samedi, janvier 02, 2010

Racisme absolu et guerre totale

Une femme palestinienne marche à travers les bâtiments détruits pendant les 22 jours d’offensive israélienne contre Gaza, lancée le 27 Décembre 2008. Le jour anniversaire de la tuerie tragique commise par les Israéliens contre les Palestiniens, le monde se souvient que pas moins de 30 000 maisons palestiniennes ont été détruites lors de l’attaque israélienne, et que plus de 1400 personnes ont été assassinées - Photo : AFP


On constate une hausse importante du nombre de patients atteints de tumeurs cancéreuses et habitant dans des zones que l’armée israélienne a prises pour cible lors de sa guerre contre Gaza, écrit Saleh Al-Naami.

Mahmoud Hussein tente de retenir ses larmes tandis il contemple son frère Ahmed, âgé de 30 ans, qui souffre d’un cancer du côlon. La famille attend avec impatience que la frontière de Gaza soit ouverte pour qu’Ahmed puisse aller à l’extérieur se faire soigner, car du fait du blocus imposé par Israël, les installations médicales de Gaza ne permettent pas de traiter son cas. Ahmed, qui vit dans Gabalya, au nord de Gaza, n’est pas le seul Palestinien à développer un cancer à un âge relativement jeune.
Selon des sources médicales palestiniennes, on constate une hausse importante du nombre de patients atteints de tumeurs cancéreuses et habitant dans des zones que l’armée israélienne a prises pour cible lors de sa guerre contre Gaza. A la veille du premier anniversaire de la guerre, les Palestiniens sont choqués de découvrir encore ses effets néfastes. Une femme palestinienne dont la maison dans le quartier d’Al-Shaaf, à l’est de la ville de Gaza a été la cible de missiles au phosphore blanc, a donné naissance à un bébé avec un cœur déformé. Des médecins ont mentionné le cas d’une autre femme enceinte dans le nord de Gaza, dont la maison a été attaquée avec le même agent chimique et qui a donné naissance à un bébé atteint de la même déformation.
Sous le blocus, les chances de survie du nourrisson sont très faibles, les services médicaux dans la bande de Gaza ne’étant pas équipés pour traiter de tels cas. La maman a déclaré aux médecins que pendant la guerre, elle avait respiré de la fumée de phosphore blanc en grandes quantités à cause des attaques répétées sur la zone où elle habite. Le phosphore blanc est un agent chimique qui est incendiaire et hautement inflammable lorsqu’il est mélangé avec l’oxygène. Il brûle les tissus et les os à travers la peau, et les cadavres des victimes au phosphore blanc sont généralement extrêmement carbonisés.
Dans un rapport marquant le premier anniversaire de la guerre, le Centre Dameer pour les Droits de l’Homme a signalé « un niveau élevé de naissances de bébés mal-formés et de fausses couches ». Le Centre a aussi signalé que l’utilisation de munitions radioactives et toxiques par l’armée israélienne dans Gaza a entraîné une détérioration notable de la santé des Palestiniens. Le rapport était fondé sur une enquête ayant révélé que la santé et les conditions environnementales dans la bande de Gaza se détériorent de jour en jour à la suite de l’agression israélienne et de la fermeture des frontières par les forces d’occupation pour la troisième année consécutive.
Dans le même temps, des chercheurs italiens ont révélé que le sol de Gaza contient maintenant des particules cancérigènes et des toxines en raison de l’utilisation par Israël, au cours de la dernière guerre contre Gaza, d’armes interdites au niveau international. Dans une conférence de presse tenue dans la ville de Gaza, ces experts ont souligné que ces toxines et ces agents cancérigènes représentaient un risque élevé pour les enfants à venir, et a demandé au Ministère palestinien de la Santé de soumettre à un test tous les Palestiniens vivant dans les zones bombardées. Ces Italiens qui ont effectué le travail de terrain dans ces même zones, ont en outre averti que de nombreux résidents de Gaza souffraient de maladies gastro-intestinales et respiratoires chroniques.
Selon ces experts, les tests qui ont été réalisés dans la bande de Gaza ont montré que 12 types de toxines et produits radioactifs ont été libérés [dans l’air et dans les sols] par la large utilisation par Israël d’armes internationalement interdites. Ces armes ont entraîné l’amputation de nombreux blessés.
Encore plus de faits troublants ont été divulgués. Le Centre Adala pour les Droits de l’Homme a révélé de son côté que l’on trouve aujourd’hui dans la bande de Gaza le plus grand nombre de personnes handicapées dans le monde. Environ 4% des Palestiniens dans la bande de Gaza, soit 70 000 personnes, ont une certaine forme de handicap. Leur souffrance est encore compliquée par le refus par Israël d’autoriser le transfert des médicaments et des équipements de rééducation nécessaires. Dans le même temps Israël empêche tous ces handicapés d’aller à l’étranger chercher une assistance médicale.
