samedi, mai 16, 2009

Rapport spécial pour le 61ème anniversaire de la Nakba

Al Masara, 13 mars 2009. Les jeunes Palestiniens défient l'armée d'occupation (Photo Anne Paq/Activesills.org)
En ce jour où les Palestiniens, en Palestine occupée et en diaspora, commémorent la Nakba, nous avons pensé qu’il pouvait être intéressant de diffuser ce Rapport du Bureau Central Palestinien des Statistiques, qui fournit des données exactes et récentes sur la société palestinienne. Derrière la froideur des chiffres et des pourcentages, se dessine de façon poignante l’image d’une Palestine jeune et vivace, mais dévastée par 61 ans d’occupation sioniste impitoyable. La résistance des Palestiniens, dont l’entité sioniste devra bien un jour admettre, de gré ou de force, qu’ils sont indéracinables et indestructibles, n’en est que plus admirable. (ISM)
Le Bureau Central Palestinien des Statistiques décrit la Nakba de Palestine comme une période noire de l’histoire moderne du peuple palestinien. Les Palestiniens ont été chassés de leur patrie, et leurs maisons et leurs propriétés leur ont été volées ; ils ont été exilés et déplacés dans le monde entier et ont été soumis à toutes sortes de souffrances et de problèmes. Plus des trois-quarts de la Palestine Historique ont été occupés lors de la Nakba de 1948. De plus, 531 villes et villages palestiniens ont été détruits, et 85% de la population palestinienne a été exilée et déplacée.
Nakba : nettoyage ethnique et remplacement de population
Une Nakba, en termes littéraires, exprime une catastrophe telle qu’un tremblement de terre, une éruption volcanique et un ouragan. Cependant, la Nakba de la Palestine fut un processus de nettoyage ethnique, aussi bien que la destruction et l’exil d’une nation désarmée pour la remplacer par une autre nation. Contrairement aux catastrophes naturelles, la Nakba palestinienne fut le résultat de projets militaires humains et une conspiration d’Etats qui ont entraîné une tragédie majeure pour le peuple palestinien. Plus de 800.000 des 1.4 millions de Palestiniens (la population palestinienne vivant en 1948 dans 1.300 villes et villages palestiniens) ont été chassés de leur patrie vers la Cisjordanie et la Bande de Gaza, les pays arabes voisins et d’autres pays dans le monde.
Selon des preuves documentées, les Israéliens ont pris le contrôle de 774 villes et villages pendant la Nakba et ont détruit 531 villes et villages palestiniens. Les atrocités des forces israéliennes comprennent également 70 massacres de Palestiniens et la mort de 15.000 Palestiniens pendant la période de la Nakba.
Situation démographique : le nombre de Palestiniens a été multiplié par 7 depuis la Nakba de 1948
Selon des données statistiques, la population palestinienne en 1948 était de 1,4 personnes, comparée aux 10,6 millions à la fin de 2008. C’est ainsi que le nombre de Palestiniens dans le monde est 7 fois plus important qu’à l’époque de la Nakba. De plus, les chiffres montrent que le nombre total de Palestiniens vivant en Palestine Historique (entre le Jourdain et la Méditerranée) était, fin 2008, de 5,1 millions de personnes, comparé au chiffre de 5,6 millions de Juifs. A la lumière du nouveau chiffre révisé de la population totale selon le Recensement de la Population et du Logement de 2007, on évalue que les populations palestiniennes et juives en Palestine Historique seront égales en nombre vers 2016.
Les données statistiques montrent que les réfugiés dans le Territoire Palestinien constituent 43,6% de la population du Territoire Palestinien. Les chiffres de l’UNRWA à la fin 2008 montrent que le nombre de réfugiés palestiniens enregistrés dans les 5 zones d’opération de l’UNRWA totalisent 4,7 millions de personnes, ce qui constitue 44,3% de la population palestinienne totale dans le monde. 41,8% vivent en Jordanie, 9,9% en Syrie, 9% au Liban, 16,3 en Cisjordanie et 23% dans la Bande de Gaza.
Environ un tiers des réfugiés palestiniens enregistrés vivent dans 59 camps de réfugiés, dont 10 en Jordanie, 10 en Syrie, 12 au Liban, 19 en Cisjordanie et 8 dans la Bande de Gaza. Les estimations de l’UNRWA représentent un chiffre minimum puisque il ne prend pas en compte les réfugiés non enregistrés. De plus, l’estimation n’inclut pas les Palestiniens qui ont été déplacés entre 1949 et la guerre de 1967, ni les non réfugiés qui sont partis ou qui ont été expulsés pendant la guerre de 1967. Elle exclut également les 154.000 Palestiniens qui n’ont pas quitté leurs maisons en 1948 et qui sont estimés à 1,2 million de Palestiniens, à la date du 61ème anniversaire de la Nakba. Le ratio par genre est de 103,7 hommes pour 100 femmes. De plus, le pourcentage d’individus de moins de 15 ans est de 40% de la population exclue et de 3,1% de plus de 65 ans. Ce qui montre que c’est une société jeune, comme la population palestinienne dans son ensemble.
La population palestinienne dans le Territoire Palestinien est estimée à 3,88 millions à fin 2008, dont 2,42 millions en Cisjordanie et 1,46 million dans la Bande de Gaza. La population palestinienne dans le gouvernement de Jérusalem est estimée à 379.000 à fin 2008, dont 62,1% vit dans les parties de la ville qui ont été annexées par la force en 1967. Les résultats du Recensement de la Population et du Logement de 2007 indiquent que 43,6% de la population du Territoire Palestinien sont des réfugiés, avec 27,2% de réfugiés en Cisjordanie et 67,9% dans la Bande de Gaza. Le taux de fertilité dans le Territoire Palestinien est considéré comme élevé comparé à d’autres pays. Le taux de fertilité était en 2007 de 4,6 naissances : 4,1 naissances en Cisjordanie et 5,3 dans la Bande de Gaza.
Densité de Population : La Nakba a fait de la Bande de Gaza l’endroit le plus peuplé au monde
La densité de population dans le Territoire Palestinien atteint 645 personnes/km² : 427 personnes/km² en Cisjordanie et 4.010 personnes/km² dans la Bande de Gaza en 2008. En Israël, la densité de population atteignait en 2008 334 personnes/km² pour les Arabes et les Juifs.
Colonies : la plupart des colons vivent à Jérusalem pour la judaïser
Selon les données, le nombre de colonies israéliennes en Cisjordanie était en 2008 de 144. Des estimations montrent que le nombre de colons juifs en Cisjordanie était en 2008 d’un demi-million. Les chiffres montrent que la plupart des colons juifs vivent dans le gouvernorat de Jérusalem, représentant 54,6% du nombre total de colons en Cisjordanie, dont 42% en J1 (les parties de Jérusalem annexées par Israël en 1967).
L’expansion et le mur d’annexion avalent environ 15% de la Cisjordanie
La longueur totale du mur d’expansion et d’annexion est de 770 kilomètres. 409 kilomètres (53,1%) du mur sont terminés. La construction de 248 kilomètres supplémentaires est planifiée et 113 kilomètres sont en construction. Le mur isole 733 km² de terre. Le mur oriental, qui s’étend du nord au sud, fait environ 200 kilomètres de longueur. Ce mur permet à l’occupation israélienne d’isoler et de contrôler la Vallée du Jourdain, considérée comme le grenier de la Palestine et principale source alimentaire du peuple palestinien.
Usage de la terre : les restrictions israéliennes privent les Palestiniens de plus d’un tiers de la Cisjordanie
Le Territoire Palestinien fait 6.020 km², dont 5.655 km² en Cisjordanie et 365 km² dans la Bande de Gaza. Le pourcentage de terre construite pour des colonies israéliennes est de 3,3% de la Cisjordanie (sans compter les zones qui entourent les colonies, les sites militaires, les rocades, etc.). Les données du Bureau des Nations Unies pour la Coordination Humanitaire (OCHA) indiquent que 38% de la Cisjordanie est interdite aux Palestiniens.
L’eau dan le Territoire Palestinien
Les chiffres préliminaires de l’Autorité Palestinienne de l’Eau pour l’année 2008 indiquaient que la quantité d’eau achetée pour l’usage domestique à la Compagnie Israélienne de l’Eau (Mekorot) s’élevait à 47,8 millions de m3 en Cisjordanie. Les données montrent que la quantité d’eau acheté à Mekorot avait augmenté pendant la période 2005-2008 : respectivement 42,2, 43,9, 49,4 et 47,8 millions de m3.
La quantité annuelle d’eau disponible dans le Territoire Palestinien était de 335,4 millions de m3 en 2007. Les chiffres montrent également que la quantité d’eau fournie pour l’usage domestique dans le Territoire Palestinien était de 175,6 millions de m3 en 2007, et que l’allocation par personne d’eau fournie pour l’usage domestique dans le Territoire Palestinien est de 135,8 litres/jour/personne. Elle ne s’élève qu’à 46,6 litres/jour/personne dans le gouvernorat de Tubas. Les chiffres de l’année 2008 indiquaient que 123 localités (22,9%) dans le Territoire Palestinien, toutes en Cisjordanie, représentant 177.275 personnes, n’avaient pas de réseau d’eau public.
En ce qui concerne les principales sources d’eau, les données montrent que 116 localités étaient reliées au réseau d’eau public dans le Territoire Palestinien en 2008, et que ces localités reçoivent leur eau de la compagnie israélienne Mekorot, pour 454.000 personnes (12,1% de la population totale du Territoire Palestinien).
110 des localités reliées au réseau d’eau public en Cisjordanie en 2008 reçoivent l’eau de la compagnie israélienne Mekorot, alors que 112 des localités reliées au réseau d’eau public en Cisjordanie reçoivent l’eau du Service de l’Eau de la Cisjordanie. Toutefois, dans la Bande de Gaza, 17 des localités reliées au réseau d’eau public ont accès à l’eau par des puits, et seules 6 localités par la compagnie israélienne Mekorot.
Les résultats indiquent que 157 localités dans le Territoire Palestinien dépendent de puits, comme alternative au réseau d’eau public. 421 localités dans le Territoire Palestinien dépendent de puits recueillant l’eau de pluie comme alternative au réseau d’eau public. Les chiffres de 2008 montraient que 88,2% des ménages dans le Territoire Palestinien vivaient dans des logements reliés au réseau d’eau (84,2% en Cisjordanie et 97% dans la Bande de Gaza).
Lutte continue pour libérer la terre et édifier l’Etat – les Martyrs
Le nombre des martyrs de l’Intifada Al-Aqsa entre le 29 septembre 2000 et le 31 décembre 2008 s’élevait à 5.901 (5.569 hommes et 332 femmes). Le nombre de martyrs en Cisjordanie atteignait le chiffre de 2.162 (2.038 hommes et 124 femmes). Le nombre de martyrs dans la Bande de Gaza s’élevait à 3.702 (3.496 hommes et 206 femmes). Les autres martyrs étaient sur la terre de 1948 et en dehors du Territoire Palestinien. L’année 2002 était l’année la plus sanglante de l’Intifada, lorsque 1.192 Palestiniens ont été tués, suivis par l’année 2004, avec 895 Palestiniens tués. Le nombre de martyrs de moins de 18 ans est de 969 (18,1%).
Prisonniers
Selon les données du Ministère des Prisonniers et Ex-Prisonniers diffusé pour la Journée du Prisonnier (17 avril 2009), Israël a arrêté plus de 68.000 Palestiniens pendant l’Intifada Al-Aqsa. Le rapport indique également qu’il y a plus de 11.000 Palestiniens derrière les barreaux israéliens, dont 68 femmes, 400 enfants, des centaines de malades et 334 personnes arrêtées avant la signature des Accords d’Oslo. Les détenus incluent également 95 personnes qui ont passé plus de 20 ans en détention et des dizaines de détenus arabes.
Les chiffres du Ministère indiquent également qu’Israël, depuis 1967, a arrêté 800.000 personnes, ce qui représente 25% de la population. Ce pourcentage est le plus élevé au monde, et ne prend pas en compte les milliers de personnes qui ont été arrêtées et détenues pendant de courtes périodes avant d’être relâchées.
Pauvreté : les Palestiniens souffrent de pauvreté après 61 ans de Nakba
Depuis 1948, et à cause des mesures israéliennes, des vols des ressources naturelles par Israël et de la dépendance croissante sur l’économie israélienne, l’économie palestinienne a subi des dégâts très graves et une détérioration de tous les indicateurs économiques et sociaux de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. La qualité de vie du peuple palestinien a empiré. Selon les estimations, le taux de pauvreté parmi les ménages palestiniens en 2007, selon les normes de consommation, a atteint 34,5%, dont 23,6% en Cisjordanie et 55,7% dans la Bande de Gaza. Le revenu mensuel de 57,3% des ménages palestiniens est en-dessous du seuil de pauvreté national : 47,2% en Cisjordanie et 76,9% dans la Bande de Gaza.
La Santé : les ratios des spécialistes de la santé par rapport à la santé sont toujours très bas
Selon les données 2008, le nombre de médecins inscrits à l’Association des Médecins en Cisjordanie est de 2.941, soit 0,8 médecin pour 1.000 personnes. D’un autre côté, le nombre de médecins inscrits à l’Association des Médecins dans la Bande de Gaza en 2007 était de 3.452, soit 2,4 médecins pour 1.000 personnes. De plus, selon les statistiques 2008, il y a 1,5 infirmières pour 1.000 personnes en Cisjordanie, alors qu’il y a, selon les chiffres 2007, 3,2 infirmières pour 1.000 personnes dans la Bande de Gaza. Le nombre de sages-femmes pour 1.000 personnes est de 0,16 en Cisjordanie, selon les données 2008, et de 0,1 pour 1.000 dans la Bande de Gaza, selon les données 2007.
