jeudi, décembre 14, 2006

L’impasse nucléaire en Iran : réévaluation avant le compte à rebours final

Pour le général indien Vinod Saighal, les provocations du président Ahmadinejad ne parviendront pas à dissuader les États-Unis de détruire l’Iran. La guerre est programmée à Washington, à la fois pour conquérir des champs pétroliers, pour renforcer la présidence Bush et pour satisfaire Israël. Plus rien ne peut l’arrêter et Téhéran a tort de croire en la protection de ses amis, qu’ils soient musulmans, russes ou chinois. Dans de telles circonstance, la sagesse serait la discrétion.
Longtemps après que les États-uniens auront quitté le sol irakien, que nous aurons découvert des sources d’énergie alternatives et que les réserves en hydrocarbures du Moyen-Orient auront été épuisées, les conséquences de l’intervention états-unienne en Irak en mars 2003 continueront toujours de hanter la région. L’accord Sykes-Picot, signé après la Première Guerre mondiale, a modelé l’histoire et la géographie du Moyen-Orient. Ses conséquences se font encore sentir aujourd’hui. Les effets des politiques menées par les États-Unis dans la région durant cette première décennie du 21ème siècle seront certainement toujours visibles à la fin du siècle. L’agitation en Irak se répandra jusqu’à ce que le monde Arabe s’y engouffre, du Golfe perse à la Méditerranée. On a souvent tendance à se concentrer sur les conséquences immédiates d’un événement cataclysmique ; malheureusement les effets à long terme sont souvent insoupçonnés au moment de la catastrophe.
Telle est la situation en Irak en 2006. L’Iran, Israël et les États-Unis ont été engloutis dans ce bourbier, d’une telle manière qu’il leur sera difficile d‘opérer des changements significatifs dans leurs politiques régionales et nationales sans affecter d’autres pays. Alors qu’une offensive terrestre en vue de destituer le régime Iranien n’est plus envisageable en raison de l’engagement des États-Unis en Irak et en Afghanistan, les frappes aériennes semblent être devenues la seule alternative possible. Les attaques aériennes par les forces israéliennes ou états-uniennes visant à détruire systématiquement les centres de recherche, de développement, de maintenance et de formation en matière nucléaire, ainsi que de fabrication de missiles, pourraient retarder de plusieurs années le programme nucléaire iranien. Une attaque états-unienne aurait aussi pour objectif une destruction systématique des capacités de riposte iraniennes. En effet la plupart des chercheurs pensent que l’Iran riposterait violemment, avec tous les moyens pouvant être mis en œuvre pour porter atteinte aux intérêts états-uniens et à l’approvisionnement en pétrole du Moyen-Orient.
Bouillonnement géostratégique
Après le cinglant discours anti-russe prononcé par le vice-président Dick Cheney lors d’une conférence à Vilnius en Lituanie, la question posée par les politiques et les chercheurs russes est la suivante : les États-Unis ont-ils déclaré une nouvelle guerre froide à la Russie ? Il se pourrait que le changement de point de vue de Washington sur la Russie ait été provoqué par les politiques extérieures assertives de Moscou. On est bien loin des relations de simplicité entretenues entre les présidents Bush et Poutine lors de leur première rencontre, il y a six ans. Moscou a défié Washington au sujet de l’Iran, a rejeté ses propositions de sanctions contre Téhéran, permettant la construction de la première centrale nucléaire iranienne et refusant de revenir sur sa décision de vendre à l’Iran des missiles antiaériens pour la somme de 700 millions de dollars. En raison de la demande mondiale en pétrole et gaz toujours plus importante, la Russie utilise audacieusement les ressources énergétiques comme une arme politique l’aidant à asseoir sa mainmise sur les pays de l’ex-URSS et à s’installer sur les marchés européens. De même, la Russie a fermement rejeté la demande de l’Occident de renoncer au monopole du gouvernement sur les oléoducs et d’ouvrir ses ressources énergétiques aux entreprises étrangères.
Garder l’Iran sous son aile consisterait en un effort clé pour la Russie. Cette dernière aurait finalisé une vente de missiles aériens à l’Iran d’une valeur de 700 millions de dollars. Bien que l’administration Bush ne se soit pas montrée très critique au sujet de cette vente de missiles, les planificateurs du Pentagone et de l’US Centcom (Commandement central militaire états-unien) en auraient pris note. Malgré la pression internationale concernant leur programme nucléaire, les Iraniens se montrent de plus en plus agressifs, principalement sur le plan verbal, envers Israël et les États-Unis. Alors que ni la Chine ni la Russie n’ont voulu s’engager et que les États-Unis se préparent inexorablement pour l’épreuve de force finale en Iran, la Russie est impliquée dans un double jeu complexe. Sans aucun doute, le déploiement des missiles aériens Tor-M1 aidera considérablement à la protection des installations nucléaires iraniennes.
Le transport du pétrole de la Mer Caspienne vers les États-Unis, Israël et les marchés européens avait comme objectif de réduire la dépendance vis-à-vis des producteurs de pétrole de l’OPEP situés au Moyen-Orient. La présence intensifiée des forces états-uniennes dans la région s’explique par deux facteurs : le fait que cette région soit prise en sandwich entre deux des plus gros fournisseurs de pétrole au monde - l’Iran qui est membre de l’OPEP et la Russie qui ne l’est pas - et le fait que l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan traverse des régions de haute instabilité politique. Ces facteurs ont augmenté le sentiment de vulnérabilité à la fois en Iran et en Russie. La politique de Washington a été critiquée au motif qu’elle aurait encouragé la polarisation des politiques régionales. L’engagement croissant des États-Unis dans la région caspienne ainsi que l’importance géopolitique du projet Bakou-Ceyhan ont mené à un rapprochement entre la Russie, l’Iran et l’Arménie – impliquant également une solidification de l’alliance stratégique entre l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie et les États-Unis. Pour ces derniers, la question ne concernait pas la viabilité commerciale du trajet de l’oléoduc Bakou-Ceyhan. L’idée était de construire un corridor d’acheminement entre l’Est et l’Ouest, qui pourrait se développer dans le futur avec des voies ferrées, des réseaux de communication ainsi que des autoroutes, menant par la suite à la connexion des économies de certains pays du sud de l’ex-URSS aux marchés mondiaux. Parce que du point de vue de Washington le projet Bakou-Ceyhan était un problème d’une portée beaucoup plus géostratégique qu’économique, la Turquie en a bénéficié aux dépends de l’Iran, qui proposait pourtant le trajet le plus court et le moins coûteux pour acheminer le pétrole vers les marchés globaux depuis les républiques caspiennes.