Alors que les Palestiniens marquent le premier anniversaire de la guerre, les Israéliens finissent par révéler les vraies raisons à l’origine du traitement sauvage des Palestiniens par leur armée durant le conflit.
Un édit publié par le rabbin Avi Ronzki, général de brigade, aux troupes israéliennes à l’occasion de ce premier anniversaire, exige qu’il n’y ait aucune pitié ni aucune compassion envers les Palestiniens. L’édit mentionné dans les médias israéliens, déclare que « le but de la guerre récente sur Gaza visait à détruire et anéantir l’ennemi, à ne pas faire de prisonniers. » Il poursuit en disant que « environ 80 avions ont attaqué différentes cibles dans Gaza, puis les chars ont commencé leur assaut. Nous avons combattu les gentils avec tout notre volonté et toute notre force. »
Oren Yiftahel, professeur de sciences politiques à l’Université Ben Gourion du Néguev, a décrit les atrocités israéliennes pendant la guerre. « On s’attendait à ce comportement d’Israël et à un prolongement de la politique sioniste qui veut l’anéantissement du peuple palestinien, en effaçant son histoire et son existence. [Le sionisme] nie les droits légitimes du peuple palestinien, qui sont fondamentalement les leurs et ne dépendent pas d’un bon-vouloir israélien ».
Yiftahel a soutenu dans un article publié par le quotidien israélien Haaretz que « l’invasion israélienne de Gaza n’était pas une opération purement militaire pour mettre fin aux attaques de missiles, ou une tentative de rétablir la capacité de dissuasion d’Israël ou même une tentative pour imposer un ordre sur un autre et renverser le gouvernement élu du Hamas. La guerre est la continuation d’une stratégie de longue date de refuser, d’effacer et d’éliminer toute référence historique aux Palestiniens et à leur existence. »
Yiftahel a en outre accusé les Israéliens dans leur ensemble d’avoir participé pleinement à ce complot contre les Palestiniens, notant que les politiciens israéliens, les artistes, les médias, les chercheurs des universités ainsi que les intellectuels avaient appuyé cette guerre avec enthousiasme. Yiftahel affirme de même que la guerre d’Israël contre Gaza, et précisément contre le Hamas, était une réaction à l’arrivée du Hamas au pouvoir qui aurait rendu obsolète une solution à deux États. « Cette situation est idéale pour Israël, parce que cela signifie qu’il peut poursuivre son projet de colonisation sur une période indéterminée », a-t-il déclaré.
Toujours selon Yiftahel, la nomination, comme Premier ministre du gouvernement du Hamas, d’Ismaïl Haniyeh qui est né dans une famille de réfugiés donne aux Palestiniens une autre raison de ne pas céder sur le droit au retour des réfugiés palestiniens qu’Israël considère comme une question qui menace ses fondements. « Au lieu d’affronter la réalité avec toutes ses complications, Israël a recours au terrorisme d’Etat », écrit Yiftahel. « Plus de balles, plus d’explosifs, tuer des enfants et incendier les villes ne permettra pas de faire taire l’Histoire. Le temps perdu au profit des tambours de guerre sera regagné après qu’ils auront été chassés. »
L’historien israélien Tom Segev estime que « l’un des principaux objectifs de la guerre contre la bande de Gaza était d’exercer un principe ancré dans le sionisme, à savoir la nécessité de frapper les Palestiniens pour leur enseigner une leçon. C’est l’une des principales bases du projet sioniste depuis sa création. » Segev explique aussi que l’idée derrière tout cela est que « nous, les Juifs, représentons la modernité et la civilisation, la logique et l’éthique, les Arabes étant des sauvages primitifs animés de tendances irrationnelles violentes qui sont ignorants et doivent être disciplinés et éduqués sur la bonne manière de penser par l’utilisation de la carotte et du bâton ».
Segev poursuit en disant qu’Israël croyait que la guerre allait chasser le Hamas du pouvoir, « ce qui est une autre croyance sioniste, à savoir la nécessité d’imposer aux Palestiniens une direction modérée qui va céder sur ses aspirations nationales. » Segev décrit les raisons d’Israël et ses buts de guerre contre la bande de Gaza comme « basés sur des croyances fausses et qui ont échoué, mais qu’Israël continue à ressasser d’une guerre à l’autre. »
En fait, l’analyste politique et militaire israélien Ofer Shelah a été le premier à souligner que l’assaut contre Gaza a marqué la naissance d’une « nouvelle doctrine de défense d’Israël, à savoir qu’Israël « doit agir comme un Etat voyou face à des ennemis qui adoptent un stratégie d’infiltrations et de tirs à distance. » En d’autres termes, « de répondre à des tirs avec une vaste et sauvage opération militaire, quel que soit le nombre de victimes. »
Ces arguments expliquent les effets choquants de la guerre contre Gaza. Au cours de cette offensive, Israël a agi sur le principe très clair de régler ses questions sécuritaires par la confrontation avec le peuple palestinien, indépendamment des pertes dans les rangs des civils.

Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly / Traduction : Naguib
2 janvier 2010 -Info-palestine

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mercredi, décembre 30, 2009

Moubarak le maton d'Israël


Les cérémonies et manifestations qui commémorent depuis hier à Gaza le premier anniversaire de l'agression de l'armée israélienne contre ce territoire palestinien ont pour but d'empêcher que le voile de l'oubli ne retombe sur la tragédie vécue par la population pendant les 22 jours durant lesquels elle fut soumise à un déluge d'acier et de feu aussi bien par la voie des airs que terrestre et maritime.
Des volontaires venus du monde entier ont afflué aux frontières du territoire martyr avec l'intention d'exprimer aux côtés de sa population le refus du silence qui retombe si vite dans la communauté internationale sur les crimes et massacres commis en cette circonstance devant les yeux du monde entier par la soldatesque sioniste.Mais c'était compter sans la vigilance de l'Etat hébreu à empêcher que ces commémorations ne tournent à la condamnation universelle des « faits d'armes » de ses soldats et au procès public de ses responsables qui les ont ordonnés, dirigés et couverts. L'étonnant et le plus révoltant n'est pas que les Israéliens ont refusé aux citoyens étrangers l'entrée au territoire palestinien.
De leur part, il n'y avait rien d'autre à attendre, eux pour qui cette intrusion aurait constitué une brèche dans la chape de plomb qu'ils veulent maintenir sur ce qui s'est passé à Gaza pendant l'opération «plomb durci» et continue de se passer à cause du blocus inhumain qu'ils imposent toujours à ce territoire et à sa population. Ce qui l'est, c'est la complicité agissante dont l'Egypte « ourat eddounia » fait preuve à l'égard de l'Etat sioniste en interdisant elle aussi le passage sur son territoire vers Gaza des centaines d'étrangers venus manifester leur solidarité aux Palestiniens et leur refus de l'impunité des crimes sionistes.
Tout comme l'Etat hébreu, « ourat eddounia » a fermé sa frontière avec le territoire de Gaza. Moubarak se révèle comme l'auxiliaire zélé de Benyamin Netanyahu. Son comportement n'est pas pour surprendre. Si l'on se rappelle que la veille de l'opération d'agression surnommée « plomb durci », Tzipi Livni, alors ministre des Affaires étrangères d'Israël, était venue au Caire avoir son aval à celle-ci. Et il conforte la prévention qu'ont eue les responsables du Hamas sur la médiation égyptienne en vue soi-disant de faciliter la réconciliation inter palestinienne.
Le président égyptien n'est pas à une trahison près, y compris celle de jouer au supplétif de l'Etat sioniste avec lequel il a établi une alliance stratégique qui tourne le dos à la cause de la Palestine et du monde arabe en général.
Il a fait de son pays « ourat eddounia » en le braquant, non contre l'ennemi historique des Arabes mais contre un pays, l'Algérie en l'occurrence, dont les sacrifices pour leurs causes ont été aussi lourds que désintéressés.Il ne s'arrêtera pas dans cette voie, comme le prouvent les travaux ordonnés par lui destinés à rendre impossibles les passages souterrains dans la zone de Rafah frontalière de la bande de Gaza.Gaza est ainsi appelée à devenir une immense prison à ciel ouvert dont Benyamin Netanyahu est le directeur et Moubarak le « maton ».
Et le « pharaon » croit ainsi se voir reconnaître un rôle d'acteur essentiel du Proche et Moyen-Orient, alors qu'il a sombré dans l'infamie.

