d’autres expulsions vers des pays pratiquant la torture, toutes condamnées par le Comité contre la torture. Les droits des réfugiés et demandeurs d’asile ont été bafoués surtout lorsqu’il s’agissait de Roms, dont les demandes étaient considérées par les autorités comme « manifestement infondées ».(5)
En guise de réponse, Stockholm a dénoncé les déclarations « inacceptables » du responsable cubain devant la Commission de Genèvre et a évoqué la possibilité d’une crise diplomatique entre les deux pays. Visiblement, certaines vérités ne sont pas du goût de tout le monde.(6)
La provocation des députés italiens
Le 18 mars 2007, un groupe de cinq députés italiens en quête de sensationnalisme a orchestré une provocation dans les rues de La Havane en défilant avec des panneaux politiques exigeant la « liberté » pour les « prisonniers de conscience ». L’objectif recherché par le député européen Marco Capatto, le vice-président du Sénat italien Maurizio Turco, les députés Mateo Meccati et Elisabetta Zamparutti et l’ex députée María Fida Moro, tous membres du parti radical, était de créer un incident avec les autorités cubaines et de déclencher ainsi une campagne médiatique internationale à leur encontre. Mais la provocation était tellement grossière que le gouvernement cubain les a superbement ignorés. Ils ont déambulés dans les rues de la capitale sans être aucunement inquiétés.(7) « A notre grande surprise, il ne s’est rien passé lors de notre manifestation dans les rues. Nous y sommes restés environ une demi-heure et tout était tranquille. Le fait que nous n’ayons pas été arrêtés est quelque chose que je laisse à votre réflexion », a déclaré Marco Capatto, avouant ainsi le but qu’il recherchait. Frustrés, ces derniers se sont résignés à quitter l’Île sans même obtenir la satisfaction d’être expulsés.(8)
Deux jours plus tard, le 20 mars 2007, les députés ont effectué une visite à Miami. Cette escale n’avait pas pour but de manifester contre le fait que cette ville abrite et protège des terroristes anti-cubains confessés tels que Orlando Bosch ou José Basulto. Il ne s’agissait pas non plus de dénoncer le fait que Miami organise des activités publiques en faveur de la libération du Ben Laden latino-américain qu’est Luis Posada Carriles, responsable de plus d’une centaine d’assassinats contre des civils innocents. Non, leur voyage n’avait d’autre but que de se réunir l’organisation d’extrême droite cubaine, Madres contra la Represión et de tenir une conférence de presse en sa compagnie. Il s’avère que ce groupuscule, qui reçoit d’importantes subventions de la part de Washington, a entièrement financé le voyage des cinq députés, de Rome jusqu’à Miami en passant par La Havane et Panama, ce qui explique l’étape en Floride.(9)
Les députés italiens savaient pertinemment qu’ils ne risquaient strictement rien à Cuba et c’est ce qui explique leur activisme. Auraient-ils le courage d’aller soutenir les dissidents colombiens, guatémaltèques ou honduriens ? Auraient-ils le courage de manifester dans les rues de Washington dénonçant les crimes contre l’humanité commis quotidiennement en Irak, en Afghanistan et à Guantanamo ? Auraient-ils le courage de manifester devant le bureau des services italiens de la sécurité militaire (SISMI) « qui ont joué un rôle actif dans l’enlèvement de l’Imam Abou Omar à Milan en 2003 » avec la complicité du gouvernement de Silvio Berlusconi, selon le rapport de l’Union européenne sur les disparitions orchestrées par la CIA ? La veulerie et la duplicité semblent décidément être à la mode.(10)
La complicité de l’Union européenne dans les vols secrets de la CIA et les cas de disparition
Le 14 février 2007, le Parlement européen a rendu public son rapport qui accuse les gouvernements du vieux continent de complicité flagrante avec les cas de disparitions forcées et les enlèvements clandestins orchestrés par la CIA. Comble de la fourberie, une semaine auparavant, le 7 février 2007, ces mêmes gouvernements signaient la Convention des Nations unies contre les « disparitions forcées », qui criminalise l’emploi des geôles secrètes. L’Union européenne est experte dans ce genre de suicide moral.(11)
Selon le rapport, les avions de la CIA, transportant en toute illégalité des personnes soupçonnées de liens avec le terrorisme, à destination des centres de torture de Guantanamo, d’Afrique et… d’Europe, ont effectué au moins 1 245 escales dans les aéroports européens. Aucun gouvernement n’ignorait le caractère criminel de ces vols secrets. Des pays européens – dont certains sont membres de l’Union européenne – tels que la Pologne et la Roumanie ont même ouvert sur leurs territoires des centres de torture mis à la disposition des bourreaux étasuniens. D’autres tels que le Royaume-Uni, l’Autriche, l’Allemagne, la Pologne, le Portugal, le Danemark, la Roumanie, l’Espagne et, ironie de l’histoire !, l’Italie et la Suède, ont participé à l’enlèvement de suspects sur leur territoire.(12)
Le Parlement a condamné « l’acceptation et la dissimulation de cette pratique, en plusieurs occasions, par les services secrets et les autorités gouvernementales de certains pays européens ». Dans la majorité des cas, ces enlèvements s’accompagnaient d’une « détention au secret et un usage de la torture durant les interrogatoires ». Selon l’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Ouzbékistan, Craig Murray, les échanges de renseignements obtenus sous la torture par les services de pays tiers « avec les services secrets britanniques étaient une pratique connue et tolérée par le gouvernement britannique ».(13)
Ces graves violations des droits de l’homme ont été réalisées avec la pleine connaissance des plus hauts dirigeants de l’Union européenne tels que Javier Solana, secrétaire général du Conseil de l’UE, et Gijs de Vries, coordinateur de la lutte antiterroriste, qui ont été « incapables de fournir des réponses satisfaisantes » sur leur rôle dans ces exactions. Personne ne peut prétendre ignorer cette terrible réalité. Ainsi, tant que l’Union européenne fera preuve de ce genre de double morale et de dépravation en s’en prenant lâchement à une petite nation du Tiers-monde tout en occultant ses crimes, elle continuera de se morfondre dans les affres du discrédit sur la scène internationale et aux yeux du monde. Salim Lamrani est chercheur français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis depuis 1959. Auteur de Cuba face à l’Empire (Genève : Editions Timeli, 2006), 2ème édition ; et de (sous la direction de ), Washington contre Cuba (Pantin : Le Temps des Cerises, 2005), Fidel Castro, Cuba et les États-Unis (Le Temps des Cerises, 2006). Notes
1 Salim Lamrani, Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Pantin : Le Temps des Cerises, 2007), à paraître. 2 Agence France Presse, « Tensos los vínculos entre Cuba y Suecia », 22 mars 2007.