Les chiffres 2007 montraient que le nombre d’hôpitaux en service dans le Territoire Palestiniens est de 77 : 53 hôpitaux en Cisjordanie, et de 24 dans la Bande de Gaza. Les données montrent également que 24 hôpitaux étaient gérés par des Directeurs de la Santé Publique, 25 par le secteur privé, 2 par des institutions militaires et 1 par l’UNRWA. D’autre part, les chiffres de 2007 indiquaient que le nombre de lits d’hôpitaux dans le Territoire Palestinien était de 5.067 lits, ou 1,3 lit pour 1.000 personnes, 2.939 en Cisjordanie et 2.128 dans la Bande de Gaza. Les chiffres 2007 montraient également que le nombre de centres de premiers soins étaient de 665, 532 en Cisjordanie et 133 à dans la Bande de Gaza. 414 centres sont dirigés par des Directeurs de la Santé Publique, 198 par des ONG et 53 par l’UNRWA.
Les naissances prématurées et de nouveau-nés en sous poids sont les principales causes de mortalité infantile (25,7% dans le Territoire Palestinien : 36,2% à Gaza et 13,4% en Cisjordanie). Les difficultés prénatales constituent la principale cause de mortalité parmi les enfants de moins de 5 ans, de l’ordre de 44,1% : 46,7% en Cisjordanie et 41,9% dans la Bande de Gaza.
Les infections du système respiratoire sont la troisième cause de la mortalité infantile : 24,1% de nourrissons en meurent dans le Territoire Palestinien, 40,1% en Cisjordanie et 10,3% dans la Bande de Gaza.
Les maladies cardiaques étaient la cause principale de la mortalité parmi les personnes âgées (60 ans et plus) en 2007 : 28,3% dans la Territoire Palestinien, 30% en Cisjordanie et 25,5% dans la Bande de Gaza.
Agriculture : les mesures israéliennes s’étendent aux arbres, aux pierres et aux animaux
Les estimations indiquent que le nombre d’arbres détruits du 28 septembre 2000 au 30 novembre 2008 dans le Territoire Palestinien est de 1,6 million d’arbres. Les zones détruites représentent environ 2.845 dunums (284,5 ha) de serres, 13.237 dunums (1.323,7 ha) de légumes et 14.310 dunums (1.431 ha) de terres cultivées.
De plus, 15.889 moutons et chèvres ont été tués, 1.362 têtes de bétail et 1.312.000 volailles, et 18.508 ruches ont été détruites.
En ce qui concerne l’infrastructure et les structures agricoles, pendant la même période, 471 puits et leur équipement ont été détruits, 38.508 dunums (3.850 ha) de réseau d’irrigation, 1.074.990 mètres de canalisations, 1.883 bassins d’irrigation, 930 hangars agricoles et 1.866 d’étables et de granges. Le PCBS estime les pertes directes de terre agricole et les besoins pour la consommation immédiate et l’infrastructure à 170 millions de US$ (plus de 124 millions d’euro, et les pertes quotidiennes du secteur agricole et poissonnier ont été de 311.000 US$ (228.000 euro pendant l’attaque israélienne contre la Bande de Gaza.
Les résultats de l’enquête montrent que 1.835.000 dunums (183.500 ha) de terre agricole palestinienne étaient cultivés dans le Territoire Palestinien pendant l’année agricole 2006/2007, dont 90,1% en Cisjordanie et 9,9% dans la Bande de Gaza. Les arbres fruitiers constituaient 63,5% des zones cultivées dans le Territoire Palestinien, alors que les cultures de légumes et de plein champ occupaient respectivement 10,2% et 26,3% des zones cultivées palestiniennes. Dans la Bande de Gaza, 73,3% des terres cultivées dépendant de l’irrigation, comparés à seulement 8,3% en Cisjordanie.
Le logement : des logements surpeuplés et un nombre élevé de logements endommagés par l’occupation
Le nombre total d’unités de logement qui ont été endommagées par l’occupation israélienne à Jérusalem de 2001 à fin mai 2008 est d’environ 797, avec une zone totale de 90.061 m² et un nombre total de pièces démolies de 2.990.
En ce qui concerne les pertes dans la Bande de Gaza pendant l’attaque israélienne de fin 2008 à la mi-janvier 2009, le nombre d’unités d’habitation complètement détruites est de 4.100, et les bâtiments et unités d’habitation partiellement endommagés est d’environ 17.000.
Les données indiquent que le nombre moyen de personne par pièce dans les unités d’habitation dans les camps était de 1,8 personne en 2007, alors que 12,9% des foyers dans les camps du Territoire Palestinien vivent dans des unités d’habitation dont la densité est de 3 ou plus personnes par pièce. Le pourcentage de foyers dans les camps de Cisjordanie était de 15,7%, alors qu’il est de 11,5% dans les camps de la Bande de Gaza.
Marché du travail : taux de chômage élevés et faible participation à l’activité économique
Le taux de d’activité dans le Territoire Palestinien en 2008 s’élevait à 41,3% (39,8% parmi les réfugiés et 42,5% parmi les non réfugiés). Le taux d’activité en Cisjordanie s’élève à 43% (42,4 parmi les réfugiés et 43,3% parmi les non réfugiés) comparé au 38,1 % dans la Bande de Gaza (37,5% parmi les réfugiés et 43,3% parmi les non réfugiés). Le taux de chômage dans le Territoire Palestinien est de 26% (29,6% parmi les réfugiés et 23,4% parmi les non réfugiés). Le taux de chômage en Cisjordanie est de 19% (19,9% parmi les réfugiés et 18,5% parmi les non réfugiés) comparé au 40,6% dans la Bande de Gaza (39,2% parmi les réfugiés et 43,4% parmi les non réfugiés).
Le secteur des services est considéré comme le secteur d’emploi le plus important pour les réfugiés en Cisjordanie, à 30,6%, suivi par le secteur commercial, 20,8%. Dans la Bande de Gaza, le secteur des services emploie plus de la moitié des actifs (52%) réfugiés, suivi par l’agriculture, le secteur de la chasse et de la pêche à 28,4%.
Le salaire journalier moyen dans le Territoire Palestinien est de 91NIS (16euro). En Cisjordanie, le salaire journalier moyen est de 98,6NIS (17,5euro (100,2NIS pour les réfugiés et 97,8NIS pour les non réfugiés). Dans la Bande de Gaza, il était de 60,9NIS (11euro (63,6NIS pour les réfugiés et 54.7NIS pour les non réfugiés).
Le ratio de dépendance (1) dans le Territoire Palestinien était pour 2008 de 5,9 : 4,9 en Cisjordanie et 8,5 dans la Bande de Gaza.
Enseignement : les Palestiniens investissent dans l’enseignement comme une option stratégique
Les données primaires pour l’année scolaire 2007/2008 indiquaient que le nombre d’école dans le Territoire Palestinien est de 2.430 établissements, répartis comme suit : 1.833 écoles gouvernementales en Cisjordanie, 309 écoles UNRWA et 288 écoles privées. 1.829 d’entre elles sont en Cisjordanie, et 621 dans la Bande de Gaza. Le nombre d’élèves dans ces écoles est de 1,1 million, dont 551.000 garçons et 549.000 filles. Le nombre d’élèves en Cisjordanie est de 654.000 et dans la Bande de Gaza de 448.000, répartis comme suit : 767.000 dans des écoles gouvernementales, 253.000 dans les écoles de l’UNRWA et 78.000 dans des écoles privées.
Le nombre d’enseignants est de 43.559 (19.430 hommes et 24.129 femmes), dont 27.448 en Cisjordanie et 16.111 dans la Bande de Gaza.
Le taux d’analphabétisme parmi les Palestiniens de 15 ans et plus en 2008 était de 5,9% (2,9% de garçons et 9,1% de filles).
Dans le Territoire Palestinien, il y a 11 universités et 13 collèges universitaires assurant l’enseignement jusqu’au baccalauréat : 3 universités et 4 collèges universitaires dans la Bande de Gaza, et 8 universités et 9 collèges universitaires en Cisjordanie. Il y a 19 collèges intermédiaires (2) : 14 en Cisjordanie et 5 dans la Bande de Gaza. Les données de l’Institution Al-Haq montrent que 12 écoles et universités ont été fermées sur ordres militaire israélien jusqu’au 22 mai 2006. L’enseignement a été empêché par des agressions israéliennes dans 1.125 écoles et universités. De plus, 359 écoles, départements d’enseignement et universités ont été bombardées par les troupes israéliennes, qui ont également transformé en casernes 43 écoles, tué 845 étudiants et blessé 4.780 étudiants et personnels du secteur de l’enseignement.
Macro-économie : une hausse des prix et Gaza sous siège, et un déclin des résultats du secteur économique
Le coût moyen de la vie dans le Territoire Palestinien a augmenté de 43,13% en 2008 par rapport à 2000, 45,68% en Cisjordanie et 36,48% dans la Bande de Gaza. Le taux est beaucoup plus élevé qu’en Israël, en dépit de la disparité évidente des salaires entre Israël et le Territoire Palestinienne, à cause de la dépendance économique de l’occupation et la proportion élevé d’importations venant du marché israélien, en particulier la nourriture et le fuel qui sont les produits les plus consommés sur le marché, et le contrôle palestinien et israélien sur les quantités et les prix de ces produits.
Les prix ont augmenté dans le Territoire Palestinien au cours des dernières années, en particulier dans la seconde moitié de 2007 et en 2008 ; les violations répétées israéliennes de fermeture des carrefours frontaliers, et les barrages en augmentation dans le Territoire palestinien, en plus des agressions israéliennes répétées contre la terre, le droit et la richesse, ont eu un impact significatif sur l’économie palestinienne et donc sur l’augmentation des prix.
Les Comptes nationaux palestiniens 2007 en prix constants indique que le Produit Intérieur Brut (PIB) dans ce qui reste de la Cisjordanie et dans la Bande de Gaza était de 4.535,7 millions de US$ (3.323.393euro. Le PIB par habitant s’élevait à 1.297,9 US$ (951euro (3). De plus, il y a eu un déclin du PIB dans la Cisjordanie restante et la Bande de Gaza dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, le bâtiment, l’administration publique et les activités de défense, les secteurs miniers, manufacturiers, la fourniture de l’eau et de l’électricité, avec une baisse respective de 25,6%, 10%, 6,9%, 3,4% en 2007 comparés à 2006. (hellip
Echanges commerciaux
Les données disponibles au BCPS révèlent que c’est en 2001 et 2002 que le niveau le plus bas des exportations et des importations fut le plus bas en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, à cause de l’Intifada Al-Aqsa, et a commencé à augmenter à partir de 2003. La valeur des importations en 2007 s’élevait à 3.141,3 millions US$, alors que la valeur des services importés pour la même année était de 104,7 millions US$. La valeur des exportations en 2007 totalisait 513 millions US$. La valeur des services exportés à Israël étaient de 121,8 millions US$ pour la même période. La balance commerciale nette pour les marchandises avait un déficit de 2.628,3 millions US$ en 2007, en augmentation de 9,9% par rapport à 2006. La balance commerciale nette pour les services en 2007 a enregistré un excédent de 17.2 millions US$.
Structures économiques : défier le siège
Les résultats finaux du Recensement 2007 et l’actualisation au 31 décembre 2008o montre que le nombre d’établissements économiques dans le Territoire Palestinien, entre le 20 octobre 2007 et le 10 novembre 2007, était de 132.938 établissements. Ce chiffre ne comprend pas les parties du gouvernorat de Jérusalem annexées par Israël en 1967. Le chiffre comprend 94.270 établissements dans la Cisjordanie restante et 38.668 dans la Bande de Gaza. 109.476 établissements travaillent dans le Territoire Palestinien, dans le secteur privé, le secteur des ONG et les sociétés gouvernementales. Ces établissements emploient 299.754 personnes.
Société de l’Information
Les résultats de l’Enquête sur les Communications et la Technologie de l’Information de 2007 ont montré que 21.1% de l’ensemble des entreprises du Territoire palestinien étaient équipées d’ordinateurs, 23.1% dans la Cisjordanie et 16.3% dans la Bande de Gaza. Le pourcentage des entreprises qui utilisent Internet est de 12.7 % de l’ensemble des entreprises ; 67.8% des entreprises qui utilisent des ordinateurs sont reliées à Internet (68% en Cisjordanie et 67.3% dans la Bande de Gaza). 2,1% de l’ensemble des entreprises ont à la fois des transactions commerciales électroniques via Internet ou des réseaux.
Le nombre d’employés du secteur privé spécialisés dans le champ de l’informatique et de la communication est estimé à 10.000 personnes, soit 3,5% de l’ensemble des travailleurs. Le nombre d’étudiants spécialisés dans ces domaines est d’environ 5.000, soit 3% du nombre total d’étudiants pour l’année 2008.
Quand on étudie les tendances de la technologie de l’information dans la société palestinienne, l’utilisation devrait doubler au cours des 5 prochaines années. L’infrastructure et l’accès aux technologies de l’information se sont développés de façon significative entre 2000 et 2006, le pourcentage des ménages ayant un ordinateur était de 33% en 2006, soit 3 fois le pourcentage de 2000.
L’accès à Internet pour les ménages a augmenté de 10 fois entre 2000 et 2006, pour atteindre 15% ; la possession d’un téléphone portable a augmenté en 2006, comparé à l’année 2000, pour atteindre 81%.
Notes :
(1) Le ratio de dépendance se définit comme le nombre d’individus sans emploi rapporté au nombre d’individus avec emploi (2) Collèges qui ne comportent que les classes de 6ème et de 5ème (3) Pour exemple, le PIB par personne en France en 2007 était de 33.800 US$ (27.600euro.