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Un jour nous serons tous des terroristes.



Chris HEDGES
Syed Fahad Hashmi pourrait vous en raconter sur le côté sombre des Etats-Unis. Il sait que nos droits défendus par le Premier Amendement ne sont plus qu'une farce, que l'habeas corpus n'existe plus et que nous torturons, non seulement dans des trous noirs comme la base aérienne de Bagram ou à Guantanamo, mais aussi dans le centre de détention métropolitain de Manhattan. Hashmi est un citoyen étasunien d'origine musulmane. Il a été emprisonné sous deux accusations de fournir de l'aide matériel et un soutien à Al-Qaeda. Alors que la date de son procès approche, son calvaire démontre que la plus grande menace qui nous guette ne vient pas des extrémistes islamiques mais de la codification de procédures draconiennes qui nient aux américains leurs droits élémentaires et un procès équitable. Hashmi serait mieux placé que moi pour vous expliquer tout ça, mais le problème c'est qu'il n'a pas le droit de parler.
Si l'histoire peut nous apprendre quelque chose, c'est qu'un jour cette corruption de notre système judiciaire ne sera plus réservée aux seuls accusés de terrorisme, ni même aux musulmans américains. Dans la perspective des agitations et crises économiques à venir, ce traitement sera appliqué à tous ceux qui seront qualifiés d'agitateurs ou de subversifs. Hashmi endure ce que beaucoup d'autres, non musulmans, vont endurer plus tard. Des militants radicaux, des mouvements écologistes, altermondialistes, antinucléaires, du développement durable et anarchistes - qui sont d'ores et déjà placés dans des centres de détention spéciaux avec les musulmans accusés de terrorisme - ont découvert que son sort était aussi le leur. Des groupes courageux ont organisé des protestations, dont des veillées devant le centre de détention de Manhattan. On peut les découvrir sur www.educatorsforcivilliberties.org ou www.freefahad.com. Pendant la journée Martin Luther King, le 18 janvier prochain (2010), une manifestation sera organisée devant le centre pour exiger le respect des droits constitutionnels. Allez-y, si vous pouvez.
Le dossier contre Hashmi, comme dans la plupart des affaires de terrorisme délenchées par l'administration Bush, est incroyablement vide. C'est peut-être la raison pour laquelle l'état a crée des codes civils et pénaux parallèles réservés à ceux qu'il accuse de liens avec le terrorisme. S'il ne s'agissait que d'une question d'éléments concrets à présenter, des militants comme Hashmi, accusé d'avoir facilité la livraison de chaussettes à Al Qaeda, n'auraient probablement jamais été présentés devant la justice.
Hashmi, qui risque 70 ans de prison, a été maintenu en isolement depuis plus de deux ans et demi. Des mesures administratives spéciales (Special administrative measures - SAM) ont été imposées par le Département de Justice pour empêcher ou strictement limiter toute communication avec d'autres prisonniers, avocats, famille, médias ou personnes extérieures à la prison. Il n'a pas droit aux journaux ni aux livres. Hashmi n'a pas le droit d'assister aux séances de prières. Il est sous surveillance vidéo 24/24h et enfermé 23h par jour. Il doit se doucher et aller aux toilettes sous l'oeil des caméras. Il a le droit d'écrire une lettre par semaine à un seul membre de sa famille, mais il ne peut pas utiliser plus de trois feuilles de papier. Il n'a pas accès à l'air libre et doit passer son heure de recréation dans une cage. Son « penchant pour la violence » est invoqué pour expliquer ces mesures, même s'il n'a été jamais été accusé ou condamné pour des actes de violence.