3 Ibid. 4 Amnesty International, « Rapport annuel 2006 : Suède », avril 2006.
5 Ibid. 6 Agence France Presse, « Tensos los vínculos entre Cuba y Suecia », op. cit.
7 Javier Galeano, « Diputados italianos se suman a protesta de las Damas de Blanco », 19 mars 2007. 8 Rui Ferreira, « En Miami diputados italianos que protestaron en Cuba », El Nuevo Herald, 20 mars 2007.
9 Ibid. ; El Duende, « Por donde le entra el agua al coco a los italianos », La Radio Miami, 21 mars 2007. 10 Parlement européen, « Activités de la CIA en Europe : le Parlement adopte son rapport final et presse el Conseil d’obtenir davantage d’informations des Etats membres », 14 février 2007. www.europarl.europa.eu/news/expert/infopress_page/019-3030-043-02-07-902-20070209IPR02947-12-02-2007-2007-true/default_fr.htm (site consulté le 26 mars 2007) ; Ignacio Ramonet, « CIA, vols secrets », Le Monde Diplomatique, mars 2007, p. 1.
11 Ibid.
12 Ibid. 13 Ibid.

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« Faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? »

Dick Marty : « Faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? »
Docteur en droit, Dick Marty, est membre du Conseil des Etats de la Confédération helvétique, membre de l’Assemblé parlementaire du Conseil de l’Europe, dont il préside la Commission des Affaires juridiques et des Droits de l’Homme, chargé par cette dernière d’établir un rapport au sujet des allégations concernant l’existence de prisons secrètes de la CIA en Europe. Elu personnalité politique suisse de l’année 2006, il était invité, le 1er février 2007, à l’Université de Neuchâtel, où il a présenté un exposé sous le titre : « A la recherche d’avions fantômes et de prisons secrètes, faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? » Nous remercions M. Marty de nous avoir autorisés à le porter à la connaissance du public. *
« Quand, en novembre 2005, le quotidien Washington Post a révélé que des agents de la Central Intelligence Agency (CIA) avaient enlevé des présumés terroristes musulmans et les avaient internés dans des centres secrets illégaux, j’étais loin d’imaginer alors ce qui allait m’arriver dans les mois qui suivraient. Le même jour, l’ONG américaine Human Rights Watch publiait un rapport qui donnait une information similaire et, au surplus, précisait que ces centres de détention se trouvaient en Pologne, en Roumanie ainsi que dans d’autres pays de l’Europe orientale. Leurs sources, avons-nous appris par la suite, provenaient, entre autres, des milieux mêmes de la CIA.
Parallèlement, la chaîne de radio ABC publiait sur son site Internet une information analogue. Celle-ci n’est restée qu’une demi-heure en ligne car le propriétaire de cette radio est intervenu pour interdire sa diffusion. Dès qu’il a eu vent de cette interdiction, le journaliste s’est empressé de prévenir ses amis afin qu’ils enregistrent cette nouvelle, pour la postérité, avant qu’elle ne disparaisse.
Les révélations du Washington Post et de l’ONG Human Rights Watch n’étaient pas une nouveauté. Le journaliste Stephen Grey, pour ne citer qu’un exemple, avait déjà publié des articles qui parlaient des « restitutions extraordinaires » et de « délocalisation de la torture » mais, à ce moment-là, l’opinion publique n’en avait pas pris vraiment conscience.
Tout cela pour dire que, certes il y a eu une presse qui a parlé des enlèvements de la CIA et de ses prisons secrètes mais, qu’en même temps, on a pu vite constater que des pressions intenses s’étaient exercées pour la faire taire. On a découvert par la suite qu’il y avait eu une réunion à la Maison Blanche, avec les rédacteurs en chef des principaux journaux, qui avait eu vraisemblablement pour but de leur indiquer qu’il était mal venu de diffuser des informations qui avaient trait à la lutte contre le terrorisme.
Dès l’instant où ces indices sur la présence de prisons secrètes en Europe ont été connus, le Conseil de l’Europe a immédiatement réagi : l’Assemblée parlementaire a demandé à ce que l’on fasse un rapport sur ces enlèvements, dont l’existence, si avérée, aurait été manifestement contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme.
Je tiens à rappeler qu’il n’y a aucune organisation intergouvernementale, qui connaît une dimension parlementaire aussi prononcée et forte qu’au Conseil de l’Europe. L’Assemblée parlementaire est composée des délégations des différents parlements des 46 pays membres. Ces délégations représentent les parlements nationaux, les différents partis, et doivent représenter les deux sexes et, proportionnellement, toutes les minorités de leur pays.
Le hasard a voulu que, deux jours après les révélations du Washington Post et de l’ONG Human Rights Watch, la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire siégeait à Paris pour, notamment, élire son nouveau président. J’ai été proposé ; c’est ainsi que je me suis trouvé à la tête de la Commission.
Le premier objet que j’ai eu à affronter était donc celui des enlèvements et des prisons secrètes. Je me suis aperçu de ce que cela pouvait signifier comme charge quelques semaines plus tard, quand, le 25 novembre 2005, à Bucarest, l’Assemblée parlementaire devait confirmer le mandat que m’avait confié la Commission. La conférence de presse qui annonçait ma nomination comme rapporteur avait failli tourner à l’émeute tellement il y avait de journalistes. Ce n’est que là que j’ai pleinement perçu le caractère explosif de cette affaire et que mon travail a vraiment commencé.
La presse me désigne habituellement comme « l’enquêteur » du Conseil de l’Europe. En fait, je n’étais et je ne suis pas un véritable enquêteur. Car un enquêteur a la possibilité de citer des personnes, de saisir des documents, d’arrêter des personnes. Pouvoirs que j’avais eus pendant quinze ans comme procureur mais qui m’ont cruellement manqué dans cette action-ci ! J’ai alors décidé de me battre sur le même terrain que ceux que l’on soupçonnait d’avoir entretenu les prisons secrètes, et d’essayer de faire un travail d’« intelligence ».
Mais, là aussi, je me trouvais pratiquement sans moyens : j’avais à ma disposition le secrétariat de la Commission mais il était totalement surchargé de travail. J’ai finalement pu obtenir l’aide d’un jeune collaborateur écossais de 28 ans. Ensemble, nous avons établi des contacts avec des journalistes d’investigations indépendants, avec des organisations non gouvernementales, avec des professionnels de l’« intelligence » de différents pays. Et nous avons commencé à rechercher et à assembler les pièces du puzzle.
De son côté, début 2006, le Parlement de l’Union européenne a également décidé d’ouvrir une enquête parlementaire sur les vols et les prisons secrètes de la CIA en Europe. La Pologne étant membre de l’Union européenne et la Roumanie étant candidate, le Parlement voulait vérifier ce qu’il en était. Une commission ad hoc de quarante-six députés a été constituée. Dotée de grands moyens -treize personnes du secrétariat travaillaient uniquement sur cette affaire- cette commission se réunissait chaque semaine et procédait surtout à des auditions. Bien que les auditions de cette commission eussent lieu à huis clos, il n’était pas possible de leur garantir le moindre secret. Tandis que, travaillant seul, j’étais, moi, à même de pouvoir garantir le secret des sources. Nous avions donc une méthodologie et une approche complètement différentes.