Source : PCBS
Traduction : MR pour ISM
Alterinfo 15 Mai 2009 /Par Bureau Central Palestinien des Statistiques
15.5.09 21:22
http://basta.20six.fr/basta/art/167380875/

Dernière entrée :

Amnesty et le dossier de la disparition forcées au Maroc, La révolution Zuma, Pour une Nation Humaine Universelle !, Zéro Expulsions de Palestiniens, MAINTENANT !, Mumia Abu-Jamal : « Un homme debout » dans le couloir de la mort !

Partager

jeudi, mai 14, 2009

L’UE, l’OTAN et les États-Unis : l’Alliance du XXIe siècle pour une domination mondiale

L’OTAN évolue. D’une alliance face à l’URSS, elle est devenue un élément du bloc occidental, au même titre que l’Union européenne et les États-Unis (bien que ceux-ci en soient eux-mêmes le principal membre). Au-delà de la rhétorique lénifiante, le fait est que ce bloc est constitué par les anciennes puissances coloniales et qu’il déploie aujourd’hui ses troupes dans ses anciennes colonies. Rick Rozoff décrit ici la mise en œuvre progressive de cette domination globale inavouée.
Le sommet de l’OTAN (Srasbourg-Kehl) fut l’occasion d’officialiser le retour de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Alliance Atlantique, instance dont elle s’était retirée il y a 43 ans. Il y fut également question de la modernisation du Concept stratégique de 1999 afin de mettre l’accent sur l’intégration militaire OTAN-UE-USA. Enfin, l’Union Européenne a annoncé sa volonté de créer une force opérationnelle de 60 000 hommes constituée notamment de contingents provenant des pays du Nord et capable d’être projetée rapidement à n’importe quel endroit du globe. Intéressons-nous donc aux conséquences qu’auront ces décisions sur les relations entre les principaux centres du pouvoir économique, politique et militaire de l’Occident : l’Union Européenne, l’OTAN et les États-Unis.
Jusqu’à présent, l’opinion prévalant au sein des milieux autorisés repose sur quatre oppositions erronées : Le développement de capacités de défense toujours plus ambitieuses de la part de l’Union Européenne fait concurrence, voire pose un réel défi, à l’OTAN et à la stratégie d’alliance transatlantique. L’OTAN constitue un contrepoids multilatéral à l’unilatéralisme américain. L’Union Européenne est un ardent partisan de solutions diplomatiques et pacifiques quand Washington et l’OTAN se montrent souvent trop prompts à recourir à la force. L’UE est l’un des concurrents des États-Unis, si ce n’est le principal, en Europe et de plus en plus à travers le monde.
Si chacun est libre de croire à ces idées reçues, celles-ci se voient contredites constamment par les propos et les actes des décideurs et responsables politiques en Europe et au sein de l’OTAN ainsi que par les stratèges de Washington.
Sur les 27 États-membres de l’UE, 21 ont également ratifié le Traité de l’Atlantique Nord. Les 6 autres, à l’exception de Chypre pour le moment, à savoir l’Autriche, la Finlande, l’Irlande, Malte et la Suède, sont membres du Partenariat pour la Paix de l’OTAN. Parmi ceux-ci, seul le minuscule État de Malte ne dispose pas d’un contingent déployé sous l’égide de l’OTAN en Afghanistan, dans les Balkans ou ailleurs dans le monde.
L’Alliance Atlantique est constituée pour une grande majorité d’États membres de l’Union Européenne, à l’exception de la Norvège, de l’Islande, du Canada et des USA, ces deux derniers n’appartenant pas au continent européen.
S’il arrive que ces trois acteurs majeurs se trouvent en désaccord sur des questions secondaires d’ordre tactique, technique ou de calendrier, ils n’en demeurent pas moins unis sur les principaux enjeux stratégiques.
L’UE et l’OTAN sont officiellement partenaires depuis 1992 et la signature de l’accord Berlin Plus sur la mise en commun des moyens de défense et de renseignement.
Les États membres de l’UE qui n’ont pas encore intégré l’OTAN se trouvent eux aussi affectés par la subordination de l’Europe à l’Organisation puisque la Charte Stratégique de l’Alliance, datant de 1999 et toujours en vigueur actuellement, stipule que les arsenaux nucléaires des USA en particulier, mais également du Royaume-Uni et de la France sont « essentiels au maintien de la paix » et constituent « un lien politique et militaire fondamental entre les membres de l’Alliance en Europe et en Amérique du Nord ».
Suite aux années 1989-1991 qui virent la fin de l’ordre instauré après la Seconde Guerre mondiale en Europe et dans le monde, la dissolution du Pacte de Varsovie et du CAEM (le Conseil d’Assistance Économique Mutuelle), l’effondrement de l’Union soviétique et la partition violente de la Yougoslavie, les principales puissances occidentales s’attelèrent à nouveau à leurs projets de domination mondiale interrompus par deux conflits mondiaux. En ayant tiré les enseignements, elles formèrent un condominium en vue de se partager les ressources du globe, non seulement celles des anciennes colonies, des protectorats et autres territoires sous mandat, mais aussi de régions qui leur étaient restées jusqu’alors inaccessibles, comme l’ancienne URSS.
Pour preuve de cette affirmation, une déclaration du Secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer, il a quatre ans : « L’OTAN et l’UE effectuent de constants progrès dans la coordination du développement de capacités militaires modernes. Je suis convaincu que nous pouvons étendre cette coopération à de nouvelles zones représentant un intérêt pour notre sécurité commune où nous pouvons mettre en valeur notre complémentarité et unir nos efforts. Je veux ici parler de zones clés … telles que le Caucase et l’Asie Centrale. » [1]
Deux mois plus tard, Nicholas Burns, le sous-secrétaire d’État US d’alors, nommé à ce poste après avoir servi comme ambassadeur de Washington auprès de l’OTAN, abonda dans ce sens en se félicitant « de l’appel lancé par le Secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer, à intensifier la coopération entre l’Alliance atlantique et l’UE en vue de garantir la sécurité au-delà des frontières de l’OTAN en Europe, en Afrique et en Asie Centrale. » [2]
Burns a ensuite expliqué la répartition des tâches, telle que conçue à Washington du moins : « Soyons clairs. L’OTAN assure le gros des opérations militaires mais l’Union Européenne se charge du maintien de la paix … » [3]
Au cours d’une conférence sur la sécurité européenne qui se tenait le mois suivant à Berlin, le ministre de la Défense allemand de l’époque Peter Struck enfonça le clou, déclarant qu’il serait « illusoire de concevoir le développement des capacités de défense européennes indépendamment du cadre de l’OTAN » et ajoutant : « l’OTAN et l’UE travaillent actuellement dans le but d’être mieux à même de mener des missions hors de leurs frontières pour s’adapter à des enjeux de sécurité en constante mutation. » [4]
En d’autres termes, l’Union Européenne et l’OTAN considèrent le reste du monde, à l’exception du continent américain traditionnellement vu comme la chasse gardée des USA (encore que certains membres de l’OTAN y interviennent individuellement ou conjointement) comme un théâtre d’opérations légitime. Cette nouvelle évolution significative par rapport à la situation d’avant 1991 constitue une forme de régression, une résurgence des ambitions coloniales des puissances européennes, le retour de la diplomatie du canon et des baïonnettes destinées à civiliser les « sauvages ».
Le tournant de l’après-Guerre froide a ainsi transformé l’Europe en substance, la ramenant, ainsi que l’Occident en général et toute la sphère d’influence de l’OTAN, à la situation d’avant 1939 voire au XIXe siècle qui connut l’apogée des empires coloniaux européens.
Officieusement, les grandes puissances occidentales ont en effet créé un ordre comparable à celui instauré par les congrès de Vienne en 1815 et de Berlin en 1878.
Le premier eut lieu à la fin des guerres napoléoniennes, peu avant la défaite de Waterloo, et ouvrit la voie à la création de la Sainte Alliance qui devait garantir que jamais plus les idéaux républicains ne feraient vaciller les trônes d’Europe.
Le tournant de 1991 a relancé la lutte contre l’idéologie républicaine, visant cette fois le communisme, les différentes variantes du socialisme ainsi que tout mouvement ou parti politique revendiquant la défense des intérêts des populations, à l’intérieur comme en dehors des frontières de l’Europe, contre les élites internationales dites « euro-atlantistes ».
Le second modèle, celui défini par la Congrès de Berlin, initia le processus de redécoupage des États de la péninsule balkanique et de partition de l’Afrique qui devaient débuter véritablement six ans plus tard à la Conférence de Berlin.
Il est inutile de s’attarder sur les similitudes entre cette époque et les événements récents tant celles-ci semblent évidentes.
La Conférence de Berlin, qui réunit des représentants d’Autriche-Hongrie, de Belgique, de Grande-Bretagne, du Danemark, de France, d’Italie, des Pays-Bas, du Portugal, de Prusse, d’Espagne et de Suède-Norvège, organisa avec le plus absolu cynisme le pillage et le sac du continent africain, notamment le bassin du Congo et la région des Grands Lacs.
Elle dessina également les modèles d’offensives militaires et économiques menées conjointement par les puissances occidentales contre des populations quasiment sans défense, schéma qui devait se répéter en Asie en 1900, lorsque des troupes austro-hongroises, belges, françaises, allemandes, italiennes, japonaises, russes et états-uniennes envahirent la Chine pour mettre un terme à la révolte des Boxers et protéger les intérêts économiques occidentaux.