« Mon frère était un militant », m'a dit au téléphone son frère, Faisal, depuis sa maison dans le Queens. « Il s'exprimait sur des sujets qui préoccupent les musulmans, particulièrement les guerres en Irak et en Afghanistan. Son arrestation et ses tortures n'ont rien à voir avec la fourniture de ponchos ou de chaussettes à Al Qaeda, ce dont on l'accuse, il s'agit d'une manipulation de la loi pour réprimer les militants et effrayer la communauté musulmane aux Etats-Unis. Mon frère est un exemple. Le traitement qui lui est infligé est destiné à montrer aux musulmans ce qui les attend s'ils s'expriment sur le sort infligé aux musulmans. Nous avons perdu tous les appels en justice pour préserver son humanité et faire lever les mesures administratives spéciales. Ces mesures sont destinées uniquement à briser psychologiquement les prisonniers et à terroriser la communauté musulmane. Ces mesures illustrent la malveillance à l'égard des musulmans qui existe chez nous et la malveillance à l'égard des millions de musulmans qui sont considérés comme des animaux en Irak et en Afghanistan. »
La privation sensorielle infligée à Hashmi est une forme de torture psychologique très efficace pour briser la volonté et désorienter les détenus. C'est une forme de science appliquée à la torture. En Allemagne, la Gestapo brisait les os tandis que son successeur, la Stasi communiste est-allemande, brisait les esprits. Nous sommes semblables à la Stasi. Nous avons perfectionné l'art de la désintégration psychologique et traîné devant des tribunaux secrets des accusés qui n'avaient plus la capacité mentale et psychologique de se défendre.
« Le droit de Hashmi à un procés équitable a été violé, » dit Michael Ratner, le président du Centre pour les Droits Constitutionnels (Center for Constitutional Rights). « Une bonne partie des éléments à charge a été classifiée sous la loi CIPA (Classified Information Procedures Act (CIPA)), Hashimi n'a donc pas été autorisé à en prendre connaissance. L'accusation n'a fourni que récemment quelques éléments des pièces à conviction à ses avocats. Hashmi n'a pas le droit de communiquer avec les média, ni directement ni par l'intermédiaire de ses avocats. Ses conditions de détention ont détérioré son état mental et sa capacité à participer à sa propre défense.
La procédure contre Hashmi, un militant notoire au sein de la communauté musulmane, viole ses droits garantis par le Premier Amendement ainsi que ceux des autres. » ajoute Ratner. « Alors que les croyances religieuses et politiques de Hashmi, ainsi que sa liberté d'expression et d'association sont protégées par la Constitution, le gouvernement s'est vu accorder une grande latitude par le tribunal pour les utiliser comme preuves quant à son état d'esprit et, par extension, à ses intentions. Les éléments à charge qui sont présentés se basent sur une criminalisation par association. Ce qui pourrait aboutir à la suspension des droits garantis par le Premier Amendement pour d'autres, particulièrement pour les militants et les musulmans.
Des déclarations, croyances et associations qui sont garanties et protégées par la Constitution peuvent donc être considérées comme des crimes. Des dissidents, même ceux qui n'enfreignent aucune loi, peuvent voir leurs droits suspendus et se voir emprisonner sans procès équitable. C'est l'équivalent d'une guerre préventive. L'état peut emprisonner et poursuivre des gens non pas pour ce qu'ils ont fait, ni même pour ce qu'ils avaient l'intention de faire, mais pour avoir exprimé des croyances religieuses ou politiques considérées comme séditieuses. Les premiers ciblés ont été les musulmans pratiquants, mais ils ne seront pas les derniers.