J’ai présenté le premier rapport en janvier 2006 et le rapport principal début juin 2006. J’ai pu obtenir une aide importante auprès du Ministère public de Milan. Je connaissais personnellement ces magistrats qui étaient en train d’enquêter sur la disparition d’Abou Omar, un ex-Imam de la mosquée de Milan d’origine égyptienne qui avait obtenu l’asile politique en Italie depuis plusieurs années. Ces magistrats ont réussi à prouver qu’Abou Omar avait été enlevé en février 2003 par des agents des services secrets américains, et que ces derniers l’avaient transporté dans une camionnette à Aviano, à la base italienne de l’OTAN. Et d’Aviano ils l’avaient transporté à Ramstein en survolant la Suisse. Puis, de Ramstein, ils l’ont transporté au Caire où il fut remis aux autorités égyptiennes qui l’ont torturé.
Je tiens à souligner ici l’importance de l’indépendance de la justice ; le Ministère public milanais a agi malgré l’hostilité manifeste du gouvernement Berlusconi qui a tout tenté pour saboter cette enquête. C’est grâce à l’excellent travail des magistrats et de certains services de la police milanaise -ils ont fait une enquête d’une qualité absolument remarquable- que vingt-cinq agents de la CIA impliqués dans le rapt de l’Imam ont été identifiés, et que le Parquet de Milan a pu émettre un mandat d’arrêt international contre vingt-deux d’entre eux.
Les magistrats milanais ont mis à ma disposition tous les actes de l’enquête. Je les ai examinés pendant une semaine. Et là, j’ai acquis la certitude morale que j’étais sur la bonne piste, que nous étions en présence d’un système, d’une logistique sophistiquée, qu’il était impossible que tout cela puisse se passer sans la collaboration, à un niveau ou l’autre, des autorités locales, et que le Pentagone et la CIA ne pouvaient pas être les seuls services impliqués dans ces « restitutions extraordinaires ».
Que signifie le terme de « restitutions extraordinaires » employé officiellement par la CIA ?
En pratique, cela consiste à séquestrer des personnes soupçonnées d’avoir un lien avec le terrorisme, sans que cette accusation ait pu être vérifiée par l’autorité judiciaire, et à les transférer aux autorités de leur pays d’origine où elles sont soumises à des interrogatoires brutaux.
L’objectif de ces « restitutions » secrètes est d’extorquer, par des actes de torture, des renseignements aux personnes séquestrées, et d’obtenir d’elles, sous la pression de menaces, qu’elles collaborent avec les services secrets et qu’elles agissent pratiquement comme agents infiltrés. C’est sur la base de ce concept de « restitutions » que les agents de la CIA ont séquestré probablement plus de cent personnes. Nous n’avons pas de données précises à ce stade.
Quand ce système de « restitutions extraordinaires » a été connu de l’opinion, cela a soulevé de vifs débats aux Etats-Unis. On a alors tenté de justifier juridiquement ces « restitutions extraordinaires ». Le juriste qui a fait la théorie de ce système est l’actuel ministre de la justice, Roberto Gonzales, qui est aussi, dans le système américain, le procureur général des Etats-Unis.
Ces « restitutions », et cela m’avait paru clair dès le début, supposaient une logistique, donc l’existence de centres de détention intermédiaires. Il est apparu par la suite que nombre de ces personnes séquestrés qui n’avaient pas été remises à leurs pays d’origine avaient été internées dans des prisons secrètes, soit à Bagram en Afghanistan, soit à Abou Ghraib à Bagdad, soit à Guantanamo Bay.
Le 5 décembre 2005, Mme Rice -tout en justifiant les « restituions extraordinaires » et l’existence de Guantanamo- nous a donné une importante indication quand elle a déclaré que « les Etats-Unis n’avaient pas violé la souveraineté des états européens ». Je pense que Mme Rice disait, pour une fois, la vérité. Elle révélait, en disant cela, que ce qui avait été découvert dans divers pays européens au sujet des prisons secrètes, avait été fait avec la collaboration des services des Etats concernés ; par conséquent il n’y avait pas eu de violation de la souveraineté de la part des Etats-Unis. En s’exprimant ainsi, Mme Rice a voulu signifier aux Européens qui critiquaient les Etats-Unis : « Ne faites pas les malins, vous avez vous-mêmes en d’autres temps, employé le système des restitutions ».
Mme Rice se référait ici au cas du terroriste Carlos, enlevé au Soudan par les services secrets français. Or, la grande différence dans ce cas-ci, et qu’elle a ignorée, est le fait que Carlos avait été remis à la justice française, qu’il avait été l’objet d’un procès équitable, et qu’il avait pu recourir à la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Il y a donc ici une différence fondamentale. Ce genre de « restitutions » est défendable quand les personnes recherchées se trouvent dans des pays qui ne collaborent pas avec la justice, ou encore, qui ne sont pas à même d’arrêter et de remettre les personnes recherchées ; donc quand le but est de remettre les personnes enlevées de la sorte aux organes de la justice ordinaire.
Quant à nos recherches, c’est surtout en Pologne et en Roumanie que nous avons été confrontés à de grandes difficultés. Les gens que nous avons rencontrés étaient absolument terrorisés à l’idée que, s’ils parlaient, leurs déclarations puissent compromettre leur pays. En Roumanie surtout, où c’était devenu une question d’intérêt national de ne rien dire qui puisse remettre en cause leur demande d’admission à l’Union européenne.
Le rôle de pays comme la Suisse, dans la collaboration avec les enlèvements de la CIA, s’est avéré marginal, même si cela ne manque pas de soulever d’importantes questions. Le fait que des pays comme la Suède sont impliqués est tout à fait inquiétant. La police suédoise a remis spontanément à des agents de la CIA deux Egyptiens qui avaient obtenu l’asile. Il y a des témoignages de police qui disent que les agents de la CIA ont fait subir des mauvais traitements à ces Egyptiens, déjà à l’aéroport même. Transportés au Caire, ils ont ensuite subi les mêmes tortures que l’Imam Abou Omar. Pour cette affaire, la Suède a été condamnée par la Commission contre la torture de l’ONU.
D’autres pays, comme la Bosnie, ont aussi livré des personnes spontanément. Lorsqu’on a interrogé les autorités bosniaques, elles ont admis ces faits et les ont déplorés.
Le Canada a, lui aussi, activement collaboré avec la CIA dans ces enlèvements illégaux. Ce pays vient du reste de remettre une indemnité de dix millions de dollars à une personne d’origine canadienne, détenue plusieurs années à Guantanamo alors qu’il n’y avait absolument rien à lui reprocher.