Pour démontrer la pertinence de ce parallèle, voici ce qu’écrivirent George Robertson et Paddy Ashdown dans les colonnes du Times de Londres en juin dernier « la collaboration multilatérale au niveau européen doit … mettre davantage l’accent sur les questions de défense si elle veut être réellement crédible. Il faut accélérer la constitution d’unités de combat au sein de l’UE, compatibles avec les forces de l’OTAN, et formant la base d’une force anti-insurrectionnelle européenne capable d’intervenir dans des États en proie à la guerre civile ou dans un contexte post-conflictuel. » [5]
Point culminant de cette plaidoirie, cette analyse aussi abrupte qu’édifiante : « Pour la première fois depuis plus de 200 ans, le monde qui se dessine n’est plus intégralement dominé par l’Occident. Si nous voulons influer sur cet environnement plutôt que nous retrouver à sa merci, si nous voulons nous attaquer à certaines menaces liées à la mondialisation, alors un multilatéralisme concret s’impose … »
Que l’on considère ou non comme une nécessité cette volonté des principales puissances occidentales et de leur classe dominante de conserver, reconquérir ou étendre la domination mondiale, leur plan n’en constitue pas moins une véritable stratégie.
Contrairement aux élucubrations d’obscurs universitaires s’évertuant à redessiner le monde depuis le silence feutré de leur bibliothèque, ces déclarations ont eu les honneurs du Times car leurs auteurs ne sont en aucun cas des théoriciens, historiens ou penseurs politiques de second ordre.
Ils sont au contraire les principaux architectes et les exécutants sans pitié de l’ordre qu’ils défendent. Ils ont fait leurs preuves dans l’après-Guerre froide, ou, selon ce qui pourrait être leurs propres termes, dans ce laboratoire postmoderne que furent les Balkans aux cours des années 1990.
Lord George Robertson, ancien ministre britannique de la Défense, membre à vie de la Chambre des Lords et Baron de Port Ellen, fut Secrétaire général de l’OTAN de 1999 à 2004, succédant à Javier Solana, lequel fut par la suite nommé Haut Représentant pour la Politique Étrangère de Sécurité Commune et Secrétaire général du Conseil de l’Union Européenne et de l’Union de l’Europe Occidentale, ce qui équivaut au poste de ministre des Affaires étrangères de l’UE.
Paddy Ashdown fut Haut Représentant international pour la Bosnie-Herzégovine de septembre 2002 à mai 2006 où il se distingua par des méthodes arbitraires, despotiques et impitoyables qui lui valurent le surnom de « vice-roi », justifié en partie parce qu’il était le fils d’un ancien officier de l’Armée des Indes et parce que lui-même incarnait par son style le colonialisme passé et sa résurgence moderne.
Il y a près de quatre ans, la Commission internationale pour les Balkans, créée à l’initiative notamment du German Marshall Fund émit une critique virulente de la politique de l’Union Européenne et des Nations Unies dans les Balkans.
« La commission estime que la démocratie a été bafouée en Bosnie « par l’autorité coercitive » de Paddy Ashdown, le Haut Représentant de l’UE ».
Selon la commission, « les représentants internationaux se mêlent d’ingénierie sociale mais ne rendent aucun compte en cas d’échec de leur politique. Si les usages néocoloniaux des Européens se poursuivent, cela engendrera un mécontentement économique … » [6]
L’an dernier, comme pour le récompenser des faits évoqués, Ashdown se vit confier la succession des anciens maîtres de son père sur le sous-continent indien, un rôle que la presse qualifia à l’époque de « super-émissaire » en Afghanistan et qu’un quotidien britannique décrivit avec une certaine admiration : « Lord Ashdown serait chargé d’unifier les efforts de l’OTAN et des Nations Unis en Afghanistan. Pour cette mission de la plus haute importance, sa candidature devrait recevoir l’appui des responsables de l’OTAN. » [7]
Le gouvernement afghan témoigna moins d’enthousiasme que les partisans d’Ashdown et celui-ci vit finalement sa candidature rejetée, une preuve de l’esprit très « prémoderne » du peuple afghan (pour une définition du terme, voir plus bas).
Car, que le gouvernement de Kaboul ait été ou non informé des antécédents d’Ashdown, aux yeux des Afghans, celui-ci incarnait une version « postmoderne » de l’ancien diplomate britannique et éminence grise de Tony Blair en matière de politique étrangère Robert Cooper.
L’éminence grise en question est l’auteur de deux ouvrages, The Post-Modern State and the World Order (2000) et The Breaking of Nations : Order and Chaos in the Twenty-First Century (2003) et a contribué au premier ouvrage de la collection « Re-Ordering the World » The Long-Term Implications of September 11 (2002).
Cooper est considéré comme le père du « nouvel impérialisme libéral » et fut brièvement le représentant spécial de Tony Blair en Afghanistan suite à l’invasion de 2001.
Tout comme Robertson et Ashdown, il a joué un rôle dans l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies et de politiques impérialistes.
Dans son premier livre, The Post-Modern State and the World Order, il classait les pays du monde en trois catégories : les prémodernes, les modernes et les postmodernes, une distinction qui, malgré une formulation légèrement différente, renvoie à la tendance des ses prédécesseurs à diviser le monde entre populations civilisées et sauvages.
Des variantes de cette conception du monde sont réapparues en Occident après la fin la Guerre froide et le nouvel ordre international qui s’est imposé par la suite a permis aux grandes puissances occidentales de se contenter de vagues engagements quant au respect de la majorité nouvellement émancipée de la population mondiale et de ses cultures, souvent plus anciennes et précieuses que celles des anciens colonisateurs et de leurs alliés nord-américains.
Après s’être vu refuser la possibilité de perpétrer la tradition familiale en Afghanistan, Ashdown devint le bras droit de Javier Solana en acceptant la charge de directeur général des affaires politiques et militaires auprès du Secrétariat général du Conseil de l’Union Européenne, position qu’il occupe encore à ce jour.
Cooper est également connu pour son rôle essentiel dans la création de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense (PESD), présentée initialement comme Identité Européenne de Sécurité et de Défense lors du sommet des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Berlin, en 1996, où il fut convenu que l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) superviserait sa création au sein des structures de l’OTAN.
La PESD est aujourd’hui dirigée par le Haut Représentant de l’Union Européenne pour la Politique Étrangère et de Sécurité Commune, Javier Solana, dont le principal collaborateur n’est autre que Robert Cooper. La PESD fut mise à l’épreuve pour la première fois en Macédoine en 2003 quand elle prit la succession de l’OTAN et demeure le principal outil de défense de l’UE.
Seconde victime de la campagne de Yougoslavie de l’OTAN en 1999, la Macédoine fut une première en matière de prise de relai par l’UE des missions d’occupation et de répression de l’OTAN, la force EUFOR Concordia succédant à l’Opération Allied Harmony.
En 2004, l’OTAN céda un nouveau protectorat à l’UE : la Bosnie, où la force de stabilisation SFOR fut remplacée par l’opération EUFOR Althea.
En 2008, l’Alliance Atlantique débuta le transfert du commandement de la KFOR (Kosovo Force), conformément à la résolution 1244 de l’ONU, à la mission EULEX de l’UE, entraînant une vive condamnation de la part de la Serbie et de la Russie.
En novembre de la même année, l’OTAN transmit les rênes de l’opération navale de grande ampleur EUNAVFOR Atalanta dans le Golfe d’Aden et au large de la corne de l’Afrique à l’Union Européenne, ce qui fut décrit comme « une grande première pour l’UE car elle se déroule loin du continent européen … L’opération Atalanta est un projet ambitieux. La zone maritime à contrôler est énorme… » [8]
Ces « missions de civilisation » menées conjointement par l’UE et l’OTAN dans des « zones de non droit » sont en constante expansion dans le monde prémoderne et moderne.
En février de cette année, le président du Comité militaire de l’OTAN Giampaolo Di Paola développa l’idée d’une mission trilatérale UE-OTAN-USA en arguant de « la nécessité d’une nouvelle forme de gouvernance au sein de laquelle l’OTAN, l’UE et d’autres grandes organisations internationales auront un rôle à jouer ». [9]
Quel type de gouvernance mondiale ? Qui sont censés en être les gardiens autoproclamés ? Voilà qui justifie une étude approfondie. Les dirigeants de Bruxelles et de Washington évoquent fréquemment une « communauté internationale » quand l’expression cadre avec leurs discours, et ignorent aussi régulièrement les demandes de la véritable communauté des nations dans le cas contraire.
La population totale des 27 États membres de l’Union Européenne n’excède pas 500 millions d’habitants, soit moins du douzième de la population mondiale.
Si l’on y ajoute la population des États membres de l’OTAN hors UE, les USA, dont les 300 millions d’habitants représentent l’équivalent de 40 % de la population intra-communautaire, le Canada, la Norvège et l’Islande, le total dépasse à peine 800 millions d’âmes, soit moins du septième de la population mondiale.
Les principaux membres de l’UE et de l’OTAN sont les anciennes puissances coloniales : la Grande-Bretagne, la France, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas et le Danemark ; au nombre des nations s’étant également taillé une « place au soleil » figurent la Belgique, l’Italie et l’Allemagne.
À partir de missions commerciales qui consistèrent rapidement en l’instauration de monopoles avant d’impliquer une occupation militaire pour aboutir à une complète domination économique, politique et militaire, les grandes puissances occidentales s’attribuèrent d’immenses territoires en Asie, en Afrique, en Amérique et en Océanie dont elles firent leurs prés carrés et leurs zones d’influence respectives.