« La plupart des éléments du dossier sont classifiés », m'a dit Jeanne Theoharis, professeur de sciences politiques à Brooklyn College, qui a eu Hashmi comme élève, « mais Hashmi n'y a pas accès. Il est citoyen américain. Mais en Amérique, vous pouvez désormais passer devant un tribunal sans connaître les éléments à charge présentés contre vous. Vous pouvez passer 2 ans et demi en isolement avant d'être accusé de quoi que ce soit. On a parlé des gens enlevés et remis à des états tiers, de Guantanamo et d'Abou Ghraib avec cette idée que si ces gens étaient jugés aux Etats-Unis, leurs procès seraient justes et équitables. C'est faux. Ce qui a rendu Guantanamo possible c'est l'abolition de l'état de droit ici et Hashmi n'est pas le seul à la subir. »
Hashmi a été, comme beaucoup de gens arrêtés dans les années Bush, brièvement présenté comme un cas d'école dans la « guerre contre le terrorisme ». Il a été arrêté en Grande Bretagne le 6 juin 2006, suite à un mandant d'arrêt lancé par des Etats-Unis. Son arrestation a fait la une des journaux de CBS et NBC, qui présentaient des graphismes qui disaient « Sur la piste du terrorisme » ou « Réseau terroriste ». Il a été détenu pendant 11 mois à la prison Belmarsh à Londres, puis il est devenu le premier citoyen américain à être extradé par la Grande-Bretagne. L'année prédédent son arrestation, Hashmi, diplomé de Brooklyn College, avait obtenu un diplôme d'études supérieures (master's degree) en relations internationales au London Metropolitan University. Son dossier est aussi vide que celui des sept hommes arrêtés sous l'accusation de complot pour faire sauter la tour Sears, une affaire où, malgré les cinq condamnations prononcées et après deux jugements cassés, un directeur adjoint du FBI a reconnu que le complot relevait plus d'une « aspiration que d'une opération ». Et ça rappelle aussi l'affaire plus ancienne du militant palestinien Sami Al-Arian, actuellement assigné à résidence en Virginie, persécuté par le Département de Justice alors qu'il aurait du être légalement libéré. Au début du mois de mars, la juge Leonie Brinkema, chargée du dossier Al-Arian, a critiqué les actions du procureur dans cette affaire en déclarant sèchement : « je crois qu'il y a quelque chose de plus importante en jeu ici, et c'est l'intégrité du Département de Justice ».
L'affaire Hashmi repose sur le témoignage de Junaid Babar, citoyen étasunien lui aussi. Au début de 2004, Babar a vécu pendant deux semaines avec Hashimi dans l'appartement de ce dernier à Londres. Dans ses bagages, selon le gouvernement, Babar transportait des imperméables, des ponchos et des chaussettes imperméabilisées, qu'il a ensuite livré à un membre d'Al-Qaeda dans le sud du Waziristan, au Pakistan. Hashmi aurait autorisé Babar à utiliser son téléphone portable pour communiquer avec des conspirateurs impliqués dans des projets terroristes.
« Hashmi a grandi ici, il était bien connu, il avait un franc-parler, très charismatique et très politisé » dit Theoharis. « Le véritable message envoyé aux musulmans américains est que le militantisme politique a un prix. Ca n'a rien à voir avec la livraison de chaussettes ou de ponchos ou d'imperméables. Croyez-vous réellement qu'Al-Qaeda est incapable de se procurer des chaussettes et des ponchos au Pakistan ?
Le gouvernement veut présenter au procès des enregistrements de conversations politiques de Hashmi lorsqu'il était étudiant à Brooklyn College. Pourquoi tolérons-nous ceci ? Parce qu'ils sont musulmans et que cela ne nous concernerait pas ? Tous ceux qui croient aux droits garantis par le Premier Amendement devraient être terrifiés. Il s'agit d'un des enjeux les plus importants de notre époque en matière de droits civiques. Nous l'ignorons à nos risques et périls. »Babar fut arrêté en 2004 et a plaidé coupable pour quatre accusations de soutien matériel à Al-Qaeda et risque lui aussi 70 ans de prison. Mais il a accepté de témoigner pour le gouvernement et l'a déjà fait lors de deux procès sur le terrorisme en Grande-Bretagne et au Canada.