Aux Etats-Unis, les personnes relâchées n’ont reçu aucune excuse ni indemnité. Actuellement, il y a dans ce pays cinq cents avocats qui travaillent ensemble et qui se sont chargés de défendre les intérêts de ces personnes enlevées ; cela conduira à toute une série d’actions judiciaires contre le gouvernement des Etats-Unis.
Ce panorama de faits appelle quelques réflexions.
L’administration des Etats-Unis a fait des choix qui se fondent en fait sur les considérations suivantes : le terrorisme constitue une menace tellement grave que notre pays doit se considérer en guerre. Dans cette guerre, notre système judiciaire n’est absolument pas apte à combattre le terrorisme. Donc pas de justice, donc Guantanamo, donc les prisons secrètes, donc pas de procès, rien du tout, il nous faut obtenir des renseignements à tout prix.
Mais, dès que l’on dit « guerre », on dit aussi nécessairement droit de la guerre ; si on dit droit de la guerre, on dit Conventions de Genève ; si on dit Conventions de Genève, cela signifie qu’il faut annoncer les noms de tous les prisonniers au Comité international de la Croix-Rouge et autoriser les visites de ses délégués.
Mais voilà, ici aussi les Etats-Unis ont estimé que les Conventions de Genève ne sont pas un instrument adéquat pour faire face au terrorisme. Ils ont ainsi choisi une troisième voie, celle de l’arbitraire - pas de justice, pas de droit international- une voie, toutefois, qui n’est pas applicable sur le territoire des Etats-Unis et pas valable à l’encontre des citoyens américains. On a donc mis ainsi en place une espèce de système d’apartheid juridique. Un modèle, bien entendu, tout à fait étranger à notre sensibilité et à notre tradition juridique. Et pourtant, les Etats européens ont implicitement accepté ce système.
Les faits sont en train de nous donner lentement raison. La plupart des gouvernements européens ont, à un niveau ou l’autre, collaboré activement avec les Etats-Unis pour la mise en place de cette doctrine de « restitutions extraordinaires », participé à sa mise en exécution avec tout ce que cela impliquait. Soit ils ont toléré, soit ils ont su et ils n’ont pas protesté. Il y a eu, oui, quelques protestations plus ou moins polies au sujet de Guantanamo. Mais au sujet des « restitutions extraordinaires », des détentions secrètes et de l’emploi de la torture, ils ont fait semblant de ne rien savoir.
Lorsque j’ai pris connaissance des actes de l’enquête italienne, j’ai pris contact avec mon ancien collègue Armando Spataro, le procureur adjoint de Milan chargé de l’enquête sur le rapt d’Abou Omar. Je lui ai exprimé ma conviction : tout cela n’avait pas pu se passer sans la participation, soit de la police, soit des services de renseignements italiens. Et c’était bien son avis.
Au même moment, à Bruxelles, devant la Commission parlementaire d’enquête du Parlement européen, le chef des services secrets militaires italiens, Monsieur Nicola Pollari, faisait une déposition où il démentait toute implication dans cette affaire, où il disait qu’il n’avait jamais rien su et qu’il n’avait absolument pas collaboré à ce genre d’activités.
Sachez qu’aujourd’hui Monsieur Pollari a été limogé par le nouveau gouvernement et qu’il comparait devant le tribunal de Milan parce qu’il a été prouvé que les services secrets italiens, qu’il dirigeait, avaient étroitement collaboré avec les agents secrets de la CIA dans l’enlèvement d’Abou Omar. Les faits sont maintenant établis : la première personne qui s’est approchée d’Abou Omar pour lui signifier « police » et « présentez vos documents » était un agent du service de renseignement italien selon ses propres aveux ; quelques secondes après, Omar était embarqué dans une camionnette et remis aux agents de la CIA.
La collaboration avec les agissements des services secrets de la CIA a été très active, comme on a pu le constater aussi dans d’autres pays.
Ce qui m’a impressionné au cours de cette enquête -peut-être que j’étais et je suis toujours trop naïf- c’est à quel point les gouvernements européens ont menti et continuent à mentir, activement ou par omission. Ils mentent ou, en tout cas, refusent de dire la vérité, en se donnant une très bonne conscience avec des justifications du genre : c’est dans l’intérêt supérieur de l’Etat, il y a un secret d’Etat et donc, on peut, on doit mentir !
Hier, le Parquet de Munich a, à son tour, émis treize mandats d’arrêt contre des agents secrets de la CIA qui sont accusés d’avoir enlevé Khaled El-Masri, un citoyen allemand d’origine libanaise.
J’ai rencontré Khaled El-Masri quand, en Allemagne, personne ne le croyait. Il a été enlevé en Macédoine, emmené à Kaboul où il a été soumis à des actes de torture pendant plusieurs mois. Il a été ensuite ramené en Europe, libéré quelque part en Albanie et, finalement, après une lutte acharnée, il a été possible de démontrer que Khaled El-Masri avait dit la vérité, qu’il avait bel et bien été enlevé par des agents secrets de la CIA, très certainement avec la collaboration d’agents allemands.
Lorsque j’avais rencontré le procureur allemand, je lui avais transmis les informations que nous avions recueillies en Macédoine. Hier, dans un communiqué, le Parquet de Munich a indiqué avoir réussi à remonter la piste des treize agents de la CIA, grâce à la coopération et aux informations collectées par la police espagnole, par le Parquet de Milan, ainsi que par le rapporteur du Conseil de l’Europe, Dick Marty.
Si je dis ça, ce n’est pas pour me lancer des fleurs, mais simplement pour démontrer que, si une personne travaillant avec un unique collaborateur a pu arriver à ce résultat, nous aurions pu aller infiniment plus loin dans la recherche de la vérité s’il y avait eu la moindre volonté des gouvernements européens, suisse inclus.
Ma conviction -je ne peux pas encore le prouver- c’est que les gouvernements européens ont signé des accords secrets avec les Etats-Unis, vraisemblablement à la suite de la grande émotion suscitée par les événements du 11 septembre 2001. Cela expliquerait, sans toutefois l’excuser, leur silence.
La Suisse n’échappe pas à la critique. Les avions appartenant à l’administration des Etats-Unis sont au bénéfice d’un permis annuel de vol. Ces avions de la CIA sillonnent toute l’Europe. La plupart de ces vols servent à transporter le matériel logistique de la CIA qui possède de nombreux bureaux un peu partout dans le monde. La Confédération a renouvelé cette concession de vol alors même qu’elle savait que des avions de la CIA avaient manifestement abusé de cette concession en transportant Abou Omar, enlevé à Milan, à travers l’espace aérien helvétique ; ce qui constitue un acte criminel qui établit également la compétence des autorités pénales de notre pays à rechercher et à punir les coupables.