Avant l’invasion états-unienne de l’Irak, l’ambition irakienne dans le Golfe était tempérée par les pays arabes limitrophes. Aujourd’hui, Téhéran et Washington se trouvent être les seuls acteurs impliqués, car l’Irak n’est plus le contrepoids de l’Iran. Par conséquent les pays arabes ont tendance à se reposer davantage sur l’Occident. S’ils rejetaient l’Occident, ils craindraient que l’Iran ne gagne l’admiration de nombreux pays qui désapprouvent les politiques états-uniennes. En plus des communautés chiites du Moyen-Orient, l’Iran pourrait alors profiter de la compassion des habitants des pays arabes en raison de leur défiance vis-à-vis des États-Unis et de ses alliés occidentaux. L’administration iranienne continue d’adhérer à l’héritage de l’Ayatollah Khomeiny sur la suprématie du clergé chiite à travers l’exercice du pouvoir (« velayat-e-mutlaqhe faqih ») ainsi qu’à une position fermement anti-états-unienne et anti-israélienne. Khomeiny s’était exprimé, de façon prémonitoire, sur l’inévitabilité d’une confrontation entre l’Occident et l’Islam.
La présence des forces militaires états-uniennes dans la région pourrait se répercuter, si ce n’est déjà fait, sur la sécurité des futures routes d’approvisionnement énergétique. Un nouvel élément a aussi été entré dans les calculs prévisionnels. De l’Afghanistan à l’Asie centrale et du Caucase au nord du Moyen-Orient, du point de vue de Washington, l’Iran reste le pays de cette région qui a le plus gros potentiel pour propager l’Islam radical et les armes nucléaires . C’est pour cela qu’en dépit de la pression des compagnies pétrolières états-uniennes pour lever l’embargo sur Téhéran, qui veut devenir le couloir principal d’export du pétrole et d’essence d’Asie centrale, l’administration Bush ne tient pas à assouplir sa position sur le rôle iranien dans la région. La construction de l’oléoduc Bakou-Ceyhan, destiné à l’exportation du pétrole depuis l’Azerbaïdjan et l’Asie centrale, avait pour principal objectif d’exclure l’Iran et de faire de la Turquie un acteur majeur de la région.
Téhéran craint que l’Azerbaïdjan prospère et indépendant soit un modèle malvenu pour la grande communauté azérie d’Iran. Le conflit au sujet du statut légal de la région caspienne, et le fait que l’Iran se soit joint à la Russie pour soutenir l’Arménie dans son conflit avec l’Azerbaïdjan concernant le Nagorno-Karabakh, sont des raisons contribuant à l’échec des relations. En conséquence, l’Iran n’a pas réussi à protéger une partie du pétrole de l’Azerbaïdjan. Ceci a servi la campagne turque qui visait à construire la ligne entre Bakou et le terminal méditerranéen turc à Ceyhan. Moscou et Téhéran semblent avoir établi une alliance stratégique pour résister à l’hégémonie états-unienne dans la région caspienne. Les ventes de matériel militaire très importantes de la Russie à l’Iran font partie de la coopération stratégique et militaire croissante entre ces deux pays.
En ne se laissant aucune place pour manœuvrer, l’Iran et les États-Unis se sont mis dans une impasse. Les intérêts communs qui auraient pu être à la base d’une négociation disparaissent à une vitesse considérable. Des opinions inconciliables émergent. Les principaux décisionnaires des deux pays s’activent à exacerber leurs différends. Le président iranien Ahmadinejad, a eu tendance à afficher une rhétorique au ton presque fiévreux, bien que les décisions de l’Ayatollah Khameni prévalent sur les siennes. Que son discours ait été mal retranscrit, ou que ses propos aient été déformés, il n’empêche qu’il est perçu comme ayant appelé publiquement à l’anéantissement d’Israël . Bien que sa lettre adressée au Président G. W. Bush soit une demande d’introspection digne d’attention et pourrait être interprétée par certains comme une tentative sérieuse pour réduire les divergences, elle n’offre aucune proposition concrète au gouvernement états-unien . Ses déclarations montrent qu’il choisit de façon délibérée d’aller de provocation en provocation, en exagérant souvent les capacités iraniennes.
Pourtant, il pourrait essayer de renforcer sa position en tant que leader de l’Iran, ou de projeter un fait accompli iranien dans le domaine nucléaire. Une troisième éventualité est que le président iranien cherche à déclencher un conflit en provoquant les États-uniens et les Israéliens pour qu’ils attaquent l’Iran. Elle est peu probable : M. Ahmadinejad n’est pas sans savoir que dans le cas d’une confrontation militaire inconditionnelle, l’Iran serait facilement battu et ses capacités nucléaires et militaires seraient retardées de plusieurs années, voire décennies. Le président Ahmadinejad semble pourtant être prêt à accepter un renversement de situation majeur pour l’Iran, non seulement dans l’espoir que ce processus unifie tous les Iraniens derrière lui, mais aussi qu’il le projette comme le leader incontesté du monde musulman dans sa guerre contre les États-Unis. Ainsi, il supplanterait les plus grands leaders arabes, tous des sunnites, qui se battent pour décrocher ce titre, notamment des personnalités comme Abdel Gemal Nasser ou Saddam Hussein.
Dans une large mesure, Bagdad est déjà contrôlée par l’Iran ; cependant les Iraniens hésitent à se mettre prématurément à découvert en prenant ouvertement l’initiative. La possibilité que la capitale irakienne soit bientôt entre leurs mains permet aux Iraniens, et particulièrement à M. Ahmadinejad, de caresser le rêve d’une ascendance morale sur tous les musulmans, en rétablissant le grand califat de Bagdad à la manière d’Haroun al Rashid jadis. Dès lors, ce ne serait qu’une question de temps avant que La Mecque ne tombe également sous leur coupe. Grande stratégie ou Grande illusion : seul le temps le dira.
Sur l’autre versant de la querelle Iran - États-Unis, George W. Bush se trouve aux commandes du pouvoir. Les Iraniens ont clairement échoué dans leur calcul en sous-estimant le président états-unien ainsi que les forces qui lui ont permis d’accéder à la Maison-Blanche en janvier 2001 et une seconde fois en janvier 2005. En attisant la crise jusqu’à son explosion en 2006, ils auraient été clairement influencés par les revers apparents des États-Unis en Irak ainsi que leurs difficultés croissantes face à la réémergence des talibans en Afghanistan. Sans aucun doute, le tigre états-unien a été blessé en Irak au point de ne pas pouvoir consolider ses gains dans le pays. Néanmoins, comme il a été mentionné lors d’un autre forum en novembre 2005 , les échecs états-uniens ont été exagérés par les adversaires de George W. Bush. En réalité, si l’on adopte un point de vue davantage à long terme sur leur entreprise géostratégique au Moyen-Orient, les États-Unis ont connu d’admirables succès à certains égards. Au grand minimum, les principaux partisans de la seconde invasion de l’Irak en mars 2003 ont tiré de généreux profits du projet et pourraient continuer à le faire pendant longtemps encore. Dans des écrits plus anciens il avait été noté que l’invasion états-unienne de l’Irak avait été décidée peu de temps après que George W. Bush se soit installé dans le fauteuil présidentiel. À peu près au même moment, l’Iran fut inclus dans la liste des pays formant « l’Axe du Mal ». À ce moment-là, l’Iran devait tomber. L’Iran, selon toute vraisemblance, va tomber. Les États-Unis cherchaient un casus belli plausible. Les Iraniens en ont apporté un à George W. Bush, presque sur un plateau. M. Ahmadinejad et ses soutiens commettraient une grave erreur en supposant que la faible popularité du président états-unien le force à changer de cap. Le président Bush et son équipe, notamment le