Babar bénéficiera d'une réduction de peine pour services rendus, et beaucoup pensent qu'il sera libéré à l'issue du procès de Hashmi. Puisqu'il n'existe que très peu d'éléments liant Hashmi à des activités terroristes, le gouvernement s'appuiera sur le témoignage de Babar pour démontrer l'existence d'une intention. La réalité de cette intention serait prouvée par des conversations et des déclarations formulées par Hashmi en présence de Babar. Hashmi, qui était membre d'une organisation politique New-yorkaise, Al Muhajiroun, lorsqu'il étudiait à Brooklyn College, a tenu des propos provocateurs en qualifiant les Etats-Unis de la « plus grande organisation terroriste au monde ». Mais l'organisation Al Muhajiroun n'est pas considérée par l'administration comme une organisation terroriste et en être membre n'est pas illégale.
Et quant à la complicité des Etats-Unis dans des actes de terrorisme d'état, c'est simplement une vérité historique.Il y aura d'autres Hashmis, et le Département de Justice, en prévision d'autres détentions, a fait construire en 2006 dans la prison fédérale de Terre Haute, dans l'Indiana, un bâtiment isolé appelé Communication Management Unit. Pratiquement tous les détenus sont musulmans. Un deuxième batiment a été construit à Marion, dans l'Illinois. Là aussi, le plupart des détenus sont musulmans mais on y trouve aussi des défenseurs d'animaux et des militants écologistes, dont Daniel McGowan, accusé de deux incendies sur un site d'exploitation forestière dans l'Oregon. La peine prononcée a été durcie pour cause de « dimension terroriste » dans le cadre de la loi Patriot Act. Amnesty International a qualifié les conditions de détention à Marion de « inhumaines ».
Dans ces deux unités spéciales, tous les appels et courriers - généralement considérés par les administrations pénitentiaires comme faisant partie de la vie privée - sont surveillés. La communication entre prisonniers doit se faire uniquement en anglais. Les détenus considérés les plus dangereux sont enfermés dans un centre de sécurité maximum (Penitentiary Administrative Maximum Facility) appelé Supermax, à Florence, dans le Colorado. Là-bas, les détenus n'ont pratiquement aucun contact humain, exercice physique ou stimulation mentale. On y reproduit les conditions de détention que connaissent la plupart des détenus à Guantanamo. Si des détenus étaient transférés de Guantanamo à la prison de Thomson, dans l'Illinois, ils ne remarqueraient pas une grande différence. Ils y connaîtraient des conditions semblables à celles de Guantanamo, avec le froid en plus.Notre décadence n'est que l'expression du mal dont souffrent tous les empires en déclin.
La tyrannie que nous imposons aux autres finit par se retourner contre nous. L'afflux de militants américains non-musulmans dans ces sites de détention n'est qu'une sinistre tendance de plus. Elle présage la poursuite du démantèlement de l'état de droit, l'élargissement d'un système où les prisonniers sont brisés psychologiquement par des privations sensorielles, un isolement extrême et des tribunaux fantoches tenus à huis clos où les accusés sont condamnés sur la base de rumeurs ou de sous-entendus et n'ont pas accès au dossier d'accusation.La dissidence n'est plus le devoir d'un citoyen engagé mais est en train de devenir un acte de terrorisme.
Chris HedgesA
RTICLE ORIGINAL truthdig
traduction VD pour le Grand Soir legrandsoir