Lorsqu’on a demandé au Conseil fédéral combien de vols et d’atterrissages les appareils de la CIA avaient effectué en Suisse, nos autorités nous ont répondu : trois vols. Une heure après cet aveu, Amnesty International faisait état de quatre vols. Aujourd’hui, nous savons qu’il y aurait eu au moins quarante-huit vols. Nous aurions apprécié que, sur le nombre de ces vols, le Conseil fédéral fût plus précis dans ses réponses !
Comme je viens de le relever, le survol d’avions qui transportent des personnes enlevées est un crime qui relève de la compétence de l’autorité pénale suisse. Il a fallu énormément de temps avant que le Ministère public de la Confédération ne se décide à ouvrir une enquête. Alors même que le dossier des magistrats italiens apportait la preuve écrasante que l’avion qui avait survolé la Suisse transportait Abou Omar. Lorsqu’on a demandé à l’Office fédéral de l’aviation civile : « Est-ce que tel et tel avion a survolé la Suisse le 13 février 2003 ? », on nous a promptement répondu : « Oui Monsieur, deux fois ; le matin en provenance de Ramstein vers Aviano, l’après-midi d’Aviano vers Ramstein ». C’était la même destination et les mêmes horaires que dans le dossier de la police italienne.
Donc, nous pensons qu’il y a eu, quasi certainement, des accords secrets ; mais aussi une politique, des intérêts, qui prévalaient sur les valeurs et les principes politiques. Je suis parfaitement conscient que le rôle du gouvernement est de préserver les intérêts du pays. Qu’il peut y avoir des situations de conflits. Cependant, j’aurais personnellement préféré que, plutôt que de mentir, on nous dise franchement : nous avons tellement d’intérêts en jeu avec les Etats-Unis que l’on ne peut pas se brouiller avec eux.
Tout cela démontre qu’il y a eu, de la part des autorités suisses, une absence de volonté politique de rechercher la vérité. J’ai aujourd’hui l’intime conviction, je le répète, qu’il y a eu des accords secrets, formels ou informels, entre les Etats-Unis et la Suisse, comme il y en a eu avec d’autres pays européens. Et si ces accords avaient été conclus uniquement au niveau des services de renseignements, ce serait encore plus inquiétant.
Ces derniers jours, nous avons appris par la presse que le Ministère public de la Confédération, directement ou par l’intermédiaire de la police, a fait des actes d’enquêtes à Guantanamo. Les autorités suisses ont donc transmis aux autorités des Etats-Unis des listes de noms et des photos de musulmans détenus en Suisse pour obtenir, des détenus de Guantanamo, des renseignements sur eux. Ce qui revient à accepter que l’on puisse extorquer des renseignements sous la torture. Je considère cela tout simplement scandaleux. Car, d’un côté, notre ministre des affaires étrangères, Mme Calmy-Rey, dit gentiment à Mme Condoleeza Rice que la prison de Guantanamo n’est pas acceptable, qu’il faudrait la fermer, que cette prison contrevient à l’ordre juridique international. Et, d’un autre côté, nos autorités fédérales légitiment ce genre de structures et les tortures qu’elles impliquent en faisant des actes d’enquêtes à Guantanamo, alors même quelles savent pertinemment que les preuves éventuelles obtenues sous la torture ou dans des prisons secrètes ne pourraient être acceptées par aucun tribunal en Europe.
Durant toute cette période d’enquête, je me suis senti souvent très seul. Mais, ironie du sort, je puis aujourd’hui remercier le Président Bush de m’avoir indirectement apporté un appui important quand, le 6 septembre 2006, il a enfin reconnu l’existence de ces prisons secrètes. Dès lors, mon rapport sur les enlèvements et les vols de la CIA a pris une importance tout à fait particulière. Autre élément encourageant est ce qui vient de se passer en Allemagne où les treize agents du service d’espionnage américain qui ont enlevé Khaled El-Masri sont poursuivis. A cela il convient d’ajouter le procès de Milan, ainsi que les démarches de la justice espagnole qui réclame l’accès à tous les documents des services secrets espagnols sur les avions de la CIA. Bref, je crois qu’une dynamique de la vérité s’est enclenchée. J’ai également été agréablement surpris par la qualité de certaines ONG aux Etats-Unis ainsi que par le dynamisme manifesté par certains milieux de la société civile. Si certains faits ont fini par émerger, c’est en partie grâce à ces ONG.
Avoir une presse indépendante est d’une importance primordiale. On a vu à quel point la presse est conditionnée par le pouvoir. Il y a eu un autre exemple encore plus édifiant : celui du conditionnement de l’opinion à travers la presse en faveur de la guerre en Irak. Il ne peut y avoir une véritable démocratie sans une presse vraiment indépendante, aussi bien du pouvoir politique que du pouvoir économique.
Un élément tout à fait fondamental est l’indépendance de la justice. Et quand je dis justice, je pense aussi et surtout au Ministère public. Si, dans cette affaire, l’Italie a pu établir la vérité, c’est grâce à l’indépendance du Procureur qui a pu agir malgré l’hostilité du pouvoir politique. Selon le système italien, le Ministère public est considéré comme une autorité judiciaire indépendante à tous égards, et la police qui travaille avec le Ministère public est soumise à la même indépendance.
J’insiste sur ce point car, en Suisse, l’actuel chef du département de justice et police voudrait exercer seul la surveillance sur le Ministère public de la Confédération. Cela est en train de se passer au milieu de l’apathie totale de la classe politique qui donne l’impression de ne pas s’intéresser aux problèmes de la justice. Je trouve que cela est très dangereux et qu’il faudrait absolument réagir.
Est-ce que la lutte contre le terrorisme justifie ces pratiques ?
Je rencontre tous les jours des gens qui disent : « Ah le terrorisme est tellement dangereux, il nous faut accepter la torture car cela peut sauver des vies ». Je trouve ce genre de considérations fausses, et extrêmement dangereuses.
Les terroristes sont certainement des gens dangereux car leur but est de démolir, par n’importe quel moyen, notre système de démocratie et de valeurs occidentales ; mais c’est quand même choquant que, pour combattre ces terroristes, nous renoncions nous-mêmes à des institutions fondamentales de notre système démocratique, que nous renoncions au principe essentiel qui est celui des droits de l’homme et de la garantie des procès équitables, au système judiciaire. Ce faisant, nous donnons une légitimation indirecte à tous ces gens qui, en présence de ces violations, ont aujourd’hui acquis la conviction de combattre un système qui est brutal, qui est illégal, qui emploie la torture. Et, surtout, ces actes illégaux peuvent créer un mouvement de sympathie envers ces auteurs d’actes de terrorisme.