vice-président Dick Cheney et l’ex secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, ont été accusés d’avoir bâclé l’intervention en Irak. On dit qu’ils ont gagné la guerre pour finalement perdre la paix. Leurs adversaires ont mal compris la hiérarchie présidentielle. George W. Bush n’est pas un lâcheur. Il s’est déjà exprimé sur la Troisième Guerre mondiale et la longue guerre ouverte contre le terrorisme mondial. George W. Bush fera tomber l’Iran avant que son deuxième mandat ne touche à sa fin. Sauf un séisme politique aux États-Unis en fin d’année, l’attaque de l‘Iran par les États-Unis est une quasi-certitude. Cette fois-ci, George W. Bush et son équipe espèrent mieux s’en tirer. Ils auront tiré les leçons des erreurs commises en Irak. Cette fois-ci, ils veulent en sortir comme les vainqueurs indiscutables. La nation iranienne sera pulvérisée dans la foulée, pour qu’il ne subsiste pas de doute dans l’esprit de quiconque sur l’issue de la confrontation. Si le président des États-Unis décidait, contre tous les avis provenant de diverses directions, de frapper l’Iran, le parti républicain auquel il appartient ainsi que les Démocrates se rangeraient derrière lui comme ils le firent après le 11 septembre. Et la nation états-unienne ferait de même. À ce moment-là, le taux de popularité du président états-unien pourrait de nouveau franchir le seuil des 50 %. George Bush ambitionne de sortir de la Maison-Blanche en vainqueur.
Il peut uniquement sauver sa gloire déjà diminuée en obtenant un succès en Iran. Les Iraniens ne doivent pas lui offrir une telle occasion. Au nom de la survie de leur nation, les dirigeants iraniens devraient faire marche arrière face à la détermination états-unienne de ne pas les laisser s’en tirer avec une nucléarisation, officielle ou non. Revenir sur ses positions n’est pas un prix trop important à payer à ce stade de l’histoire iranienne, étant donné le coup mortel porté à la civilisation babylonienne dont l’Iran faisait également partie par le passé. La civilisation iranienne est un héritage précieux pour l’humanité. Il ne tient qu’aux dirigeants iraniens de la sauver de la force brute qui peut être déchaînée contre elle par l’hyperpuissance états-unienne. Les sages iraniens doivent conseiller les dirigeants en conséquence. La Chine et la Russie rendraient un très mauvais service à leur ami du jour, l’Iran, en gonflant artificiellement son assurance et en ne se joignant pas à l’appel lancé par les États-Unis demandant à l’Iran de mettre fin à sa capacité nucléaire. Les amis de l’Iran ne seraient pas capables de tenir tête aux États-uniens et à l’Occident en cas de confrontation militaire. Le fait d’encourager l’intransigeance de l’Iran à ce stade serait très mal avisé.
Israël n’a plus la supériorité militaire écrasante sur ses voisins comme c’était le cas au plus fort de la Guerre froide et peut-être jusqu’au début du 21ème siècle. Après son échec au Liban, Israël n’a plus la capacité d’agir individuellement contre un pays de la taille de l’Iran. En faisant abstraction de la dimension nucléaire, l’Iran serait en mesure de rendre la pareille, d’une façon ou d’une autre. En fait, tandis qu’Ahmadinejad a haussé le ton à l’encontre d’Israël, ce dernier a étonnamment mesuré ses propos. L’Iran a dorénavant une influence beaucoup plus importante sur les deux flancs d’Israël, par le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza. Cette influence va inévitablement croître et pourrait avoir pour conséquence une augmentation de l’approvisionnement en armes sophistiquées pour les ennemis d’Israël. Grâce aux recettes pétrolières en hausse, l’Iran serait également enclin à soutenir les capacités militaires de la Syrie.
Simultanément, la planification par Israël de la neutralisation des capacités iraniennes poursuivrait son cours, discrètement mais sûrement. Bien que les États-Unis aient une meilleure capacité en termes de renseignement contre l’Iran que jamais auparavant, l’aide israélienne à cet égard serait essentielle. Israël a eu le temps de renforcer les milices kurdes du Nord de l’Irak, tout comme sa capacité de renseignement contre l’Iran, surtout au Nord-Ouest. Au finale, Israël sait que s’il faut s’occuper du cas de l’Iran, le plus tôt sera le mieux. Si l’action devait être reportée, le temps jouerait pour l’Iran et non pas pour Israël. Donc, si une action militaire contre l’Iran devait être entreprise durant le mandat de George W. Bush, Israël y serait pour beaucoup dans cette décision.
Remarques de conclusion
En dépit du fatras d’opinions exprimées au sujet des options possibles pour les deux camps, les Iraniens commettraient peut-être une erreur en poussant les États-Unis à prendre des mesures extrêmes. Si les États-uniens décidaient de frapper l’Iran, ils opteraient pour un coup fatal. L’idée ne serait pas de faire reculer le programme nucléaire iranien de quelques années. Les États-uniens, s’ils devaient se décider à mettre le paquet, ont les moyens technologiques d’annihiler l’Iran comme nation civilisée pour les décennies à venir. Les tentatives d’intimidation initiées par le président iranien, et destinées en réalité à dissuader les États-Unis d’attaquer en démontrant les capacités de riposte de l’Iran, ne feront que garantir une offensive totale des États-Unis. Elle se fera à bâtons rompus. Ni les achats d’armes à la Russie, ni une aide clandestine de la Chine ne pourraient sauver les Iraniens. Si l’Iran sombrait complètement, cela n’empêcherait pas les Arabes ou les nations musulmanes sunnites de dormir. Les Iraniens seraient bien avisés de faire marche-arrière. Dans dix ou vingt ans, cela ne fera pas de grosse différence si les successeurs des régimes iraniens ont des armes nucléaires ou pas. Le monde lui-même aura changé au-delà du reconnaissable, tourmenté par des cataclysmes environnementaux dont les effets, bien que s’étalant devant les yeux de l’humanité, ne sont pas pris en compte avec l’urgence nécessaire. L’homme est toujours un loup pour l’homme, chaque nation avance pour elle-même, jusqu’au jour où le déclin planétaire deviendra irréversible.
À ce moment de son histoire tumultueuse, l’Iran a besoin d’être dirigé par un Khatami et non pas un Ahmadinejad pour le sortir de la confrontation avec les États-Unis et leurs alliés de l’Occident. Ces derniers ont des ressources infinies en comparaison de l’Iran, ainsi que le soutien, tacite ou ouvert, de plusieurs pays. L’Iran est littéralement sans ami. Lorsqu’il en aura besoin, personne ne viendra à son secours. Pour les Iraniens, actuellement, la discrétion est certainement l’attribut le plus précieux du courage.Général Vinod Saighal: Ancien directeur général de la formation militaire de l’armée indienne. Il fut attaché militaire d’ambassade en France et au Bénélux, et commandant en chef de forces de maintien de la paix au Proche-Orient. Il est aujourd’hui fondateur du Movement for Restoration of Good Government (MRGG) et directeur de l’Eco Monitors Society (EMS). Auteur de nombreux ouvrages de stratégie et d’analyse politique, il a récemment publié Dealing with Global Terrorism : The Way Forward. Il est membre de la conférence mondiale anti-impérialiste.
Axis for PeaceTraduction: Réseau Voltaire.
Mondialisation.ca, Le 11 decembre 2006