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lundi, décembre 28, 2009

GAZA, MARCHE DE LA LIBERTE, LEVEE DU BLOCUS, FIN DE L’IMPUNITE

Plus de mille trois cents citoyens en provenance de quarante-trois pays participent à partir du 27 décembre la Marche vers Gaza pour exiger la levée du siège meurtrier et inhumain que les dirigeants israéliens imposent à un million et demi de Palestiniens en toute impunité.

GAZA, MARCHE DE LA LIBERTE,
LEVEE DU BLOCUS, FIN DE L’IMPUNITE,
Plus de mille trois cents citoyens en provenance de quarante-trois pays participent à partir du 27 décembre la Marche vers Gaza pour exiger la levée du siège meurtrier et inhumain que les dirigeants israéliens imposent à un million et demi de Palestiniens en toute impunité. Des centaines de manifestants viennent de France –dont une trentaine de militants de l’AFPS, parmi lesquels son président, Jean-Claude Lefort- et d’autres pays européens, à l’appel d’organisations du Collectif national pour une paix juste entre Européens et Palestiniens et de la Coordination des comités européens pour la Palestine.
Voici un an, Israël entamait une offensive meurtrière contre la population de la bande de Gaza. Une pluie de bombes contre toute une population. Plus de 1400 morts palestiniens -et 13 morts israéliens- des centaines de maisons, des commerces, des fabriques, des infrastructures notamment médicales et scolaires, détruits, rasés, comme les champs et les cultures ou les réserves d’eau. Des milliers de blessés… Un an plus tard, le Conseil des Droits de l’Homme de l’Onu -en dépit de la non-participation de la France au vote- et l’Assemblée générale des Nations unies -en dépit de l’abstention française- ont adopté le rapport du juge Goldstone mettant en évidence les crimes de guerre commis et les possibles crimes contre l’Humanité ; ainsi que ses recommandations. Les participants à la marche, soutenus par des centaines de milliers de citoyens de par le monde, réclament la fin de l’impunité et la fin du blocus israélien qui continue de sévir.
A cause de ce siège qui dure depuis plusieurs années et n’a fait que se renforcer, 85% des Gazaouis dépendent de l’aide internationale. Israël empêche toute importation de matériaux de reconstruction et ceux dont les maisons ont été détruites continuent à survivre sous des tentes de fortune malgré l’hiver. Seuls 41 camions de matériaux de construction ont pu passer en un an alors qu’il en faudrait des centaines. L’eau, le gaz, l’électricité font défaut. Comme la nourriture et les médicaments. Comme les chaussures des enfants, que les dirigeants israéliens refusent de laisser passer. Comme les vêtements.
Seuls les tunnels clandestins permettent aux produits de survie de passer, au prix parfois de la vie des passeurs enterrés vivants par les bombes. Le gouvernement égyptien pourtant n’a pas nié être en train de construire un mur d’acier souterrain pour empêcher le passage des produits par les tunnels. Le même gouvernement vient de signifier son intention de refuser le passage de Gaza aux manifestants internationaux. Il faut qu’il lève cette interdiction.
Gaza n’est pas seulement une prison. C’est une prison affamée, assoiffée, mais qui résiste et à qui les citoyens du monde tiennent à apporter leur solidarité.
Il est temps de mettre fin à ce blocus insupportable. L’union européenne vient d’adopter une déclaration, dans laquelle elle demande la levée du blocus. Les mots sont importants, mais ne suffisent plus. Nos gouvernements, et la France en particulier, doivent prendre leurs responsabilités pour faire respecter le droit humanitaire le plus élémentaire. Ils doivent faire pression sur Israël pour obtenir la levée immédiate de ce siège.


Paris, le 25 décembre 2009.
Communiqué
28 décembre 2009 / Info-palestine

28.12.09 22:40
http://basta.20six.fr/basta/art/173314575

voir aussi

Large manifestation anti israélienne des New-yorkais pour commémorer l'offensive de Gaza
Plus d'un millier d'américains de confession musulmane, chrétienne et juive sont descendus dimanche dans les rues de New York pour commémorer l'offensive meurtrière du régime israélien contre la Bande de Gaza exhortant la communauté internationale à mettre un terme au blocus illégal de Gaza.

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Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, Afghanistan : Obama et La Der des Der…, Palestine occupée : toujours plus de crimes..., Le Sommet de Copenhague a établi un Gouvernement Mondial , Les Etats-Unis et l’Union Européenne financent le mur d’Apartheid en Palestine

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