Vestiges de cette époque, de nombreux États membres de l’OTAN et de l’UE conservent des possessions territoriales, principalement des îles et des terres volées aux indigènes.
Parmi ceux-ci, citons la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, le Danemark et les USA.
Ce sont justement ces États qui dénient à tout autre, y compris en Europe, le droit d’exercer une influence sur des régions n’ayant pas fait partie intégrante de leur territoire depuis plusieurs siècles, c’est par exemple le cas de la Serbie avec le Kosovo ou de la Russie avec l’Ukraine.
Les grandes puissances occidentales sont également coupables d’avoir organisé la traite négrière, le plus vaste déplacement forcé de population de toute l’histoire avec entre 10 et 30 millions d’individus déportés de l’autre côté de l’Atlantique entre le XVIe et le XIXe siècle.
Parmi les pays coupables de ce commerce triangulaire figurent la Grande-Bretagne, la France, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, le Danemark et, plus tard, les États-Unis.
C’est l’un des fondements obscurs de la communauté transatlantique.
Si des termes et concepts obsolètes et discrédités tels que le « Fardeau de l’homme blanc, » la « Destinée manifeste », une « place au soleil », l’« espace vital » ou un « empire sur lequel le soleil ne se couche jamais » ne sont plus d’usage aujourd’hui, la conception du monde et les objectifs géopolitique qui les sous-tendaient ont bel et bien survécu, ils ont simplement été dépoussiérés et rebaptisés.
Les forces militaires occidentales sont à nouveau présentes sur les territoires qu’elles occupaient jadis et où on ne pensait plus jamais les revoir : les Britanniques présents en Afghanistan, en Irak et en Sierra Leone, les Français intervenant en Haïti, alors que le pays fêtait le bicentenaire de son indépendance, et en Côte d’Ivoire et les États-uniens aux Philippines.
Mais il ne s’agit pas d’une série d’actions isolées menées par les puissances occidentales alliées, ce qui apparaît c’est un réseau international et systématique de déploiements militaires planifiés et coordonnés au service d’objectifs géostratégiques aussi vastes que précis.
Malgré la désapprobation très largement médiatisée que suscita la seconde guerre du Golfe en 2003, les 26 États membres de l’Alliance atlantique ont tous dépêché des personnels en Irak et au Koweït voisin dans le cadre d’une mission d’entraînement de l’OTAN (NTM-I).
Moins de deux ans après le début de l’invasion, l’Alliance annonçait que « le but de l’OTAN est de former cette année un millier d’officiers et d’officiers supérieurs » et que « l’Union Européenne a consenti à former 700 juges, procureurs et gardiens de prison irakiens ». [10]
Plus tard en 2005, Victoria Nuland, l’ambassadrice des Éta ts-Unis auprès de l’OTAN d’alors, ancienne conseillère de Dick Cheney pour les questions de sécurité, déclara : « Nous devons mettre un terme définitif aux rivalités, certaines réelles, d’autres imaginaires, pouvant exister entre l’UE et l’OTAN ».
Selon un site militaire, elle aurait insisté sur la nécessité que « l’OTAN et l’Union Européenne établissent une collaboration plus étroite que par le passé pour faire face à l’ensemble des défis militaires, politiques, d’équipement et de financement auxquels est confronté la communauté de défense transatlantique… » [11]
Le premier ambassadeur US nommé en Afghanistan suite à l’invasion de 2001, James Dobbins, qui dirigeait jusqu’alors l’International Security and Defense Policy Center (ISDP) à la Rand Corporation (un think tank US), exprima une opinion similaire en indiquant : « Il est donc grand temps de cesser de se demander ce que l’OTAN peut faire pour l’UE et de commencer à s’interroger sur ce que l’UE peut apporter à l’OTAN. Et l’Afghanistan est l’endroit tout désigné pour commencer. Les meilleurs résultats ne pourront être obtenus que dans une discussion tripartite impliquant l’OTAN, l’UE et les États-Unis. » [12]
Preuve supplémentaire du fait que l’influence du triumvirat UE-OTAN-USA s’étend bien au-delà des frontières de l’Europe, un mois après les déclarations de Dobbins, Julianne Smith, directrice adjointe des programmes de sécurité internationale au sein du think tank Center for Strategic and International Studies, exprima les regrets suivants lors d’une conférence organisée par le CSIS : « Oui, ils traitent de la situation dans les Balkans mais ça n’est pas encore assez. L’OTAN et l’UE devraient travailler sur la non-prolifération, sur le Caucase, l’Ukraine, la Moldavie – sur le problème dans son ensemble. » [13]
Au cours de la même conférence, Klaus Naumann, ancien directeur du Comité militaire de l’OTAN, en dit peut-être plus qu’il ne l’aurait souhaité en déplorant que « l’Europe soit à nouveau en proie à ses vieilles tentations souverainistes », signifiant ainsi que l’attachement à son pays et à son peuple constitue un obstacle à la consolidation de la domination de l’OTAN et de l’UE en Europe et au-delà. [14]
Le mois suivant, l’ancien Secrétaire général de l’OTAN Javier Solana déclara que la construction d’une défense européenne capable de se déployer à tout point du globe n’avait pas vocation « à remplacer l’OTAN » mais plutôt « à devenir un acteur international plus puissant et mieux à même de constituer un réel partenaire pour les USA », citant les Balkans comme la véritable épreuve de vérité pour le triumvirat « grâce à nos efforts conjoints, avec l’OTAN et les États-Unis… » [15]
Le mois suivant, Klaus Naumann signa un éditorial dans lequel il exigeait que « L’UE prenne les mesures nécessaires pour améliorer ses capacités de conduite des opérations. Les nouvelles unités de l’UE doivent être renforcées par des entraînements réguliers, en adoptant les standards de l’OTAN de préférence… » [16]
Dans le même article, il insistait sur le fait que « les deux organismes élargissent leur coopération stratégique au-delà de la péninsule des Balkans et de l’Afghanistan » et reprenait à son compte les recommandations de Julianne Smith selon lesquelles l’UE et l’OTAN doivent étendre leur champ d’action à d’autres « régions, telles que l’Ukraine ou la Moldavie ». [17]
L’intégration des activités de l’UE et de l’OTAN dans les domaines militaire et de politique étrangère a continué à se développer à un rythme soutenu pendant des années jusqu’à atteindre son paroxysme au sommet de l’OTAN de Bucarest, en avril 2008.
Au cours de ce sommet « la représentante permanente de Washington auprès de l’OTAN Victoria Nuland déclara que la condition du renforcement de l’OTAN était la construction d’une Union Européenne plus forte ». [18]
Un quotidien roumain rapporta : « Un haut responsable états-unien a récemment souligné le fait que, loin d’être vue comme une menace pour l’OTAN, la Politique Étrangère et de Sécurité Commune (PESC) consolidée est une nécessité absolue… » [19]
C’était alors la France qui présidait l’Union Européenne et le président Nicolas Sarkozy s’afficha comme le plus ardent défenseur d’un axe UE-OTAN-USA au sommet de Bucarest.
Même s’il n’en fut pas le seul : « Le président George W. Bush a approuvé jeudi l’idée selon laquelle l’Europe devait bâtir sa propre capacité de défense », a déclaré le président français Nicolas Sarkozy, évoquant un « tournant historique ».
« Le soutien de Bush à une Europe de la défense, selon les termes de Sarkozy, a été exprimé lors d’un sommet des responsables de l’OTAN à Bucarest… » [20]
Dans son discours, Bush répétait une nouvelle fois que « l’OTAN n’est plus une alliance statique… C’est aujourd’hui une alliance expéditionnaire qui projette ses forces sur l’ensemble du globe… » [21]
Son allocution comportait également la désormais traditionnelle dénonciation de l’ordre qui régna en Europe après la Seconde Guerre mondiale : « J’ai indiqué que l’Europe devait surmonter l’héritage amer de Yalta et effacer les frontières artificielles qui ont divisé ce continent pendant trop longtemps ». [22]
Au sujet des relations euro-américaines, une source roumaine a rapporté que « la nature des échanges transatlantiques connaît une mutation profonde en vue de s’adapter au nouveau contexte post-Guerre froide et de préparer une nouvelle forme de partenariat mondial ». [23]
La veille, la même source citait les propos de l’ancien ministre des Affaires étrangères roumain Mircea Geoana : « Ce que nous attendons de ce sommet, c’est … l’émergence d’une nouvelle alliance du XXIe siècle ». [24]
À la fin du sommet, dénonçant une usurpation des fonctions de l’ONU par l’OTAN, le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov déclara : « Ils tentent … de constituer une nouvelle union mondiale autour d’un noyau dur occidental qui s’arrogerait quasiment toutes les prérogatives de l’ONU. » [25]
Avec la France dans le rôle du principal intermédiaire, puisqu’elle assumait alors la présidence de l’Union et avait fait connaître son intention de réintégrer le commandement militaire de l’OTAN, l’intégration militaire UE-OTAN-USA connut un développement sans précédent au cours de l’année écoulée.
Dans une dépêche en date du 10 novembre, le ministre de la Défense français Hervé Morin se félicitait du « renforcement des capacités militaires de l’UE, une condition indispensable à la réintégration de la France au sein de l’OTAN ». [26]
Au cours d’un conseil des ministres européens de la Défense (où la plupart des participants arboraient à la fois les couleurs de l’UE et celles de l’OTAN), Morin donna une idée du rythme de développement de ces capacités : « Je peux vous annoncer qu’au 10 novembre … nous avons effectué des progrès considérables, probablement autant que nous en avions accompli en 10 ans ». [27]