http://20six.fr/basta/art/3621243

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mercredi, décembre 13, 2006

Palestinienne d’Israël

Ula Tabari a tourné « Enquête personnelle », film montré au Forum du documentaire israélien de Confluences (190, boulevard de Charonne, Paris 20e).
publié le mercredi 13 décembre 2006 / Ula Tabari / France-Palestine / Entretien

Que raconte votre film ?
Ula Tabari :
Les enfants palestiniens en Israël hissaient le drapeau israélien et chantaient à la gloire d’Israël. Chaque année, ils faisaient la fête à l’école avec des spectacles, des chansons ! Il y avait des décorations et des drapeaux partout et personne ne disaitt rien. C’était la loi. Le jour officiel de l’Indépendance, les gens n’avaient pas besoin de visa pour sortir de chez eux : au lieu d’aller pique-niquer, ils allaient visiter leur village détruit. Mon père, comme par hasard, était toujours malade et nous ne quittions jamais la maison. Comment vivre en tant que Palestinien dans un État juif israélien, en détenant la carte d’identité ou le passeport israélien, tout en portant l’histoire, l’appartenance et l’identité palestiniennes ?
Votre mère fait un travail de transmission. On la voit dans une école raconter à des enfants les massacres de 1948...
U. Tabari :
Ce que fait ma mère, d’autres Palestiniens le font aussi. C’est normal. Voyez, en France, dans une famille, on parle avec les enfants. On dit : « Mon père est mort dans la guerre entre x et y. » Heureusement qu’on parle, c’est comme cela que la mémoire se transmet. Chez les Palestiniens vivant en Israël, il y a un grand besoin de nommer les choses, parce que la société israélienne les a séparés. Ce qui se passe vis-à-vis des Palestiniens, c’est comme si, en France, les gens regardaient leurs voisins comme des aliens... Les Palestiniens parlent aujourd’hui et racontent leur histoire. Ma mère a toujours parlé librement, à chaque fois qu’elle avait une opportunité, et elle est toujours restée en contact avec des Israéliens dans le milieu professionnel. Elle a repris ses études après une longue pause, quand moi-même j’étais à l’université. Elle voulait également raconter son histoire pour faire miroir à celle des Israéliens.
S’agit-il d’une société d’Apartheid ?
U. Tabari :
Je suis de Nazareth. 72 000 habitants y vivent. Nazareth Ilit [ville à majorité juive, NDLR] a été construite, dans les années 1950, avec 50 000 habitants sur des terres confisquées de Nazareth et des villages alentour. La plupart des gens de Nazareth Ilit ne connaissent pas la réalité de leurs voisins palestiniens de Nazareth. Ces gens passent chez les Arabes prendre leur pain, faire des achats parce que c’est sympa, pas cher et « exotique ». En Israël, les gens sont capables de monter des spectacles afin de réunir de l’argent pour la population en Inde suite à un tremblement de terre ayant fait 1 000 orphelins, mais ils sont incapables de voir qu’à trois kilomètres de chez eux, il y a des gens tués de leur faute. C’est absurde, c’est de l’aveuglement. Il faut espérer que la génération future, en Israël, se révoltera contre cet aveuglement en disant aux autorités : « Arrêtez de mentir ». En attendant, nous, les Palestiniens, nous payons.
Les Palestiniens, un jour ou l’autre, auront leur État. Alors là, les Israéliens devront commencer à faire leur compte et cela sera très lourd et compliqué. Les fautes d’Israël sont nombreuses. Israël prétend parler au nom de tous les Juifs, mais cet État ne représente heureusement pas tous les Juifs du monde. C’est un État dont l’image extérieure est d’abord militaire. L’Israélien apparaît au monde comme un soldat. De plus, Israël se présente comme un État « démocratique » où, par exemple, un Arabe palestinien d’Israël a le droit d’aller à la plage comme tout le monde, mais il existe aussi de nombreuses lois racistes contre ces Palestiniens, telle la loi interdisant aux Juifs d’acheter, de vendre une maison ou de la terre aux Palestiniens et bien d’autres choses, encore.
Israël se prétend démocratique, disant, en substance : « Voyez, on accepte que des Arabes israéliens vivent chez nous » ! Longtemps, l’opinion a considéré que les Arabes des territoires occupés en 1967 étaient les seuls Palestiniens, niant l’existence des Palestiniens vivant en Israël. Les Arabes nous appellent les Arabes israéliens, titre donné par l’État d’Israël.
Votre film porte sur l’identité des « Arabes de l’intérieur »...
U. Tabari :
Je voudrais ajouter quelque chose de très important, par rapport au festival de films où je présente Enquête personnelle. Je me suis vraiment posé la question d’y participer ou non quand j’ai reçu l’invitation, parce que le festival s’appelle Forum du documentaire israélien. J’aurais préféré qu’il s’appelle Forum de documentaire sur « Israël », soit en écrivant Israël entre guillemets, soit en proposant une autre formule. Je me trouve dans un programme où mon film est « palestinien », avec la seule radio Shalom pour sponsor. Même s’il n’y a pas là d’argent du gouvernement israélien et que l’aide pour les films vient de l’ambassade de France en Israël, je me suis vraiment demandé si j’avais ma place dans ce festival.
D’autant que, personnellement, j’ai signé en faveur du boycott d’Israël. Je suis palestinienne. J’ai un passeport israélien - c’est mon droit. Puisqu’Israël se présente comme un État démocratique, je dis : « Laissez-moi parler de moi-même. » Je veux présenter mon film en défendant ma Palestine, et dire : « N’oubliez pas que je suis là. Nazareth, c’est ma Palestine et c’est Israël. Mes parents m’ont appris à aller la tête haute parce qu’en ayant le respect de soi-même, l’ennemi est obligé de vous respecter. » En ce sens, j’ai pensé qu’il était plus efficace de montrer mon film au Forum du documentaire « israélien » pour qu’on n’oublie pas qu’il y a des Palestiniens en Israël.
Dans ce pays, nous sommes refusés, niés, mais nous sommes là. Par exemple, quand les gens demandent si on parle l’hébreu à la maison avec les parents. Ils refusent notre histoire, notre existence, et ils oublient que, quand nous pleurons nos maisons, notre histoire, nos enfants, nous faisons comme n’importe quel Juif russe vivant en Israël qui pleure sa maison en Russie, fait ses déclarations d’amour à sa femme en russe et pas en hébreu. Moi aussi, je déclare mon amour en arabe et non en hébreu.
Propos recueillis par Laura Laufer

publié sur le site de la LCR http://www.lcr-rouge.org/imprimer_article.php3 ?id_article=5056