Lorsque j’avais collaboré avec le grand chef de l’antiterrorisme italien, le général Carlo Alberto dalla Chiesa, il m’avait dit : « Les terroristes ce sont des fous furieux, mais ils ne sont pas si nombreux ; ils deviennent vraiment dangereux lorsqu’il y a autour d’eux un courant de sympathie ; cela les encourage, les motive, les survolte ». Il avait illustré son propos par cette image : « La sympathie est au terrorisme ce que l’oxygène est au feu ». Je suis persuadé que cela correspond à la vérité.
Ce qui m’a également choqué, tout au long de mon travail, a été de constater qu’il y a une absence totale de stratégie dans le cadre de cette guerre contre le terrorisme.
Les Etats-Unis ont dit : pas de justice, pas de convention de Genève, on donne aux services secrets et au Pentagone toute latitude d’agir.
Il n’y a jamais eu de débat, entre les Etats-Unis et l’Europe, sur la manière de mener la lutte contre le terrorisme. Il n’y a jamais eu non plus, à l’intérieur de l’Europe, un véritable débat sur la stratégie à mettre en œuvre.
D’ailleurs, à ma connaissance, il n’y a pas de définition juridique internationale sur le terrorisme. Il y a des Conventions qui parlent de terrorisme mais il n’y a pas une véritable définition du terrorisme.
Je pense qu’il faudrait vraisemblablement modifier, adapter certains mécanismes du système actuel de poursuite policière et judicaire. Mais je prétends que la démocratie et l’appareil judiciaire ont les moyens de faire face à la menace que représente le terrorisme.
Cela dit, je crois qu’il y a d’autres menaces qui sont tout aussi dangereuses que le terrorisme. Je pense à la corruption, pour ne donner qu’un exemple, qui est un mal qui est en train de causer des désastres immenses partout sur la planète.
Le véritable instrument de lutte contre le terrorisme est au niveau politique. Je suis intimement persuadé que, tant que l’on ne résoudra pas le problème de la Palestine,tantqu’on n’offrira pas une solution politique et une espérance de vie dans la dignité à ces centaines de milliers de palestiniens qui sont nés, qui ont grandi, qui ont vu leurs parents mourir enfermés à l’intérieur des camps de réfugiés -et qui ont perdu tout espoir- il continuera malheureusement à y avoir des personnes qui se feront exploser, comme on l’a vu tout récemment avec cette grand-mère de Gaza.
Aussi, comment imaginer qu’il n’y ait pas de terroristes tant qu’il y aura des guerres fondées sur des mensonges ?
Ce qui m’inquiète au fond, et qui m’a profondément choqué dans toute cette histoire, c’est l’indifférence. Combien de personnes m’ont dit : pourquoi fais-tu tout cela, ce sont des terroristes ! Les Américains ont raison. Et d’ajouter : « Ce ne sont que des musulmans »
Quelle aberration ! Je pense que nous sommes en train de commettre une erreur historique en criminalisant l’Islam. Nous poussons toute une mouvance modérée de l’Islam vers l’extrémisme ; une erreur, je le crains, que nous allons payer très cher.
Faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? est le titre que j’ai voulu donner à cette conférence et ce sera ma conclusion. Cette phrase n’est pas de moi. Je l’ai trouvée dans un jugement de la Cour suprême des Etats-Unis dans un cas de terrorisme, prononcée par la juge Sandra Day O’Connor : « Si notre pays veut rester fidèle aux valeurs symbolisées par notre drapeau, nous ne pouvons pas combattre la tyrannie avec les instruments du tyran ».
* L’enregistrement et la récriture de cet exposé ont été réalisés par Silvia Cattori, en accord avec M. Dick Marty.
Copyrights : Silvia Cattori@bluewin.ch



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mardi, mars 27, 2007

Irak Post Invasion - 1 Million de Morts = Génocide.

Irak 4 Ans Apres: Désastre Irakien au Panneau d'Affichage "La pire crise mondiale concernant les réfugiés, un chômage et une inflation rampantes, des infrastructures inexistantes, la malnutrition et des centaines de milliers de morts. Faux, ce n'est pas du Darfour qu'il s'agit. C'est de l'Irak, après 4 ans d'occupation conduite par les Etats-Unis, bien que le Darfour s'affiche partout et reçoive le soutien de célébrités." 1 million, le chiffre choquant du nombre de morts post invasion en Irak selon une étude des plus sérieuse. Génocide irakien, appelons les choses par leur nom.
Irak 4 Ans Apres: Désastre Irakien au Panneau d'Affichage
La pire crise mondiale concernant les réfugiés, un chômage et une inflation rampantes, des infrastructures inexistantes, la malnutrition et des centaines de milliers de morts. Faux, ce n'est pas du Darfour qu'il s'agit. C'est de l'Irak, après 4 ans d'occupation conduite par les Etats-Unis, bien que le Darfour s'affiche partout et reçoive le soutien de célébrités.
Alors que vous lisez ceci, cela fait 4 ans que l'Administration du président Bush a lancé son assaut « choc et frayeur « contre l'Irak, marquant le début d'une destruction non stop inconcevable de ce pays – et on compte toujours. C'est un moment important pour enregistrer ce qu'est l' »Opération Libération Irakienne ».
Ci-dessous un bref aperçu de ce que la guerre de Bush et l'occupation ont produit.
Nulle part sur la planète il n'y a de pire problème de réfugiés qu'en Irak actuellement. Selon le Haut Comité des Réfugiés des Nations Unies, environ 2 millions d'irakiens ont fui leur pays et sont maintenant éparpillés partout, de la Jordanie, la Syrie, la Turquie, et l'Iran, en passant par Londres, Paris (pratiquement aucun n'a pu rejoindre les Etats-Unis, qui n'a rien fait pour s'occuper de la crise des réfugiés qu'ils ont crée).
En plus, on considère qu'il y a 1,9 millions de déplacés à l'intérieur de l'Irak, chassés de leurs maisons et de leurs quartiers par l'occupation US et par la guerre civile vicieuse qu'elle a provoquée, et ce chiffre ne fait qu'augmenter et cela devient pire de jour en jour – et vous avez environ 16 % de la population irakienne qui a été déracinée. Ajoutez les morts à ceux qui sont déplacés et ce chiffre atteint 1 irakien sur 5 qui ont été directement touchés. Laissons cela de côté pour le moment.
L'alimentation de base et les produits de première nécessité que même le régime brutal de Saddam Hussein fournissait, sont actuellement et de plus en plus hors de portée des irakiens ordinaires, grâce à l'inflation galopante provoquée par l'occupation et la destruction qu'elle entraîne d'une économie irakienne déjà branlante, la réduction des subventions de l'état encouragée par le Front Monétaire International et l'Autorité Provisoire de la Coalition, et la perturbation de l'industrie pétrolière.