Dans le même temps, Jean-François Bureau, secrétaire général adjoint de l’OTAN, chargé des relations publiques, déclarait que « 21 des 27 états membres de l’UE sont aussi membres de l’OTAN et ces deux organisations agissent conjointement sur les théâtres d’opérations ».
« Du point de vue de l’OTAN, un besoin de coopération accru [avec l’UE] se fait sentir … sur les questions militaires. » [28]
La même source indiquait que, comme en Irak, des personnels militaires de l’UE s’entraînent aussi en Afghanistan.
En décembre dernier, une déclaration préliminaire du Conseil de l’Europe sur le développement des capacités de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense [PESD] réaffirmait l’objectif principal : « renforcer le partenariat stratégique entre l’UE et l’OTAN … » [29]
Selon une autre source, les dirigeants de l’UE ont signé une déclaration commune dans laquelle ils « conviennent de la nécessité de renforcer et d’optimiser les capacités de défense et souhaitent collaborer plus étroitement avec l’OTAN ». [30]
Un autre article daté du même jour rapporte en substance les propos du président français Nicolas Sarkozy qui aurait déclaré : « les USA ont cessé de considérer la PESD comme une politique agressive à l’encontre de l’OTAN, le président sortant George W. Bush et le président élu Barack Obama approuvent à présent tous deux la politique de l’UE ».
Il aurait également ajouté : « Il ne s’agit pas de choisir entre les USA et la PESD. Les deux vont de paire ». [31]
Le 9 décembre, le ministre des Affaires étrangères David Miliband et son homologue français Bernard Kouchner ont signé une déclaration commune dans laquelle ils confirment le rôle de soutien de l’UE dans le cadre des engagements militaire des USA et de l’OTAN dans le sud du Caucase ainsi que le caractère interchangeable des rôles joués par l’Union et l’Alliance : « L’Union Européenne a mandaté plus de 200 observateurs civils en Géorgie. Ils sont arrivés quelques semaines après le début des hostilités… ( Il n’y a pas d’armée européenne à proprement parler ; de même qu’il n’y a pas d’armée de l’OTAN (Il existe des armées nationales, qui sont employées, selon les besoins, pour des opérations nationales ou multilatérales, dans le cadre d’initiatives européennes ou de l’OTAN. » [32]
À l’aube du sommet anniversaire des 60 ans de l’OTAN des 3 et 4 avril à Strasbourg et Kehl, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont publié une tribune commune dans Le Monde, appelant à une collaboration et à une intégration plus approfondies entre l’UE et l’OTAN. A la Conférence annuelle pour la Sécurité qui s’est tenue à Munich le 7 février dernier, le ministre des Affaires étrangères britannique David Miliband a lui aussi appelé à une meilleure intégration des politiques et des actions de l’OTAN et de l’UE et a rappelé la clause d’assistance mutuelle de l’OTAN : « L’OTAN apporte sa contribution à la défense collective. L’article 5 et l’intégration des structures militaires garantissent à chaque allié l’inviolabilité de ses frontières. » [33]
Une source allemande a ainsi rapporté le contenu du discours du vice-président états-unien Joe Biden : « Les Américains veilleront scrupuleusement à ce que le bras de fer avec Téhéran ne vire pas à un affrontement entre l’Iran et les seuls États-Unis. » Le message délivré par Biden à Munich est le suivant : « Chaque pays membre de l’OTAN et chaque État membre de l’UE se trouve désormais impliqué. Tel est le prix de l’ouverture et de la nouvelle coopération transatlantique. ». [34]
En d’autres termes, tous les pays membres de l’OTAN sont liés aux USA par les dispositions de l’article 5, article qui fut invoqué et appliqué pour la première fois après le 11 septembre 2001, et l’UE est aujourd’hui si étroitement connectée à l’OTAN qu’elle se trouve liée par chacune de ses décisions, ainsi que par celles des USA.
Depuis le début de l’année, la République Tchèque assure la présidence de l’Union Européenne.
Lors d’une émission intitulée « Vondra appelle à l’unité de l’UE et de l’OTAN sur la question de la Russie, des missiles et du gaz », le vice-Premier ministre Alexandr Vondra emporta l’adhésion de ses compatriotes sur l’implantation d’une base radar du dispositif anti-missile états-unien en déclarant « Les Européens et les Américains doivent bénéficier du même niveau de sécurité … il est donc essentiel de développer ce système de défense anti-missile. ». [35]
Il n’est pas difficile de comprendre les mécanismes en jeu : l’UE a atteint un tel degré d’intégration que ses décisions politiques, militaires et de sécurité se confondent avec celles de l’Alliance et, étant que donné que, plus qu’un simple membre, les USA sont le fondateur de l’OTAN, l’UE est donc inextricablement impliquée et soumise à la politique de Washington.
Mi-février, le speaker de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi s’est rendue en Italie où elle a pris à parti les dirigeants européens au sujet de la guerre en Afghanistan en ces termes : « Nous devons définir nos priorités… L’Italie, l’Union Européenne, les États-Unis, l’OTAN, nous devons tous nous demander où se situent nos intérêts en matière de sécurité… » [36]
Deux jours plus tard, l’Italie annonçait l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan.
Réunies sous la bannière de l’OTAN, les puissances occidentales se sont arrogé une légitimité pour s’ingérer dans les affaires régionales et internes de pays situés en tout point du globe et le droit exclusif d’employer la force hors de leurs frontières.
Bien qu’il leur arrive de faire appel aux Nations Unies dans le cas d’une offensive contre un état ciblé ou pour justifier une guerre, en amont ou en aval, les dirigeants occidentaux ne reconnaissent aucun rôle à des organisations comme le Mouvement des Non-Alignés (114 membres), l’Union africaine (53 membres), l’Organisation des États Américains (33 membres), la Ligue Arabe (23 membres), l’Organisation de la Conférence Islamique (57 membres), la Communauté des États Indépendants et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, l’organisation de Coopération de Shangaï ou encore l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est.
Elles ne leur reconnaissent aucune légitimité à traiter les défis planétaires ou même à jouer un rôle local ou régional pour le futur des populations de leurs états membres.
Dès lors, comment s’étonner si certains voient dans l’OTAN l’Ordre Teutonique des Aryens du Nord…
En février, des pressions se firent sentir lors d’une session du Parlement Européen en vue de poursuivre l’intégration au sein de l’OTAN.
Ari Vatanen, un parlementaire représentant la France, fut l’un de ceux désignés pour cette mission. Il déclara que l’UE « ne pourra réellement optimiser son potentiel qu’en développant de forts liens transatlantiques et une relation de complémentarité avec l’OTAN ».
Ce à quoi l’eurodéputé allemand Tobias Pfluger répondit : « Tous les efforts visant à renforcer l’OTAN par une collaboration plus étroite avec l’UE accroissent les risques de conflits internationaux. Ils contribueront également à accélérer la militarisation de la politique étrangère européenne et la tendance à recourir à la force au lieu de « résoudre » les conflits ». [37]
Les positions de Vatanen et de Pfluger ne sont pas simplement opposées, elles s’excluent mutuellement, dans la mesure où aucune ne peut s’accommoder de l’autre et où elles constituent les deux seules alternatives. Il n’y a ni juste milieu ni troisième voie.
L’Europe, comme le monde dans son ensemble, peut décider de laisser croître cette domination en renforçant son alliance militaire internationale, outil de son expansionnisme agressif, le plus important de l’Histoire, ou elle peut choisir de s’organiser en vue de son démantèlement.
[1] NATO International, 31 mars 2005.
[2] Associated Press, 26 mai 2005.
[3] Ibid.
[4] Deutsche Welle, 13 avril 2005.
[5] The Times, 12 juin, 2008.
[6] International Herald Tribune, 29 avril 2005.
[7] The Telegraph, 6 décembre 2007.
[8] Radio Netherlands, 21 novembre 2008.
[9] ADN Kronos International [Italie], 13 février 2009.
[10] San Francisco Chronicle, 21 mars 2005).
[11] Defense News, 23 septembre 2005.
[12] International Herald Tribune, 30 septembre 2005.
[13] Defense News, 14 octobre 2005.
[14] Ibid.
[15] Defense News, 10 novembre 2005.
[16] Daily Times [Pakistan], 1er décembre 2005.
[17] Ibid.
[18] Der Spiegel, 1er avril 2008.
[19] Nine O’Clock News, 31 mars 2008.
[20] Deutsche Presse-Agentur, 3 avril 2008.
[21] USA Today, 1er avril 2008.
[22] Ibid.
[23] Nine O’Clock News, 3 avril 2008.
[24] Nine O’Clock News, 2 avril 2008.
[25] Interfax, 17 avril 2008.
[26] Agence France-Presse, 10 novembre 2008.
[27] Ibid.
[28] United Press International, 12 novembre 2008.
[29] Irish Times, 11 décembre 2008.
Le même communiqué précisait : « Les responsables de l’UE doivent également approuver une déclaration relative au renforcement des capacités de la PESD, qui définira de nouveaux objectifs pour l’EU comme le déploiement de 60 000 hommes dans un délai de 60 jours et de milliers de personnels civils dans le cadre d’une dizaine de missions simultanées ». [[Ibid.
[30] Deutsche Presse-Agentur, 12 décembre 2008.
[31] EUobserver, 12 décembre 2008.
[32] United Kingdom Foreign and Commonwealth Office, 9 décembre 2008.
[33] United Kingdom Foreign & Commonwealth Office, 7 février 2009.
[34] Der Spiegel, 9 février 2009.
[35] Deutsche Presse-Agentur, 7 février 2009.
[36] Agence France-Presse, 16 février 2009.
[37] Parlement Européen, 17 février 2009.
Article original en anglais, EU, NATO, US: 21st Century Alliance For Global Domination, publié le 19 février 2009.Traduction : Thomas Janet pour le Réseau Voltaire.
Mondialisation.ca, Le 12 mai 2009
14.5.09 21:16
http://basta.20six.fr/basta/art/167347815/