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mardi, décembre 12, 2006

Terrorisme Sioniste

Beit Hanoun : le désastre témoigne de la sauvagerie de l'armée de l'occupation qui menace de retourner à chaque instant

Beit Hanoun . CPIAprès leur retrait de Beit Hanoun, l'occupation israélienne a redéployé ses forces sur les frontières Est et Nord de la bande de Gaza. Des témoins ont précisé que les chars israéliens se sont dirigés vers la région d'Abou Safiya et se sont concentrés aux alentours de Beit Lahya.
Retour attendu des forces occupantes à tout instant
Les mêmes témoins ont indiqué que de nombreux chars israéliens ne se sont pas encore retirés des sites qu'ils avaient occupé depuis l'envahissement de Beit Hanoun et que plusieurs d'entre eux se concentrent toujours à l'est de Jabalia.En plus, les témoins ont souligné que des centaines de dunums agricoles et des milliers d'arbres ont été dévastés, les réseaux d'eaux, les centrales électriques et d'autres infrastructures ont été détruites par les forces de l'occupation israélienne. Plus de 200 maisons, 30 institutions et magasins commerciaux ont été détruits, ainsi que 100 dunums agricoles ont été dévastés.Dans le même contexte, les occupants sionistes ont détruit vielle mosquée d'Al Nasser" qui a été construite avant 800 ans. Le retrait des forces de l'occupation israélienne de Beit Hanoun est venue après l'opération martyre exécutée par la femme palestinienne, Mervet Massoud contre une unité spéciale sioniste et après qu'un char israélien a été explosé par les résistants palestiniens.Durant les six jours passés, le nombre de martyrs a atteint 60 personnes dont la plupart étaient des femmes et des enfants, ainsi que plus de 250 blessés, dont 40 sont dans un état très sérieux.
Un séisme a frappé notre ville
Le témoin, Abou Samir Al Kafarna a décrit cette agression contre la ville de Beit Hanoun comme un "séisme", car la ville a été complètement détruite. Plus de 50 maisons ont été démolies complètement et les morceaux des corps qui sont tombés en martyre étaient dipersés partout. Les citoyens de Beit Hanoun ont beaucoup souffert pendant les six jour du siège israélien contre leur ville, notamment de la réduction des produits alimentaires nécessaires, et des exigences médicales qui sont importants pour traiter les blessés palestiniens.
De faux arguments
Comme d'habitude l'occupant sioniste cherche des raisons pour justifier ses agressions sauvages contre les villes et les citoyens palestiniens. Cette fois-ci, le lancement des roquettes vers les colonies israéliennes par les résistants palestiniens est présenté comme argument de ces massacres à Beit Hanoun, comme dit le citoyen Mohammed Awad."Les prétextes avancés par les forces de l'occupation israélienne pour commettre de telles destructions contre les maisons et les infrastructures de Beit Hanoun sont irréels car ces maisons n'ont jamais été utilisées pour le lancement de roquettes vers les colonies israéliennes", apporte le citoyen, Abdel Karim Al Hamdine. Hamdine a précisé que le quartier d'Al Nasser, où des affrontements violents se sont déroulés entre les soldats de l'occupation israélienne et les résistants palestiniens a été complètement détruit.
Réparation immédiate des destructions
Après le retrait israélien de Beit Hanoun, la municipalité de la ville a commencé directement, la réparation de toutes les infrastructures, y compris les réseaux d'eaux, les centrales électriques, et les routes détruites par les l'ennemi sioniste.
De nouvelles menaces sionistes
Une source militaire sioniste a mentionné qu'après le succès de cette opération militaire à Beit Hanoun, l'armée israélienne compte la répéter dans d'autres villes palestiniennes au nord de la bande de Gaza. Les médias hébreux ont rapporté selon des sources dans l'armée israélienne que des opérations militaires similaires vont être exécutées contre la ville de Khan Younès et de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

© Déposer 2003 par palestine-info.cc
Nov 11, 2006, 19:09 / Palestine-info
12.12.06 22:38
http://20six.fr/basta/art/3432231

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Le bien-être des enfants va de pair avec celui des femmes