Les prix des légumes, des œufs, du thé, le pétrole pour cuisiner et pour se chauffer, le gasoil et l'électricité ont atteint des prix phénoménaux. Le chômage est régulièrement estimé à 50% et 70%. L'impact de tout cela peut être mesure à l'aune de l'accroissement significatif de la malnutrition infantile, répertoriée par l'ONU et d'autres organisations. L'accès à l'eau potable et l'accès à l'électricité restent, sans surprise, bien au dessous de ce qu'ils étaient avant l'invasion, accès déjà désastreux après plus d'une décennie de sanctions complètes et de bombardements périodiques, un pays bouleversé par une guerre catastrophique avec l'Iran dans les années 80, et la première guerre du Golfe.
Dans une crise en cours, dans laquelle plusieurs centaines de milliers d'irakiens sont déjà morts, les dernières mois se sont révélés être les plus sanglants. Plus de 6000 civils ont été tués pendant le seul mois d'octobre 2006, la plupart à Bagdad, ou des milliers de soldats US ont été envoyés en renfort en août (lors de la première « hausse » officielle) accompagné de l'affirmation qu'ils restaureraient l'ordre et la stabilité dans la ville.
Finalement, ils ont enclenché plus de violence. Ces chiffres – et on les considèrent en général sous estimés – sont plus que le double de ce qu'ils étaient en 2005. Ces dernières années, d'autres choses ont aussi plus ou moins doublés, dont, pour en nommer juste deux, le nombre des attaques quotidiennes contre les troupes US et le nombre total des soldats américains tués ou blessés. L'enquêteurs spécial de l'ONU, Manfred Novak, a aussi noté que la torture est « complètement hors de contrôle » en Irak : « la situation est tellement mauvaise que beaucoup de personnes disent que c'est pire que sous le régime de Saddam Hussein. »
Etant donné la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'Irak aujourd'hui, on pourrait continuer à écouter des chiffres horribles jusqu'à saturation de l'esprit. Mais voici une autre manière de placer ces quatre années dans le contexte. Pendant la même période, dans l'esprit des américains, dans un pays lointain, il y aurait plus de morts : au Darfour. Depuis 2003, selon les estimations de l'ONU, quelque 200 000 personnes ont été tuées dans la région du Darfour au Soudan lors d'une campagne brutale de nettoyage ethnique, à cela il faut ajouter environ 2 millions devenus des réfugiés.
Comment connaissez vous cela ? Si vous vivez à New York, vous pouvez difficilement prendre le métro sans au moins voir l'une de ces affiches sur laquelle on lit : « 400 000 morts, des millions s'unissent pour sauvez le Darfour ». Le New York Times a publié régulièrement un encart d'une page entière décrivant le « génocide » du Darfour, et appelant à une intervention là bas sous « une chaîne de commande autorisant une action militaire nécessaire et dans le temps, sans approbation de personnel politique et civil ».
Au cours de ces mêmes années, selon les estimations les plus crédibles de l'enquête en porte à porte menée par le journal britannique The Lancet sur les morts irakiens, environ 650 000 irakiens sont morts pendant la guerre, l'occupation et les affrontements civils entre mars 2003 et juin 2006. (L'étude offre une fourchette de chiffres allant de 392 000 à 943 000). Mais on peut voyager d'une côte à l'autre des Etats-Unis sans voir de panneaux, d'affiches dans les métros, d'encarts dans la presse, et autre support, concernant les morts irakiens. Et on ne peut certainement pas voir, comme c'est le cas pour le Darfour, des célébrités sur le programme TV de l'American Brodcasting Co « Good Morning America », parlant de leur engagement à mettre fin au « génocide » en Irak.
Pourquoi compte –t-on et réfléchit –on aux morts soudanais dans le cadre d'une campagne intensive menée par des célébrités pour « Sauver le Darfour », alors que les morts irakiens restent non comptabilisés, provoquent rarement d'outrage moral, encore moins des campagnes publiques pour mettre fin au massacre ? Et pourquoi les chiffres de ceux tués au Darfour sont cités sans questionnement, alors que les chiffres des morts irakiens, sauf dans le cas de chiffres piteusement bas, sont instantanément remis en question – ou réfutés ?
Dans notre monde, il semble qu'il y a les victimes de valeur et celles qui ne le sont pas. Pour comprendre la différence, considérons la position des US sur le Soudan et l'Irak. Selon l'administration Bush, le Soudan est un « état voyou » ; il est sur la liste des « états qui sponsorisent le terrorisme » du Département de la Défense. On l'accuse d'avoir attaqué les US à cause du rôle qu'il aurait joué dans l'attaque suicide du vaisseau de Guerre le USS Cole en 2000.
Et puis, bien sûr – comme Mahmood Mamdani l'a fait remarquer récemment dans le London Review of Books – Darfour rentre nettement dans la narration de « la violence Musulmane sur les Musulmans »d'un « génocide perpétré par les arabes », une ligne argumentaire qui est utilisée par tous ceux qui aimeraient qu'on change de sujet lorsqu'il s'agit de considérer ce que les US ont fait – et font (en Irak). Parler de la responsabilité des US concernant les morts irakiens qu'ils sont supposés avoir libérés est un sujet beaucoup moins confortable.
C'est « OK » de discuter de la complicité des US concernant des abus des droits de l'homme, mais seulement tant que votre attention porte sur l'omission et non la perpétration. Les US font défaut au peuple du Darfour parce qu'ils n'interviennent pas militairement. Si seulement les US utilisaient leur armée de façon plus agressive. Quand, cependant, les US interviennent effectivement et détruisent tout au cours de leur intervention, cela est un autre sujet.
Une chose est sûre, la focalisation sur le Darfour sert à légitimer l'idée d'une intervention des Etats-Unis, d'être encore plus un Empire, pas moins, au moment même ou le carnage qu'une telle intervention provoqué est trop visible et est largement rejeté partout dans le monde. Cela a aussi contribué à faire en sorte que la violence pour laquelle les Etats-Unis portent le plus de responsabilité, l'Irak, est celle pour laquelle on lui demande le moins de compte à l'intérieur du pays.
Si quelqu'un s'est trompé en Irak, on entend maintenant les critiques de l'invasion et de l'occupation par l'Administration suggérer que le vrai problème c'est l'incompétence de celle –ci ou la croyance trop optimiste du président Bush qu'il pourrait apporter la démocratie aux peuples arabes et musulmans, qui, nous dit-on, « n'ont pas de tradition de démocratie », qui sont d'une « société malade et brisée » - et qui en se brutalisant au cours d'une guerre civile montrent maintenant leur véritable nature.
Il existe un accord général dans tout l'éventail politique, que nous pouvons blâmer les irakiens pour les problèmes auxquels ils font face. Lors d'un discours très apprécié devant le Conseil de Chicago pour les Affaires Mondiales, le sénateur (postulant démocrate à la présidentielle ndlt) US Barack Obama a résumé ses critiques de la politique de l'Administration Bush dans un appel à « ne plus dorloter » le gouvernement irakien. Les Etats-Unis, a-t-il insisté, « ne vont pas indéfiniment assurer la cohésion de ce pays ».