Dernière entrée :
À l'école du futur, Amnesty et le dossier de la disparition forcées au Maroc, La révolution Zuma, Pour une Nation Humaine Universelle !, Zéro Expulsions de Palestiniens, MAINTENANT !

Partager

mercredi, mai 13, 2009

Zéro Expulsions de Palestiniens, MAINTENANT !

Qu’est ce qu’un monde de Paix ? Une société sans violences est-elle possible ? Des rapports humains dénués d’ambition dominatrice sont-ils envisageables ? Quel type de société les initiateurs et les initiatrices de la Marche Mondiale pour la Paix et la Non-Violence qui partira de Wellington en Nouvelle Zélande, le 2 octobre 2009 et se terminera à Punta de Vacas en Argentine, dans la Cordillère des Andes, le 2 janvier 2010, visent-ils /elles à édifier ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles a bien voulu répondre Alain Ducq, porte-parole du « Nouvel Humanisme » ou « Humanisme universaliste », un courant de pensée qui vise à « l’émergence d’une Nation Humaine Universelle ». Une ambition qui se donne tous les moyens pour voir le jour…

Comment est née l’idée de la Marche Mondiale pour la Paix et la Non-violence ?
Alain Ducq : Du constat fait par les membres de Monde sans Guerres et plus largement du Mouvement Humaniste que le risque de guerre nucléaire n’avait jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. Du fait de la prolifération de la technologie nucléaire, dans ce contexte de crise civilisationnelle généralisée ; où les inégalités socio-économiques entre les nations et au sein de chacune d’entre elles, atteint des proportions abyssales ; où les institutions démocratiques semblent de plus en plus vidées de leur sens par la pression des pouvoirs financiers ; où les nationalismes et les extrémismes religieux semblent se multiplier. , nous sommes à la merci de la folie d’un dirigeant quelconque, d’un groupe terroriste ou même d’un accident. Malheureusement l’actualité nous donne raison. Il y a quelques jours la Corée du Nord a menacé le Japon d’un orage de feu s’il mettait en échec le lancement de son satellite. En février, le sous-marin nucléaire français, le Triomphant, a percuté le sous-marin britannique Vanguard. En mars, le sous-marin nucléaire d’attaque américain Hartford est entré en collision avec un navire. Le projet de bouclier spatial américain en République Tchèque et en Pologne fait monter la surenchère et incite de nouveaux pays à vouloir se procurer l’arme nucléaire. Il nous est apparu urgent d’agir pour favoriser une prise de conscience planétaire de ce danger. L’idée de cette Marche Mondiale ouverte à toutes les personnes, les organisations et les initiatives se reconnaissant dans ses valeurs est alors apparue comme la solution la plus adéquate.

Quel modèle de société les initiateurs de la Marche Mondiale aspirent à édifier ?
Alain Ducq : Une société où il n’y a pas 10 enfants qui meurent chaque minute de maladie curable pendant que l’on dépense 3 millions de dollars en armement. Avec 10 % du budget consacré aux armes dans le monde chaque année, on pourrait en finir avec la faim dans le monde. Imaginez ce que l’on pourrait faire avec 50 ou 100% de ce budget ?

Qu’est ce qu’un monde sans guerres et sans violences ?
Alain Ducq : Les cinq revendications de la Marche Mondiale sont les premiers pas les plus urgents pour faire cesser les guerres : le désarmement nucléaire. Le retrait des troupes étrangères des territoires occupés. Le désarmement progressif des armes conventionnelles. La signature de traités de non agression entre les nations ainsi que le renoncement à la guerre par les Etats comme façon de résoudre les conflits. Mais il ne faut pas s’arrêter là. Nous voulons un monde sans violence que celles-ci soient économiques, raciales, religieuses, sexuelles, psychologiques ou physiques. Nous sommes conscient que la violence physique avec ou sans armes est souvent la conséquence des autres types de violence déjà cités. L’exploitation économique, les discriminations basées sur la couleur de peau, la religion, le sexe, les différentes formes de violences psychologiques doivent être combattues de façon à arriver progressivement à une société plus juste. De ce point de vue, il est urgent de remplacer l’argent qui est aujourd’hui la valeur centrale par l’Etre Humain en le mettant au premier rang de nos préoccupations. Cela devrait être le cas dans les rapports économiques, sociaux, politiques, interculturels et intergénérationnels, comme dans les rapports entre l’Homme et sa planète.