© Unicef HQ95-0980 Shehzad Noorani
Une mère et son enfant, sur le quai de la gare de Dhaka, au Bangladesh.
C’est la conclusion du rapport 2007 sur la situation des enfants dans le monde, publié lundi 11 décembre par l’Unicef et qui porte sur la santé, l’éducation, la lutte contre la violence sexuelle, contre le VIH/sida.
Le rapport Situation des enfants dans le monde 2007 dénonce les injustices dont les femmes sont victimes tout au long de leur vie. Les recensements et récits de naissances révèlent en Asie une proportion anormalement élevée de petits garçons de moins de 5 ans par rapport aux filles du même âge, et de naissances de garçons plutôt que de filles, et ce particulièrement en Inde et en Chine. Cela suggère que des infanticides et des interruptions de grossesse ont lieu en fonction du sexe de l’enfant dans les deux pays les plus peuplés du monde, et ce en dépit des initiatives menées pour éradiquer ces pratiques dans l’un et dans l’autre de ces pays. Plus de 15 millions d’enfants en âge d’être scolarisés en primaire ne suivent pas les cours. Pour 100 garçons qui ne vont pas à l’école, il y a 115 filles dans la même situation. Près d’une fille sur cinq dans le monde en développement n’achève pas son cycle d’études primaires.
Les conséquences de l’éducation sur la santé
Dans le monde en développement, seulement 43% des filles en âge d’être scolarisées dans le secondaire y sont effectivement. Les recherches montrent que les femmes qui ont reçu une éducation ont un moins grand risque de mourir pendant leur(s) accouchement(s) et ont plus de chances d’envoyer leur(s) enfant(s) à l’école. Une étude de l’Unicef sur une série de pays d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Asie du sud et d’Afrique sub-saharienne révèle qu’en moyenne, les enfants dont les mères n’ont pas bénéficié d’éducation ont au moins deux fois plus de risques de ne pas être scolarisés en primaire que les enfants dont les mères ont elles-mêmes été en primaire. Il y a actuellement dans le monde plus de 130 millions de femmes et de filles qui ont été victimes de mutilations génitales. Ces pratiques peuvent avoir de graves conséquences sur leur santé, notamment par de mauvaises cicatrisations augmentant le risque d’infection par le VIH, des complications après l’accouchement, des inflammations, et une incontinence urinaire. Plus les filles sont jeunes pour leur première relation sexuelle, plus le risque que cette relation leur ait été imposée est grand. Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, 150 millions de filles et 73 millions de garçons de moins de 18 ans ont fait l’expérience de relations sexuelles forcées ou d’autres formes de violence physique et sexuelle en 2002. Dans le monde, 36% des femmes âgées de 20 à 24 ans étaient mariées ou en couple avant l’âge de 18 ans, le plus couramment en Afrique sub-saharienne et en Asie du sud, où cette habitude est souvent une ancienne tradition difficile à remettre en question. La précocité des grossesses et des accouchements est l’une des dangereuses conséquences des mariages d’enfants.
Les dangers entraînés par le mariage précoce
14 millions de filles de 15 à 19 ans donnent naissance à un enfant chaque année. Si une mère a moins de 18 ans, le risque pour son bébé de mourir durant la première année est 60% supérieur à celui que court un bébé dont la mère a plus de 19 ans. Les bébés de mères de moins de 18 ans courent plus de risques d’insuffisance pondérale à la naissance, de sous alimentation, et de retards dans leur développement physique et intellectuel. Chaque minute, une femme meurt des suites des complications de sa grossesse, ce qui, rapporté à l’année, représente plus d’un demi million de femmes. 99% des cas de mortalité maternelle concerne le monde en développement, dont plus de 90% en Afrique et en Asie. En 2000, les deux tiers des cas ont concerné les 13 pays les plus pauvres du monde. L’Inde à elle seule en représentait le quart. Une femme sur 16 en Afrique subsaharienne meurt des conséquences de sa grossesse ou de son accouchement, contre 1 sur 4000 dans les pays industrialisés. Les nouveau-nés privés de mères ont entre 3 et 10 fois plus de risques de mourir que ceux dont la mère a survécu.
La discrimination favorise l’infection par le VIH
Dans plusieurs régions d’Afrique et des Caraïbes, les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont six fois plus de risques d’être infectées par le VIH que les hommes du même âge. Cela s’explique en partie par des raisons physiologiques propres à l’appareil génital féminin. Mais la discrimination sociale joue également un rôle, en refusant aux femmes le pouvoir de négociation dont elles ont besoin pour réduire le risque d’infection. Les taux d’analphabétisme élevés parmi les femmes les empêchent d’être informées sur les risques d’infection par le VIH et sur les moyens de se protéger. Une étude menée sur 24 pays d’Afrique sub-saharienne a révélé, chez plus des deux tiers des jeunes femmes, des lacunes dans la connaissance de la transmission du VIH. Les femmes plus âgées peuvent être victimes de discriminations à la fois liées au sexe et à l’âge. Les femmes ont tendance à vivre plus longtemps que les hommes et peuvent ne pas avoir le contrôle des ressources familiales : elles peuvent être déshéritées ou être victimes de lois injustes sur la propriété. Très peu de pays en développement ont des dispositifs satisfaisants pour les personnes âgées.
Publié le 8 décembre 2006 / Unicef

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lundi, décembre 11, 2006

L'amélioration du sort des enfants passe par l'égalité des sexes, estime l'Unicef

Le rapport 2007 du Fonds des Nations unies pour l'enfance, est entièrement consacré cette année à la place des femmes dans le monde au sein de la famille, dans la vie économique ou en politique, et à son incidence sur les enfants. • Olivier Laban-Mattei (AFP/AFP/Archives - lundi 11 décembre 2006, 17h24) http://fr.news.yahoo.com/
PARIS (AFP) - L'amélioration du sort des enfants dans le monde passe par l'élimination des discriminations envers les femmes et par leur accès à l'autonomie, affirme l'Unicef dans son rapport annuel publié lundi, à l'occasion du 60e anniversaire de l'organisation.
"L'égalité des sexes et le bien-être des enfants sont inextricablement liés", écrit Ann Veneman, la directrice de l'Unicef, qui ajoute: "Quand les femmes peuvent disposer de leur vie, les enfants et les familles vont mieux". Le rapport 2007 du Fonds des Nations unies pour l'enfance, est donc entièrement consacré cette année à la place des femmes dans le monde au sein de la famille, dans la vie économique ou en politique, et à son incidence sur les enfants. Aujourd'hui, souligne le rapport, "malgré des avancées", "la vie de millions de filles et de femmes est encore dominée par la discrimination, la dépendance et la pauvreté".
A travers des données portant sur trente pays en voie de développement, le rapport établit pourtant un lien étroit entre le degré de responsabilité des femmes sur les dépenses familiales, leur propre santé, leurs sorties, et le bien-être des enfants.
Dans les familles où les femmes ont le pouvoir de décision, la proportion des ressources consacrées aux enfants est de loin supérieure à celles où les femmes ont un rôle moindre.
Dans seulement un pays sur trois, plus de la moitié des femmes participent aux décisions. Si l'égalité régnait dans le couple, la sous-alimentation des enfants de moins de trois ans en Asie du Sud baisserait par exemple de 13 points, ce qui signifie 13,4 millions d'enfants mieux nourris. En Afrique sub-saharienne, où un tiers des enfants de moins de cinq ans souffrent de mal-nutrition, l'égalité des sexes bénéficierait à 1,7 million d'enfants.
Les enfants gagneraient aussi à une meilleure égalité dans le travail. Aujourd'hui, un plus grand nombre de femmes ont accès au travail dans le monde, mais n'ont pas acquis les droits qui l'accompagne.
Elles ont des journées de travail plus longues que les hommes (1H de plus en Inde, 2H25 au Bénin notamment), et le travail rémunérateur n'a pas fait baisser leur part de travail domestique. Leurs salaires sont moindres, en moyenne 20% de moins que ceux des hommes.
Enfin, alors que l'engagement politique des femmes a un impact positif sur la situation des enfants, les femmes représentent un peu moins de 17% de toutes les assemblées parlementaires dans le monde.
Le rapport fait plusieurs recommandations pour lutter contre les discriminations sexistes. Il plaide notamment pour la gratuité de l'école. Alors que près d'une fille sur cinq entrant à l'école primaire dans les pays en voie de développement ne finit pas ce cycle, les études montrent que des femmes éduquées meurent moins en couches et envoient plus souvent leurs enfants à l'école, rappelle-t-il.
Il recommande de réformer le droit de propriété et d'héritage, et en politique, se prononce en faveur des quotas, soulignant que, parmi les 20 pays qui ont le plus grand nombre de femmes députées, 17 ont adopté un dispositif de quota.
Lutter contre l'inégalité homme/femme, troisième des "objectifs du Millénaire" (OMD) fixés par l'ONU, permettra, souligne l'Unicef, d'atteindre les autres buts : faire disparaître l'extrême pauvreté, développer l'éducation, combattre les grandes épidémies et défendre l'environnement.
11.12.06 21:51

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dimanche, décembre 10, 2006

la crise de l’impérialisme


Le rapport du Groupe d’étude sur l’Irak souligne la crise de l’impérialisme américain en Irak et aux Etats-Unis
par Le Comité éditorial (WSWS)
Mondialisation.ca, Le 8 decembre 2006
WSWS