Richard Perle, l'un des architectes néo conservateurs de l'invasion de l'Irak, dit maintenant qu'il a « sous estimé la dépravation » des irakiens. La sènatrice Hillary Clinton, postulante démocrate pour l'élection présidentielle de 2008, a demandé récemment : « combien sommes nous prêts à sacrifier » pour les irakiens ?
C'est ce qui arrive quand le poids impérial devient trop lourd à porter. On rejette la faute sur les autochtones.
Le désastre que les Etats-Unis ont provoqué en Irak empire de jour en jour, et ses effets seront à long terme. Combien de temps dureront –t-ils, et jusqu'où, au-delà de l'Irak, s'étendront-ils, cela dépendra de la rapidité avec laquelle le gouvernement US peut être obligé de mettre fin à son occupation. Cela dépendra aussi de comment tous les américains réagiront la prochaine fois que nous entendrons que nous devons attaquer un autre pays pour éliminer les armes de destruction massive dans le monde, « répandre la démocratie » ou entreprendre une « intervention humanitaire ». Pendant ce temps, on peut réfléchir à ce que seront les terribles données chiffrées le mois de mars de l'année prochaine, lors du 5ème anniversaire de l'invasion, et le mois de mars suivant, lors du 6 ème anniversaire, et le mois de mars suivant.
Mettez cela sur une affiche – dans votre tête, si ce n'est possible nulle part ailleurs.
Antony Arnove – 19/03/07 Source Tom Dispatch http://www.tomdispatch.com Copyright 2007 Antony Arnove /
27-03-2007
YABASTA

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lundi, mars 26, 2007

La paix ne peut être que le fruit de la justice

Tandis que le peuple de Palestine poursuit son long et douloureux chemin vers la liberté et l’indépendance, nous regardons vers le futur avec espoir et optimisme.
dimanche 25 mars 2007 /
Ismaïl Haniyeh / http://www.info-palestine.net/

C’est en effet cet espoir et cette forte croyance en la justice de notre cause qui sous soutiennent depuis tant d’années et nous font résister à la souffrance et à la brutalité qui nous sont imposées par une occupation militaire israélienne cruelle et inhumaine.
Depuis des temps immémoriaux, la Palestine était une patrie pacifique pour les musulmans, les chrétiens et les juifs qui vivaient en harmonie et en paix, partageant le même héritage et la même histoire. En fait, c’est seulement après que la Palestine ait été placée sous mandat britannique suite à la première guerre mondiale, et après que les britanniques aient décidé en toute illégalité de donner la Palestine, notre terre ancestrale, au sionisme que cette harmonie entre communautés et religions a été bouleversée.
Le résultat de cette honteuse injustice, c’est que nous nous trouvons aujourd’hui prisonniers dans notre propre patrie, asservis et harcelés par un occupant illégal et immoral qui traite notre peuple comme les enfants d’un Dieu de peu d’importance, ou même comme des animaux. La nature criminelle de cette occupation transcende la réalité. Les terribles scènes de meurtre, de démolitions de maisons et d’humiliation imposées quotidiennement à notre peuple et que le monde contemple sur ses écrans de télévision ne sont pourtant qu’une petite partie de ce qui se produit réellement sur le terrain.
Il est inutile de rappeler que les israéliens ne pourraient commettre leurs crimes contre un peuple sans défense dont le seul « crime » est son aspiration à la liberté et à la justice, si n’existait cette honteuse apathie de la communauté internationale à l’égard de la situation douloureuse que vit le peuple de Palestine. Par conséquent, j’appelle la communauté internationale à exercer des pressions sur l’état israélien pour qu’il cesse son oppression systématique et et ses persécutions à l’égard de mon peuple.
Malgré les souffrances et la peine qui nous submergent, je suis certain que cette occupation brutale contre mon peuple et mon pays s’arrêtera un jour et que les peuples de cette terre vivront à nouveau en paix et en harmonie. En fait, j’ose même affirmer que la paix en Palestine illuminera le monde entier, annonçant une nouvelle ère pacifique.
Je sais que nombreux sont ceux qui par malveillance ou par ignorance nous dépeignent comme belliqueux et enclins à la violence. Mais c’est faux. Nous aspirons depuis longtemps à la paix comme tout un chacun, ou même plus que n’importe qui puisque nous sommes les premières victimes de la violence et de la guerre. La paix est une valeur sublime sans laquelle l’humanité toute entière devient sans signification.
Cependant, pour que la paix existe, qu’elle soit durable et qu’elle ait un sens, elle doit se baser sur la justice. Nous, les Palestiniens, recherchons sincèrement une véritable paix venant des coeurs, et nous invitons la communauté internationale à nous aider à réaliser cette paix de sorte que tous les enfants de cette région du monde, qu’ils soient arabes ou juifs, puissent mener une vie normale.
Depuis des années, une concurrence amère sur cette terre torturée fait des ravages dans les vies des individus, détruisant les propriétés et les possibilités de développement économique. La guerre apporte haine et mauvaise volonté, tandis que la paix apporte coopération et bonne volonté. Nous ne nous faisons cependant aucune illusion. La violence se poursuivra aussi longtemps qu’un groupe d’individus, intoxiqué par son pouvoir militaire et politique s’imaginera avoir le droit d’imposer sa volonté à un autre groupe de personnes, par les armes et par l’oppression. Une « paix » comme celle-ci n’est rien de plus qu’un vol.
Inutile de dire que pour qu’une véritable paix prenne forme en Palestine, la communauté du monde doit adopter une approche honnête vis-à-vis de ce conflit. Nous nous exprimons ainsi parce que nous sommes lassés des doubles standards de la communauté internationale et de son hypocrisie face aux deux parties en conflit.
En effet, nous voudrions savoir pourquoi les Nations Unies ont permis à Israël de défier plus de 100 résolutions visant à faire cesser l’occupation de mon pays ? Y a-t-il deux types de droit international, un pour le faible et un autre pour le fort ?
Israël est-il au-dessus du droit international ? Israël a-t-il droit à un traitement spécial venant de la communauté internationale et lui permettant de tuer nos enfants en toute impunité, de voler notre terre en toute impunité, et de nous chasser aux quatre coins du monde en toute impunité ?
Il est temps pour tous les hommes et femmes de conscience et de droiture de s’exprimer avec force pour exiger la justice pour les Palestiniens. Nous avons trop souffert, et il est temps qu’on nous permette de récupérer notre liberté et notre dignité usurpées.
Nous n’exigeons pas l’impossible. Nous mettons seulement la communauté internationale au défi de rester fidèle à la charte des Nations Unies et aux conventions internationales qui interdisent l’acquisition de la terre par la force.
En bref, l’occupation doit cesser, et maintenant.

26.3.07 23:52
http://20six.fr/basta/art/14014395

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