Une société sans violences est-elle possible ?
Alain Ducq : C’est non seulement possible mais surtout nécessaire. Dans un appel à tous les humains, Albert Einstein et Bertrand Russel avaient énoncé le choix auquel l’humanité est confrontée : « Allons-nous mettre fin à la race humaine ou l’humanité renoncera t-elle à la guerre ? » La question peut être renversée : une société violente est-elle possible ? La réponse est non. La crise financière actuelle qui a fait perdre d’un coup leur emploi à 50 millions de personnes n’est qu’un des nombreux signaux qui témoigne de l’échec d’une société basée sur la méthodologie de la violence. Et ce n’est qu’un début…

Que répondre à ceux et à celles qui prétendent que la violence est un mal nécessaire ?
Alain Ducq : Je commencerai par leur demander ce qu’elles ressentent quand elles-mêmes ou leurs proches sont victimes d’une forme de violence ou d’une autre ? Trouvent-elles que c’est un mal nécessaire ? En vérité ce type d’argument a toujours servi à justifier les pouvoirs en place dans une perspective conservatrice. C’est aussi une croyance millénaire ancrée profondément dans les mentalités de nombreux peuples. Ne prétend t’on pas que la violence fait partie de la « Nature Humaine » ? Ou ne dit-on pas : « Si tu veux la Paix, prépare la Guerre ? » Ce point de vue part d’une conception naturaliste et figée de l’Etre Humain qui n’est ni naturellement bon ni naturellement mauvais. L’Etre Humain est d’abord intentionnel. Il a la capacité de choisir entre diverses réponses possibles quand le milieu naturel ou social dans lequel il vit ne répond pas à ses aspirations. Il peut chercher à imposer la solution qui « l’arrange » quel qu’en soit le prix. Il peut aussi rechercher le dialogue avec l’autre ou d’autres façons pour satisfaire l’intérêt commun. Un monde sans violences nécessite un bouleversement des habitus et ainsi une recomposition des savoir être et du rapport à soi et aux autres.

Quels facteurs contribueraient à atteindre cet idéal de société basée sur des rapports humains égalitaires ?
Alain Ducq : Le premier facteur serait une révolution des mentalités. Il est nécessaire de placer l’Etre Humain comme valeur centrale dans tous les champs de l’activité humaine. Dans le domaine de l’ordre mondial, il faut en finir avec cet ordre néo-libéral absurde et criminel qui sacrifie les intérêts des peuples à la satisfaction de quelques-uns. La satisfaction des besoins humains en matière d’éducation, de santé, de qualité de vie doit orienter l’activité économique. Par ailleurs, il faut en finir avec le prétendu « Choc des civilisations ». Il est en effet vital que les civilisations apprennent à se connaître et à dialoguer sur la base de leurs valeurs humanistes respectives dans ce contexte de mondialisation croissante. Enfin, au niveau de la personne, il est nécessaire d’apprendre à traiter les autres comme on aimerait être soi-même traité. S’il est facile de voir la violence chez les autres, on reconnaît moins la sienne. Cette règle d’or quasi universelle même si elle est exprimée avec des mots différents selon les cultures, devrait inspirer l’éducation, le monde du travail, la politique, les rapports intrafamiliaux, etc.

Quelle serait l’image d’un monde sans violence et sans guerres ?
Alain Ducq : Un monde où l’extraordinaire diversité humaine au niveau des individus, des groupes et des cultures serait vue comme un facteur de richesse pour tous. Les rapports humains seraient basés non sur le profit mais sur la solidarité, la coopération, la recherche permanente de l’intérêt commun. Nous apprendrions dès notre plus jeune âge à explorer nos aspirations existentielles profondes et à aller vers l’autre avec confiance et en recherchant ses qualités, son intention positive et ses plus belles aspirations. Les nécessités de base en matière d’alimentation, de logement, de santé, d’éducation seraient bien sûr résolues pour tous sur toute la planète. Un monde où chaque Etre Humain en se levant le matin et en commençant les activités de sa journée aurait le sentiment profondément vécu de participer à la construction d’une Nation Humaine Universelle au Futur immensément ouvert.

mardi 12 mai 2009 par Nadia Agsous / Oulala

Dernière entrée :

Partager

lundi, mai 11, 2009

Plus de 70% des Gazaouis souffrent de malnutrition…

Qu’est devenue Gaza depuis l’arrêt des bombardements de l’armée israélienne sur la population civile et les biens publics en janvier 2009 ? Quelle est la situation socio-économique qui prévaut dans cette région de la Palestine qui tente tant bien que mal de panser ses blessures et de se reconstruire ? Quels sont les effets du blocus israélien sur la vie quotidienne des Gazaouis ? Quel est le bilan de la situation actuelle ?
Suffocation économique. Malnutrition : une atteinte à la santé humaine
« Peux-tu imaginer que lorsqu’un de mes enfants me demande un shekel (0,2 euro, je ne peux même pas le lui donner. C’est pour ça que je me cache de mes enfants du matin au soir, écrit Rami Almeghari dans son article « Le blocus aggrave la malnutrition à Gaza » rapportant les confessions du Gazaoui, Naser Al-Batran (41 ans). Ce père de cinq enfants qui réside au centre de la Bande de Gaza s’est retrouvé au chômage après qu’Israël ait bouclé les passages frontaliers en juin 2007. Auparavant, il était ouvrier dans une usine de tissage. Puis pour rendre compte de l’extrême précarité de la situation dans cette région de la Palestine qui a vécu sous les bombes de l’armée israélienne pendant presque un mois, il ajoute « la vie est devenue misérable, extrêmement misérable".
En effet, selon les témoignages de la population locale et les observateurs, les conséquences du blocus économique qui est en vigueur à Gaza depuis 2007, sont visibles sur tous les aspects de la vie quotidienne. Effondrement de l’économie locale. Baisse du niveau de vie. Crise alimentaire. Pénurie des denrées les plus élémentaires. Appauvrissement du régime alimentaire. Difficulté voire impossibilité d’accéder à la nourriture et à l’eau potable. Restriction en fuel et en électricité. Carences nutritionnelles. Et cette situation socio-économique a bien évidemment des conséquences néfastes sur la santé des Gazaouis. Cette dégradation des conditions de vie ainsi que l’appauvrissement de la population gazaouie a également été mise en exergue par plusieurs instances nationales et internationales.
Ainsi, selon l’agence iranienne de presse SHABESTAN, Jamal Al-Khisri, président du comité populaire qui mène une lutte contre le blocus de Gaza a déclaré qu’environ 55% des enfants de Gaza souffraient de malnutrition et manquaient de fer.
De son côté, le Ministère Hamas de la Santé fait état d’une augmentation de la malnutrition au cours des 11 derniers mois chez la population gazaouie puisque plus de 70% des 1,5 millions d’habitants de Gaza souffrent d’anémie dont 44% de femmes enceintes. Cette situation semble concerner plus de 10% des enfants âgés de moins de 18 ans.
Dr Adnan Abdel Aziz Al Wahadi qui dirige le service de soins de l’organisation sanitaire Ard Al-Insan à Gaza impute cette situation à « l’impossibilité, pour beaucoup de ménages palestiniens d’acheter la nourriture de base. Situation qui a contribué à aggraver cette problématique de santé".
Par ailleurs, les résultats d’une enquête récente sur la malnutrition menée par cette institution sanitaire ont mis en évidence le fait qu’environ 10,4% des ménages de la Bande de Gaza souffrent de malnutrition chronique mettant ainsi en lumière l’existence de difficultés de croissance en poids et en taille.
L’UNICEF a pour sa part confirmé ce constat on ne peut plus déplorable. Pour cette institution, l’émaciation constitue un véritable problème de santé publique puisque le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition aiguë a doublé en 2008 atteignant 2,4%.
Et selon l’Organisation Mondiale de la Santé, ces retards de croissance semblent être le résultat d’un manque de protéines, de vitamines et de fer pendant et après l’offensive israélienne sur Gaza. Par ailleurs, des résultats d’une évaluation du taux d’anémie à Gaza doivent être rendus publics en mai 2009.
En juillet 2009, une évaluation similaire doit être menée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). L’évaluation qualitative de la sécurité alimentaire à Gaza menée en 2008 et au début de l’année 2009 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) laisse apparaître une hausse de l’insécurité alimentaire. Le Bureau central palestinien de la statistique (PCBS) révèle une baisse de 10% des vivres et de la consommation d’énergie. En effet, Israël aurait procédé à une réduction des livraisons de nourriture, de diesel et de gaz au point où des conducteurs auraient été contraints d’utiliser de l’huile de table..

La faute incombe à Hamas ... du point de vue des autorités israéliennes
Lors d’une déclaration en 2008, Mark Regev, le porte-parole du Premier ministre israélien Ehud Olmert, avait déjà imputé cette situation à Hamas car lors des retraits d’’Israël de la Bande de Gaza, « la population a, selon lui, été « l’otage » de l’idéologie « extrêmiste et nihiliste » du Hamas. "Si le Hamas avait concentré ses ressources sur le « régime alimentaire de la population » plutôt que sur les « roquettes Qassam et le Jihadisme violent », ce genre de problème n’aurait pas existé ».
Le blocus économique est plutôt une « punition collective... »
Selon Rashid Khalidi, professeur d’études arabes à Columbia, le blocus d’Israël sur la population de la bande de Gaza « avec le soutien des États-Unis et de l’Union Européenne » s’est davantage durci au moment où Hamas a gagné les élections au Conseil législatif palestinien en Janvier 2006. Par conséquent, « le carburant, l’électricité, les importations, les exportations et la circulation des personnes dans et hors de la bande de Gaza ont été lentement bloquée, aboutissant à des problèmes sanitaires, de santé, d’approvisionnement en eau et de transports qui mettent la vie des gens en danger ». Puis il poursuit, « en raison du blocus, beaucoup de gens se sont retrouvés au chômage, dans la misère et victimes de la malnutrition. Ce qui revient à une punition collective - avec le soutien tacite des États-Unis - d’une population civile pour l’exercice de ses droits démocratiques ».
10 mai 2009 / Oulala
Dernière entrée :

Partager