Le rapport du Groupe d’étude sur l’Irak (GEI) publié mercredi souligne l’immensité de la crise non seulement pour l’administration Bush, mais pour l’establishment politique américain dans son ensemble. Tant le contenu du rapport et que l’attention extraordinaire que lui ont donnée les médias démontrent que la débâcle américaine en Irak a produit une crise de proportion historique au sein des Etats-Unis eux-mêmes. Le rapport brosse un tableau lugubre et implacable des conditions en Irak.
Le sommaire du rapport débute ainsi : « La situation en Irak est grave et ne cesse de se détériorer. » Le rapport continue ensuite en avertissant que l’influence américaine s’affaiblit que « le temps commence à manquer ».
Contrairement aux déclarations de la Maison-Blanche qui parle de « progrès » vers le « succès », le régime mis en place par les Etats-Unis à Bagdad se désintègre. Les conflits sectaires entre les sunnites et les chiites augmentent et « l'effondrement du gouvernement irakien et une catastrophe humanitaire », avertit le rapport.
L’occupation militaire américaine confronte une opposition populaire qui croit rapidement, avec environ 180 attaques armées par jour en moyenne durant le mois d’octobre 2006, par rapport à environ 70 par jour en janvier 2006. (Soulignant la montée de la violence, dix soldats américains ont été tués mercredi, le jour où le rapport fut publié, ce qui amène le total des soldats morts à 2918 depuis que les Etats-Unis ont envahi l’Irak en mars 2003.)
Le rapport du GEI admet que l’insurrection anti-américaine est en grande partie d’origine irakienne : « Elle bénéficie de la connaissance de l’infrastructure irakienne de ses participants et ses armes et son financement proviennent en premier lieu de l’Irak même. Les insurgés ont différents objectifs, même si presque tous sont opposés à la présence de l’armée américaine en Irak. »
Les conditions de vie du peuple irakien sont horrifiantes. Selon le rapport, « Le gouvernement irakien ne fournit pas dans les faits les services de base à son peuple : électricité, eau potable, égouts, soins médicaux et éducation. Dans plusieurs secteurs, la production est sous ou est proche des niveaux d’avant la guerre. » Le rapport attribue l’échec à la violence, la corruption, le conflit sectaire, la faiblesse économique héritée du blocus de l’Irak par les Etats-Unis avant la guerre ainsi qu’à l’effondrement des cours, du système financier et d’autres institutions civiles.
Fuyant ces conditions, jusqu’à 1,8 million d’Irakiens ont trouvé refuge dans les Etats voisins, alors que 1,6 million sont déplacés au sein du pays lui-même, signale le rapport, même s’il reste silencieux sur le nombre de morts irakiennes, estimé à 655 000 dans une étude menée par l’école de santé publique de l’Université Johns Hopkins.
Le coût pour les Etats-Unis a aussi été colossal : près de 3000 soldats sont morts, presque 20 000 blessés, beaucoup d’entre eux sérieusement mutilés ou psychologiquement traumatisés. 400 milliards $ ont été dilapidés pour tenter de faire un protectorat américain de l’Irak.
Les membres du panel ont exprimé à plusieurs occasions leurs préoccupations que la débâcle en Irak déstabilisait les Etats-Unis politiquement, alimentait les sentiments antiguerre contre l’administration Bush et de plus en plus contre toute l’élite dirigeante.
La prolongation des problèmes en Irak pourrait mener à une plus grande polarisation au sein des Etats-Unis, dit le rapport. Soixante-six pour cent des Américains désapprouvent la façon dont le gouvernement mène la guerre et plus de 60 pour cent croient qu’il n’y a pas de plan clair pour aller de l’avant. Les élections de novembre ont largement été perçues comme un référendum sur le progrès en Irak. »
Les démocrates membres du GEI ont particulièrement insisté sur l’impact intérieur de la guerre. Dans la presse de conférence tenue après la publication du rapport et dans les entrevues aux médias qui ont suivies, le coprésident démocrate, l’ancien congressiste Lee Hamilton, a déclaré que les Etats-Unis faisaient face à un défi quant à sa stabilité politique comparable aux divisions sur le VietNam dans les années 1960 et 1970 et même à la Guerre civile de 1861-65.
Les divisions sur la guerre — avant tout les divisions au sein de l’establishment politique à Washington et les masses du peuple américain — ont atteint le point où le pays pourrait bientôt devenir ingouvernable, a-t-il avertit. Pour empêcher un tel développement, a dit Hamilton ainsi que les autres démocrates et républicains de la commission, il était nécessaire d’arriver à un consensus bipartisan sur l’Irak et d’abandonner le chacun-pour-soi de l’administration Bush.
Les membres de la commission sont clairement préoccupés que sans un changement important — ou au moins l’apparence d’un tel changement — l’opposition profonde, mais largement latente, à la guerre au sein des Etats-Unis puisse prendre une forme politique radicale et explosive, comme cela s’était produit lors de la guerre du VietNam.
Un tel développement aurait de nos jours des conséquences encore plus profondes au sein des Etats-Unis et du monde, parce les tensions sociales et économiques au sein des Etats-Unis sont beaucoup plus développées et que la position des Etats-Unis dans l’économie mondiale est beaucoup plus précaire que la situation qu’ils connaissaient dans les années 1960. Le système financier américain montre déjà des signes d’effilochage avec le prix des maisons, la construction de nouvelles maisons et la demande pour des biens durables qui diminuent beaucoup et avec l’explosion des faillites personnelles et de reprises de maison. La chute importante du dollar sur les marchés de change internationaux est un indicateur parlant de la crise économique américaine et de l’instabilité financière mondiale.
L’évaluation sombre de la situation en Irak et les terribles implications pour l’impérialisme américain tant à l’étranger qu’à l’intérieur confirme le pronostic que le World Socialist Web Site et le Parti de l’égalité socialiste avaient fait de l’invasion américaine de l’Irak quelques heures après le début de l’attaque américaine. Le 21 mars 2003, le WSWS a publié une déclaration de David North, le président du comité éditorial du WSWS et secrétaire national du PES, qui déclarait :
« Quel que soit le résultat du stade initial du conflit qui a commencé, l'impérialisme américain a pris un rendez-vous avec le désastre. Il ne peut conquérir le monde. Il ne peut réimposer des chaînes coloniales aux masses du Moyen-Orient. Il ne trouvera pas dans la guerre une solution viable à ses maladies internes. Au contraire, les difficultés imprévues et la résistance montante engendrées par la guerre vont intensifier toutes les contradictions internes de la société américaine. »
Le rapport du Groupe d’étude sur l’Irak propose une série d’initiatives tactiques que devraient prendre la Maison-Blanche et le Congrès afin de sauver quelque chose pour l’impérialisme américain de l’échec de son aventure militaire en Irak. Ces mesures sont essentiellement politiques et diplomatiques : entreprendre des pourparlers avec la Syrie et l’Iran, les deux pays voisins ayant le plus d’influence sur l’Irak; relancer le processus diplomatique dans le conflit israélo-palestinien; et faire pression sur les divers groupes politiques ethniques et sectaires en Irak par en arriver à une « réconciliation nationale ».
L’accent mis par l’administration Bush sur une solution purement militaire, qui a été l’élément central de ses efforts des quatre dernières années, est explicitement rejeté. « Il n’y a rien que peut entreprendre l’armée américaine qui, en soi, pourrait apporter la victoire en Irak », déclare le rapport, s’opposant à toute augmentation considérable de la présence militaire américaine.
Au contraire, le Groupe d’étude sur l’Irak appelle à une réduction du rôle de l’armée des États-Unis et au retrait de la majorité des troupes combattantes d’ici 2008. Il demande en même temps que soit augmenté le nombre de soldats américains impliqués dans l’entraînement des forces irakiennes et que demeurent indéfiniment dans le pays des dizaines de milliers de soldats américains.
Le comité est arrivé à la conclusion que la majorité des forces combattant en première ligne devaient être graduellement retirées d’Irak, car « le maintien de l’engagement des forces terrestres américaines au niveau actuel en Irak ne laisserait aucune réserve disponible pour répondre à d’autres imprévus ».
Selon le rapport, les États-Unis devraient « fournir un appui politique, économique et militaire supplémentaire en Afghanistan, y compris les ressources qui pourraient se libérer lors du retrait des forces combattantes de l’Irak ». Outre l’Afghanistan, on pourrait avoir besoin des troupes américaines « pour d’autres éventualités de sécurité, comme celles concernant l’Iran et la Corée du Nord ».
Le rapport ne fait aucune évaluation des causes ou des possibles responsables de cette catastrophe. Les dix membres du Groupe d’étude sur l’Irak, cinq démocrates et cinq républicains, tous ayant servi durant des décennies l’État américain, la grande entreprise et le système biparti, se sont volontairement abstenus d’entreprendre une telle analyse, qui ferait porter le blâme aux plus hauts décideurs de l’administration Bush.
Plutôt, le comité a blanchi les bellicistes, déclarant : « Nous sommes d’accord avec l’objectif de la politique américaine en Irak telle qu’élaborée par le président », ajoutant que « l’Irak est vital pour la stabilité régionale et même mondiale, et est crucial pour les intérêts des États-Unis ».
Il est cependant remarquable que le Groupe d’étude sur l’Irak ne fasse aucune référence aux véritables raisons données par l’administration Bush juste avant la guerre. Il n’est fait nulle part mention dans le rapport d’armes de destruction massive, de la « guerre au terrorisme », et il est fait mention à une seule occasion de la démocratie (contrairement aux dizaines de fois où est mentionnée la « stabilité » comme objectif de la politique américaine).
Le rapport admet toutefois que l’un des principaux intérêts des États-Unis est l’industrie pétrolière de l’Irak, à laquelle il consacre une section complète, et il inclut les recommandations que « le gouvernement américain devrait fournir une assistance technique au gouvernement irakien pour préparer un projet de loi sur le pétrole qui... établirait un cadre fiscal et légal permettant l’investissement ».
Une autre recommandation est : « Les États-Unis devraient encourager l’investissement dans le secteur pétrolier de l’Irak par la communauté internationale et les compagnies internationales d’énergie. Les États-Unis devraient assister les dirigeants irakiens pour réorganiser l’industrie pétrolière nationale en une entreprise commerciale » — c’est-à-dire, la privatisation et la vente des vastes réserves pétrolières de l’Irak, les deuxièmes en importance dans le monde, au profit des multinationales.
La dernière recommandation est d’inclure les coûts de la guerre dans le budget annuel, débutant avec l’année fiscale à venir, pour lequel Bush doit soumettre une proposition au début février. « Les coûts de la guerre en Irak devraient être inclus dans la demande budgétaire annuelle du président, débutant avec l’année fiscale 2008 : la guerre en est à sa quatrième année et le processus budgétaire normal ne devrait pas être contourné », note le rapport.
Malgré le ton impératif employé pour demander au Congrès d’assumer « ses responsabilités constitutionnelles », plus précisément la supervision des dépenses, cette recommandation ne vise pas à restreindre un pouvoir exécutif sans borne. L’administration Bush a utilisé la procédure d’appropriation d’urgence pour dépenser dans la guerre en Irak et en Afghanistan afin d’éviter d’avoir à demander des coupures dans les dépenses domestiques qui seraient directement liées au coût de la guerre. La proposition du GEI va mener directement à des coupures immédiates et draconiennes dans les dépenses sociales
La Maison-Blanche a reçu la publication du rapport du GEI en promettant d’examiner ces recommandations et d’y répondre dans quelques semaines sans s’engager à quoi que ce soit d’autre. Les plus ardents défenseurs de l’escalade militaire en Irak, tel que le sénateur républicain John McCain et le sénateur démocrate Joseph Lieberman, ont sévèrement dénoncé le rapport.
La direction démocrate au Sénat a, de manière générale, salué le rapport, et sa publication a été suivie dans les heures qui suivaient par un vote au Sénat de 95-2 approuvant la nomination de l’ancien directeur de la CIA Robert Gates en tant que secrétaire à la Défense, en remplacement de Donald Rumsfeld. Ce vote a eu lieu une journée seulement après que Gates eut publiquement rejeté, lors de son témoignage devant le Comité sénatorial des forces armées, tout retrait significatif de troupes américaines de l’Irak. (Les deux votes « non » viennent de deux droitistes républicains qui s’opposaient à Gates parce qu’il a, dans le passé, appuyé l’établissement d’un dialogue direct entre les Etats-Unis et l’Iran.)

L’adoption par les démocrates d’un rapport qui appelle pour la poursuite indéfinie de l’occupation militaire américaine en Irak, illustre le mépris du parti pour les millions de personnes qui ont exprimé leur opposition à la guerre par leur vote le 7 novembre dernier. Cela souligne encore une fois que le Parti démocrate est un parti de l’élite dirigeante, dédié à la défense des intérêts de l’impérialisme américain.
Les protestations et l’application de pression appliquée au Parti démocrate ne peuvent pas transformer ce parti de la grande entreprise en véhicule d’opposition à la guerre. La lutte contre la guerre impérialiste requiert la construction d’un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière opposé à l’aristocratie financière américaine et ses deux partis.
Le Parti de l’égalité socialiste est le seul parti qui lutte pour construire un mouvement de masse de la classe ouvrière contre le système politique et social existant.
Nous demandons le retrait immédiat de toutes les forces militaires américaines et des autres forces militaires étrangères de l’Irak et de l’Afghanistan et le rejet de toute la prémisse de la politique étrangère américaine : la défense des profits globaux des corporations américaines. Nous demandons de plus que des mesures soient prises pour tenir criminellement redevable tous ceux qui sont responsable des crimes historiques commis contre le peuple irakien dans l’invasion illégale américaine et l’occupation, incluant Bush, Cheney, Rumsfeld, Rice et le reste de la cabale de guerre de l’administration et leurs complices au sein de la direction du Parti démocrate et les conglomérats médiatiques qui ont servi de relais pour la propagande et les mensonges du gouvernement.
Article original anglais publié le 7 décembre 2006, WSWS.
10.12.06 22:33

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